mardi 5 juillet 2011

Le beau temps ne dure pas éternellement... (4) Une angoise inavouable...

SUITE 3

Hormis ces conversations crispantes entre Maman et Mamie sur les exploits de moi et mes soeurs, nous étions bien dans le parc et, mes soeurs jouant calmement, le moment se prolongea.
Tranquille dans mon coin, fatiguée d'une semaine de travail, et d'une nuit qui n'avait pas été vraiment réparatrice, de par la faute de mon stress, je fermai les yeux allongée dans l'herbe. J'ai dû même dormir une petite demi-heure, avant de me réveiller en sursaut, la mine apeurée, et poussant un petit cri.
Maman se retourna et me demanda : "Qu'est-ce qu'il y a Christine ? Tu as été piquée ? Ou tu fais un cauchemar ?"
Je ne répondis pas, rouvrant grand mes yeux et cherchant à m'ôter de la tête une vision de cauchemar... C'est vrai que je venais de faire un mauvais rêve, et m'étais réveillée en sursaut alors que je me voyais allongée sur les genoux maternels, culotte baissée, la main de Maman claquant ma lune rosissante...




Heureusement, ce n'était qu'un mauvais rêve, mais il avait été entretenu par les mots de Maman tout à l'heure. Je m'en rappelais la moindre virgule : "Ma grande a toutes les qualités du monde quand elle le veut bien... Sauf que le naturel revient vite au galop et qu'il faut savoir réagir.  Et Christine sait bien ce que je veux dire..."
Oh, que oui, que je le savais... Et que je le craignais pour les heures à venir...



De fait, ma trouille venait de la veille. J'étais allée faire les courses avec Maman en ville, et nous avions acheté des corbeilles dans un bazar. Près de la caisse, j'avais vu des feutres à encre permanente et convaincu Maman d'en acheter un noir et un rouge, afin de marquer des affaires de sport et aussi des cassettes audio.
J'avais pris les marqueurs et les avais mis dans ma poche de short, malgré les recommandations de Maman de faire attention, car "comme taches, c'est mortel".
Mais, jouant la grande, j'avais promis de faire attention et de m'en servir prudemment.
Rentrée à la maison, vendredi soir, je m'étais mise à effectuer mes marquages, gardant ensuite les feutres bien en poche, pour ne pas que mes soeurs me les prennent...



Après le diner, je m'étais mise en pyjama, laissant trainer par terre mes habits du jour, avec la consigne de les mettre au sale ensuite. Mais, allant et venant en chaussons dans ma chambre, j'ai marché par inadvertance sur mon short, provoquant un "crac" qui n'était pas de bon augure. Le feutre rouge était brisé et mon short affichait une belle auréole foncée, mélange du bleu du tissu et du rouge de l'encre.
N'ayant pas envie d'avouer cette petite gaffe à Maman, j'ai vite ramassé mes habits du jour et mis le tout dans la panière à linge, imaginant que l'on pourrait croire que le feutre se serait brisé dans la machine...
Hésitant à laisser cela ainsi ou à retirer le stylo, je me retournais dans mon lit en n'étant pas tranquille. Me relevant, alors que les petites dormaient, pour aller boire un peu d'eau, j'ai regardé à nouveau le fruit de mes exploits.
Et, là, je n'ai plus ri du tout, si tant est que la situation aurait pu me faire sourire, ce qui n'était pas le cas...
Le feutre toujours dans la poche du short bleu tout taché avait continué à couler. Et il avait souillé plusieurs pièces du linge entassé dans la panière...
Il y avait un fond de robe en soie de Maman qui était rougi sur vingt centimètres, une paire de socquettes d'Aline et, bien plus grave encore, le haut de mon survêtement blanc presque tout neuf qui était largement taché, la matière ayant servi d'éponge en quelque sorte.
Bref, ma bêtise initiale s'était muée en catastrophe, et si l'encre était aussi indélébile que Maman le prétendait, tout était irrécupérable...
J'ai replacé le tout bien au fond du panier à linge sale, me disant que Maman ne faisant guère de machine le week-end, j'allais gagner du temps et pouvoir essayer de trouver une explication, mais j'imaginais déjà que ce serait mission impossible...



