mardi 18 janvier 2011

Moments cruciaux : retour sur terre

La dernière salve de claques maternelles a été un feu d'artifice, comme une dernière ligne droite où Maman va franchir en vainqueur la ligne d'arrivée.
Elle a eu jusqu'au bout cette volonté de bien faire, de bien fesser, de ne pas relâcher son effort et d'accomplir pleinement son devoir... 
Cela a relancé mes cris que je tentais d'étouffer en plaquant ma main devant ma bouche... J'étais au supplice, même si le mot est fort et ne convient pas (car je n'avais nulle blessure, bien sûr), mais disons que la symphonie s'achevait par une sorte de condensé de ce que peut faire mal une fessée bien appliquée.
Je craignais ce moment, sorte de dessert, et me serait contentée d'un menu plus simple. Mais à la pension de famille de Maman, si j'ose dire, le menu était toujours complet...
Je subissais, tout en sachant que c'était la fin de ma tannée, et à ce moment là, je m'en voulais à mort d'avoir été indisciplinée, d'avoir chahuté, et si parfois je suppliais Maman, en répétant : "Je ne recommencerai plus", c'était plus sincère que jamais...



Maman arrêta enfin son bras, desserra son étreinte qui me bloquait les reins et je tombai à genoux à ses pieds. Un peu groggy, un peu déboussolée, revenant sur terre, ou plutôt à une position moins horizontale. Je restai quelques secondes ainsi prostrée alors que Maman se relevait pour quitter ma chambre.
Je me redressai en sanglotant, chancelante, les jambes entravées par la culotte encore baissée, mes mains se plaçant comme par réflexe sur mes fesses, comme pour les protéger encore, alors que l'orage était passé.


Je suppose que, derrière mon dos, Maman regardait sa fille éplorée et la lune écarlate, avec un sentiment mêlé de compassion et de devoir accompli.
Elle quitta la chambre en me rappelant que nous allions bientôt dîner. Mais, elle ferma bien la porte derrière elle, me laissant seule avec ma peine.

La porte refermée, j'étais comme revenue dans mon univers, à l'abri des regards, et l'émotion que j'avais au fond de moi pouvait s'exprimer.
Ne pouvant contenir mes larmes, je me suis affalée sur mon lit, en position presque foetale, les bras serrés contre ma poitrine, et j'ai pleuré longuement sur mon sort.
La fessée m'avait calmée, vidée, j'avais l'impression de peser une tonne, d'être comme un sac de linge posé sur le lit.


J'avais mal, le bas du dos endolori, mais le pic de douleur était à conjuguer au passé, et elle allait s'apaiser doucement.
Cette sensation, je la connaissais par coeur, c'était une douleur sourde mêlée de beaucoup de chaleur, et j'allais encore ressentir quelques picotements en m'asseyant ou si je gardais la même position un moment. Toutefois, ces petits rappels douloureux, parfois aigus, n'étaient rien à côté des claques maternelles.
Il y avait donc aussi un sentiment fort de soulagement. Je sortais du cauchemar. Cette fessée, j'avais commencé à craindre de la recevoir dès que la prof m'avait annoncé mes heures de colle. La menace m'avait hanté plusieurs jours, elle était devenue angoisse et peur bleue quand Maman m'avait expédié dans ma chambre pour l'attendre...
Je la craignais à juste titre car c'était une véritable épreuve, que je savais que j'allais "en prendre une bonne" comme disait Maman, et elle avait tenu sa promesses, et je venais de passer un mauvais quart d'heure...
Sauf, qu'une fois descendu des genoux maternels, on passe du pendant à l'après, et même si l'on a encore les fesses écarlates, on est comme soulagée.



J'avais été prévenue, je connaissais l'enjeu, j'avais tout de même récidivé dans mes bêtises, je ne pouvais donc pas me plaindre, si je suivais le raisonnement maternel, et ce raisonnement étant la règle, dictant notre cellule familiale, je sortais de ma fessée avec le sentiment que je l'avais méritée.
C'est à moi que j'en voulais, pas forcément pour avoir fait des bêtises, je m'en voulais parfois surtout de m