Vous comprenez donc pourquoi ce dimanche passé chez Mamie et cette journée loin de la maison et de la machine à laver était comme un sas avant une explication qui me pendait au nez.
Une explication qui, mon cauchemar en témoignait, avait déjà dans mon esprit une forme bien déterminée, et tant redoutée...
Après deux bonnes heures passées au parc et avant l'heure du diner, nous avons quitté Mamie pour rentrer à la maison. Nous étions dimanche soir, il fallait se coucher tôt pour l'école du lendemain, et dès le dîner avalé Maman nous fit vite mettre en pyjama. Elle vint ensuite dans nos chambres, sortit les affaires que nous allions mettre lundi matin, récupéra nos vêtements du jour pour les mettre au sale, faisant monter le tas dans la panière posée dans un coin de la salle de bain.
"Avec tout cela, j'aurai bien trois tournées de machine à faire demain... Et autant de repassage ensuite... Ah, je vais avoir de quoi m'occuper", commenta Maman alors que j'étais en train de me brosser les dents.
J'ai eu la tentation de profiter du moment pour avouer ce que j'avais fait, et je balbutiai un "Maman", un rien plaintif. Son, "Qu'est-ce qu'il y a encore ?" me fit peur. Cela n'était pas le moment, du moins en jugeai-je ainsi. Même si, devant mon silence, Maman sortit de la salle de bain en commentant à voix haute. "Oh, je ne sais pas ce que tu mijotes, Christine, mais je n'aime pas quand je te sens comme ça, pas dans ton assiette. J'espère vraiment pour toi que tu ne me prépares un mauvais tour... Sinon, ça va aller mal, ma fille..."
J'étais verte. Une fois de plus, elle sentait que je lui cachais quelque chose... Et je comprenais que je m'enferrais dans une attitude qui n'arrangeait rien...
En sortant à mon tour de la salle de bain, j'ai croisé le regard de mes soeurs qui se retenaient de pouffer de rire ouvertement. Elles sentaient que leur grande soeur filait un mauvais coton et, comme cela faisait longtemps qu'elles n'avaient plus eu d'épisodes claquants à guetter, Aline et Diane bichaient intérieurement...
Heureusement que l'heure était de dormir, que Maman vint vite éteindre, sans que j'ose profiter de l'instant pour libérer ma conscience. Je me disais qu'au point où j'en étais, mieux valait attendre qu'elle ne découvre elle-même le fruit de mes exploits...
Ce dimanche soir-là, comme la veille, mon sommeil fut agité. J'avais hâte de quitter la maison pour aller au collège, histoire de ne pas être là quand Maman s'occuperait du linge. Pour essayer de me changer d'idées aussi. Mais, cette histoire qui me minait depuis vendredi soir me siscitait des réflexions diverses et contradictoires.
J'étais toujours persuadée que gagner du temps était positif, mais je me disais aussi que j'avais été idiote. Si j'avais appelé Maman au moment où j'avais seulement taché mon short, j'aurais certainement pris une gifle, voire une fessée expresse sur le coup de la colère, sur l'idée de "Ah, je t'avais bien prévenue, etc."
Mais, mon vieux réflexe de cacher, de mentir pour gagner du temps, m'avait amené à tout faire empirer. Le short foutu, ce n'était pas un drame, les socquettes non plus, mais le fond de robe en soie de Maman et mon survêtement blanc en prime, là c'était une perte importante, une bêtise de gamine devenue une énorme boulette...
Ajoutez à cela les réflexions maternelles, les demi-menaces des dernières heures, et je prenais conscience que mon avenir passait par les genoux maternels...
Allait-elle faire ses lessives lundi matin, ou l'après-midi ? C'était la seule incertitude pour moi. Découvrirait-elle la catastrophe avant le déjeuner ou après ? Mais, je savais bien que ce lundi 23 mai se profilait très mal pour moi.
J'imaginais même mes copines me parler de leur soirée à venir. "Tiens, moi, je vais regarder le film sur le deuxième chaîne, Maman voudra bien si j'ai fini mes devoirs", dirait peut-être Anne. Et Laure de renchérir : "Moi, j'ai ma rédac à faire. J'ai pas pu travailler ce week-end, alors je la ferai ce soir".
Et puis, peut-être que Marie-Laure dirait : "Ah, bah, moi, vous savez, c'est comme tous les lundis, moi j'ai gymnastique. Et toi, Christine ?"
J'espérais déjà que ce genre de dialogue n'aurait pas lieu, sinon je devrais cacher mon trouble, jouer les innocentes, faire comme si de rien n'était, alors que dans le plus profond de mon for intérieur, je savais ce qui m'attendait. Mais, j'étais bien sûr trop fière, trop pudique, trop secrète pour partager mes angoisses. Je ne me voyais pas dire à Anne : "La télé, tu rêves. Avec ce que Maman va me mettre, ce sera au lit direct..."
Ni répondre à Marie-Laure : "Ah, toi tu as gym ? Euh, moi, ce soir, c'est fessée !!!"

A SUIVRE

11 commentaires:

  1. Rassurez-vous Christine, je continue à vous lire avec intérêt, mais les aléas d'un déménagement m'empêchent actuellement de commenter vos textes avec l'exhaustivité qu'ils mériteraient. (Je trouve d'ailleurs dommage que votre lectorat n'ait pas été plus prompt et prolixe à vous répliquer, car vos récits demeurent toujours autant dignes d'éloges.)
    De même, comme je n'aime pas bâcler mes commentaires, il me faut un certain temps pour les peaufiner, et comme le temps vient à me manquer... Je me contenterai donc aujourd'hui d'une annotation plutôt succincte, en vous promettant dans le courant du mois l'une de ces sommes par lesquelles vous me connaissez.
    La voilà donc révélée, cette bêtise qui taraude notre malheureuse héroïne. Ah la la, incorrigible Christine, nous la reconnaissons bien, toujours aussi attachante, mais toujours aussi écervelée.
    Ecervelée dans sa propension à "jouer les grandes" et à n'en faire qu'à sa tête au lieu d'écouter les sages conseils de sa maman. Ecervelée dans son manque de franchise et sa tendance à masquer sa faute plutôt que de l'avouer, ce qui n'a pour seul résultat que d'aggraver singulièrement son cas. (La robe en soie de maman tâchée, ciel !) Ecervelée enfin dans son inconséquence et son impossibilité d'avouer sa faute.
    Je suppose donc qu'une fois encore la morale sera sauve, et que Christine va recevoir une fessée d'anthologie qui lui apprendra à toujours écouter sa maman et ne pas chercher à dissimuler ses bêtises.
    J'ai particulièrement apprécié la conversation fictive par laquelle se clôt ce chapitre. Nous apprenons le nom d'autres amies de Christine, qui nous rappelle que sa pudeur et sa fierté l'empêcheront de leur avouer quoi que ce soit, de prononcer une réplique du genre : "Moi ce soir, c'est fessée !"

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  2. Merci Mardohl de ces encouragements. Ils me font plaisir, c'est vrai, car parfois j'ai l'impression de n'écrire que pour des profiteurs (ses) ou des ingrat(e)s. Je sais qu'il y a du trafic, des gens qui me lisent, mais beaucoup n'écrivent rien. Du moins rien de constructif ou dans le ton de ce blog.
    Merci donc doublement à vous. Je me doutais d'ailleurs que ce bout de dialogue "Moi, ce soir, j'ai fessée" vous amuserait.
    A bientôt de vous lire. Mais, bien sûr, ne vous forcez jamais. Le principe même de ces échanges doit être la liberté.

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  3. Après avoir loué le réalisme de vos récits, je vais à présent aborder le revers de la médaille (c'est-à-dire la tendance inverse et absolument pas le mauvais côté, ne percevez pas ce terme dans une acception péjorative) : à savoir la dimension fantasmée, irréelle. Car oui Christine, si vous êtes une magicienne de la plume animant tout un monde, et quand bien même vous jouissez du talent de nous y faire croire, ce monde n’en est pas moins rêvé, ne le niez pas. Je détaillerai notamment trois aspects qui nous rappellent que nous sommes davantage dans la romance que dans le souvenir.

    I. No man’s land. Ainsi, vous ne nierez pas que vos personnages sont exclusivement féminins, et que vous bannissez toute figure masculine. Nous nous trouvons dans une véritable « cité des femmes », un gynécée, un harem, bref un sérail recrachant impitoyablement tout élément mâle. (Exception notable – et selon moi confirmant la règle – du petit Yann avec lequel Diane s’est crêpé le chignon à la piscine. Seuls les garçons en bas âge sont admis dans cette « consœurie », ce qui me fait penser à un propos tenu par le chanteur suisse Sarcloret, qui se souvenait avoir accompagné sa mère au vestiaire des dames « jusqu’à l’âge de s’en faire sortir ».) Christine a une mère, pas de père (j’y reviendrai), des sœurs, pas de frères, une tante, pas d’oncle, des grands-mamans, pas de grands-papas, des copines, pas de copains, qui ont elles-mêmes des mères, pas de pères, des voisines, pas de voisins et que sais-je encore ? Même les personnages secondaires, comme les professeurs, appartiennent au beau sexe. Cette déficience totale de la gent masculine amène immanquablement des questions.
    Par induction, il me semble que cette sélection dans le choix des personnages participe, fondamentalement, de l’absence totale (et flagrante) de la figure paternelle. Il n’en est jamais fait allusion, même indirectement, et cet effacement me paraît trop systématique pour que vous puissiez le justifier par des raisons réalistes. Sans vouloir verser dans la psychanalyse textuelle à deux balles, il serait intéressant, Christine, de se pencher sur la relation exacte que vous avez entretenu avec votre papa. Pour ma part, qu’importe, car puisque votre lectorat, lui, jouit de la mixité, je me délecte comme un voyeur de ces incursions que vous nous proposez au royaume des Amazones !

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  4. II. Distorsion temporelle. L’un des ressorts dramatiques de votre blog tient à l’ambiguïté entretenue sur l’âge de Christine, déjà grande pour bénéficier de privilèges et de responsabilités par rapport à ses sœurs, mais encore assez petite pour recevoir la fessée comme une gamine, ce qui en accentue la dimension mortifiante et infantilisante.
    Or, comment délimiter cette tranche d’âge, cet « entre deux » rendant le contexte si croustillant ? A partir de quel âge notre narratrice s’est sentie « trop grande » pour la fessée et à partir de quel autre âge a-t-elle effectivement cessé d’en recevoir ? Ces deux bornes temporelles dégagent un intervalle durant lequel Christine ressentait cruellement un décalage entre son opinion et les convictions maternelles, mais comment les fixer exactement ? Vous demeurez assez évasive sur ce point et les photos, nous donnant à voir davantage des adolescentes (du moins présentées comme telles) que des fillettes, entretiennent cette équivoque. (Vous remarquerez d’ailleurs que, trompé par les images, j’ai souvent « vieilli » la narratrice, en l’estimant par exemple au lycée plutôt qu’au collège.)
    Mais s’il fallait articuler des chiffres, je dirai que dans l’ensemble de vos histoires, Christine, pré-adolescente, a soufflé entre 12 et 14 bougies.
    Or, avez-vous dénombré le nombre de fessées narrées sur ce laps de temps ? Je n’en ai pas fait le décompte, mais elles paraissent bien trop nombreuses pour avoir été raisonnablement administrées sur une période aussi courte. A cent fessées, on en sera quasiment à une par semaine, ce qui ne cadre pas avec les périodes de répit (de parfois plusieurs semaines) avouées par l’héroïne. Et puis autant de bêtises en deux ans, ça ne colle pas non plus ! On pourra vous qualifier (mais c’est pour notre plaisir) de tendance à l’hyperbolisme, d’amplification et de démultiplication de ces épisodes claquants dans la biographie fictive de Christine.
    (Je vous en blâme d’autant moins que d’autres auteurs se permettent le même genre de distorsion. Prenez la série « Les Tuniques Bleues » qui prend pour cadre la Guerre de Sécession et qui compte pour l’heure 54 albums alors que cette guerre a duré moins de 4 ans. Cela signifie que le sergent Chesterfield et le caporal Blutch ont vécu environ une aventure par mois.)

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  5. III. Elle ne s’y fait pas. Un autre leitmotiv par lequel vous savez faire monter sauce et pression : la crainte toujours renouvelée de Christine face à la fessée. Or à force, il paraît peu probable que cette peur panique ne s’émousse pas. Les personnes qui ont réellement subi (ou usé d’) une éducation ayant recours aux châtiments corporels, admettent que, trop régulièrement appliquée, la fessée fait progressivement l’objet d’une banalisation. Ce n’est pas le cas de notre héroïne, qui appréhende chaque fessée avec la même frayeur. Frayeur qui ne l’empêche pas pour autant de recommencer ses frasques, comme si, ses fesses redevenues blanches ne pouvaient imprimer au cerveau l’image calmante et angoissante de leur version pivoine. Ma foi, là encore ce n’est que pour notre bonheur. Puisse Christine recommencer encore et encore ses bêtises, puissions-nous longtemps encore compatir aux tourments, même mérités, de notre espiègle collégienne, puissions-nous lire avec régularité le récit de ses fessées.

    Voilà, j’en ai terminé avec l’axe « onirique » de votre blog, qui se conjugue avec bonheur à son axe « réaliste ». Je me réjouis de lire le dénouement de l’aventure en cours.

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  6. Bonjour Christine,

    je suis depuis pas mal de temps vos aventures et je tenais à vous remercier pour la fraicheur et le réalisme de vos récits ainsi que le choix toujours à propos de vos illustrations.
    Un réel bonheur à chaque fois de vous lire
    Nicolas

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  7. Oui, Mardohl, vous avez sûrement raison, et je ferais peut-être la fortune d'un psychanalyste qui voudrait tout expliquer.
    Pourtant, dans ce que vous soulignez comme distorsions avec la réalité, comme invraisemblances, il y a des choix que j'ai fait dès le début de mes récits et que j'ai même intensifié avec le temps.
    Mon histoire est fondée sur mon vécu et sur les rapports entre moi, ma mère, mes deux soeurs, et la jeune soeur de maman.
    Effectivement, j'ai un père, j'ai eu des oncles, des grand-pères, des profs masculins, et même des voisins.
    Sauf que, pour moi, leur importance est mineure, et que mon vécu a un cadre avant tout féminin.
    Papa existe oui, mais il était ingénieur dans les travaux publics nationaux et internationaux, et en déplacement la plupart du temps en semaine, voire en mission à l'étranger. Et, lorsqu'il était là, il ne s'intéressait guère aux problèmes et Maman se faisait une fierté de montrer que tout roulait.
    Et s'il nous a parfois grondées, c'était du rapide, sec, et sans discussion.
    Maman a assumé seule un maximum. Cela ne lui a pas forcément apporté le bonheur. D'ailleurs, dès que les trois filles ont quitté le domicile familial, mon cher père a trouvé une jeunette et divorcé. Cela ne m'incite guère à le re-visualiser dans mes histoires.

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  8. Merci de ne pas rebondir sur ces dernières confidences. Les analyses sur la question ne me passionnent pas. Et, ne cherchez pas de traumatisme partout. Quand ils étaient ensemble, mes parents "fonctionnaient" bien je crois. Nous n'avons jamais connu de disputes véritables entre eux, c'est plus le face à face ensuite, une fois les filles parties, qui a été un déclencheur.
    Ce que je veux dire aussi et sur lequel je ne transige plus, c'est que je ne veux pas mélanger les genres. Chaque fois que j'évoque une pérsence masculine, un témoin, un acteur, je réveille les commentaires salaces de gens qui ne s'intéressent qu'à savoir s'il n'y avait pas une "bosse" sous la ceinture de je ne sais quel acteur ou témoin.
    Qu'ils aillent chercher leur excitation sur d'autres blogs. Je ne veux pas l'alimenter.
    Vous me direz que je choisis des illustrations qui ne correspondent pas à des images de gosses. Mais, là aussi, je ne veux pas cautionner la moindre dérive de quelque chose qui me rend malade, rine qu'à imaginer que ce genre de perversion existe.
    Donc je choisis des images plutôt d'adultes et éloigne nombre de malades.

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  9. Distorsion temporelle, dit Mardohl aussi.
    Cette suite de récit ne se veut pas chronologique. Et quand j'évoque une série, c'est pour illustrer un souvenir, une sensation que, parfois il y avait des épisodes rapprochés ou à répétition, parfois des longs calmes.
    Je situe plus facilement les récits dans la période collège, parce que c'est dans cette période que j'ai ressenti des sentiments plus développés, plus fins qu'avant.
    Mais, globalement, nous sommes sur un tenps bien plus large.
    Je croyais l'avoir déjà dit, mais je re-précise les grandes lignes.
    J'ai été l'ainée, seule jusqu'à presque 4 ans, Aline arrivant pour mes 3 ans et 9 mois, puis Diane pour mes 5 ans et 2 mois, et donc avec 17 mois d'écart entre les petites.
    Cela veut dire les quatre premières et essentielles années de la vie en princesse unique, choyée, élevée dans la droiture, mais brillant aux yeux de la famille.
    Puis les deux petites, quasiment coup sur coup, m'ont donné un rôle d'ainée. Et, je devais jouer la grande, ce que je faisais bien, le plus souvent, flattée et encouragée à montrer que j'étais le modèle, mais aussi ramenée de suite à sa condition de gamine parmi d'autres quand je me re-comportais comme telle.
    Cela veut dire que les choses sérieuses ont débuté quand la dernière, Diane, a commencé à galoper. Avec trois enfants à gérer, la donne était différente et le rôle maternel forcément plus rigoureux.
    J'avais donc entre 6 et 7 ans quand le régime fessée s'est vraiment instauré, ou du moins quand arrivant presque à ce que l'on appelait l'âge de raison (7 ans), j'ai commencé à recevoir des fessées qui se voulaient éducatrices, réfléchies, je dirais, et plus les quelques tapes éclair sur le coup d'une bêtise.
    Les dernières, je les ai reçues, en fin de collège. En troisième, à 14 ans, et j'ai eu même quelques menaces orales précises lors de ma Seconde, qui ont fait que je me suis encore sentie comme vulnérable ou potentiellement fessable alors.
    Cela dit, les épisodes en Troisième furent peu nombreux, et même en Quatrième.
    Les moments les plus "agités" avaient été les classes de sixième et cinquième. Sixième, car passant d'une instit unique à des tas de profs, j'ai pu tenter de jouer avec les uns et les autres.
    Cela a donné un passage en cinquième ric et rac, puis une cinquième catastrophique. Mais j'avais un an (et presque et demi) d'avance par rapport à l'âge classique.
    Cette cinquième à rebondissements multiples... s'est soldée par un redoublement, seul et unique de ma scolarité. Et j'ai recommencé une autre cinquième, dont les premiers mois furent "vissés" comme jamais, me remettant sur de bonnes bases.
    Tout ceci pour dire que les épisodes évoqués décrivent grosso modo 8 ou 9 ans de ma vie. Et donc que si j'en conte cent, je n'exagère pas, mais en oublie sûrement.
    C'est vrai que je décale souvent des souvenirs de Cinquième en les mettant une paire d'années plus tard, car c'est plus en accord avec l'état de mes réflexions, de mes analyses.
    Mais, je ne fais pas oeuvre d'historienne, je m'exprime et je le fais comme il me sied.
    Que je ne me sois jamais "habituée" à la fessée, c'est aussi un fait, je ne vais pas dire le contraire parce qu'il faudrait.
    Vous remarquerez toutefois que ce n'est pas tant le mal, la douleur qui me hante dans mes souvenirs (car effectivement je devais m'y faire sûrement), mais c'est le contexte psychologique, la peur, le regard des autres, etc, qui sont les plus importants. Peut-être que ces quelques explications en donnent un éclairage plus précis.

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  10. Chère Christine,
    J’espère que vous n’avez pas estimé que j’ai essayé de vous prendre en défaut par mes commentaires ! Ils exprimaient en fait quelques questions générales que je me posais, et vous avez su y répondre avec exactitude. (Oui oui, l’éclairage en a été des plus précis, je vous l’assure.) Pardonnez-moi si ce faisant, j’ai peut-être pointé, sans le vouloir, quelques dimensions plus délicates de la biographie parentale.
    Ainsi, concernant la féminisation exclusive de vos personnages, je suis navré si, en l’évoquant, je vous ai rappelé quelques mauvais souvenirs familiaux. Rassurez-vous, je ne vais pas « rebondir » sur ces confidences, mais elles m’ont permis de mieux comprendre pourquoi vous ne préférez pas évoquer de figure paternelle. J’ai également bien enregistré votre second argument : l’évocation de personnages masculins ouvrirait la porte aux commentaires vicieux des blogueurs chagrins qui, ne concevant rien à l’esprit, somme toute subtil et raffiné, de votre blog, tomberaient dans les questions libidineuses et dépravées, pour ne pas dire impertinentes ou même imbéciles. J’ai trop souvent lu sur votre blog ces sempiternels commentaires qui « ne font pas avancer le débat » et qui tendent à lier fallacieusement vos récits à l’univers du sadomasochisme ou de la pédophilie, dont pourtant ils se distinguent nettement.
    C’est pour la même raison que vous choisissez des photos représentant des jeunes adultes – perçues certes comme des adolescentes, ce qui je vous l’avoue n’est pas déplaisant non plus. J’imagine aisément le genre de public peu recommandable que vous attirerait l’affichage de photos de gamines de 12 ans culotte baissée, sans compter que de tels clichés tombent très probablement sous le coup de la loi.
    Enfin vous nous résumez votre parcours de vie avec plus de clarté que jamais, nous offrant pour la première fois le cadre biographique complet constituant la toile de fond de l’intégralité de vos récits (lesquels, pris individuellement, ne nous en livraient jusque-là que des fragments). C’est ainsi la première fois que j’entends parler de votre redoublement en cinquième. (Peut-être que l’annonce de ce redoublement pourrait donner lieu à un récit inédit.^^) Cette précaution contextuelle renforce à mes yeux la crédibilité de votre narration, même si, comme vous le mentionnez et comme je l’avais par ailleurs parfaitement compris, vous ne prétendez pas « faire œuvre d’historienne ». Vous tenez à restituer l'esprit plutôt que la lettre de vos souvenirs de jeunesse, et vous vous permettez, par souci de synthèse et d’efficacité, sachant que l'on ne peut tout raconter, de compiler certains personnages et événements, d'en inverser, d'en omettre, voire d'en inventer, tant que cela ne trahit pas la tendance générale de votre blog. Si l’on ne doit pas s'attendre à une transposition rigoureuse de votre vécu, je suppose néanmoins que nous retrouvons sous vos lignes l'atmosphère qui l’a caractérisé, et que la Christine narratrice doit largement à la Christine auteure.
    J’ai compris également que le traumatisme persistant de ces fessées tenait moins à la douleur physique qu’au ressenti psychologique et au regard des autres, et ces tendances mériteraient d’ailleurs d’être reprises en exergue dans les récits futurs.
    Voilà ce que j’avais à vous écrire, Christine. Les précisions que vous m’avez livrées ne me feront vous lire qu’avec plus d’intérêt, d’assiduité, de tendresse même, si vous me le permettez. A quand donc le dénouement fort attendu de ce récit au titre si gracieusement métaphorique ?

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  11. Cher Mardohl, tout va mieux en le disant. Vous avez exprimé vos interrogations et cela m'a donné l'occasion de m'exprimer plus en détail. Je ne doute pas que cet échange aura permis de lever quelques incompréhensions. En plus, c'est vrai que vous me tendez la perche pour de nouveaux récits que j'essaierai volontiers de mettre en forme. Vous pouvez compter sur moi. Je ne réponds pas forcément aux questions sur le champ, mais j'aime bien connaitre les interrogations de mon lectorat, voire leurs suggestions, et je m'en sers quand vient le moment, ayant, vous l'avez remarqué, l'habitude de n'écrire que quand l'envie ou le besoin s'en font sentir.
    Amitiés.
    Christine

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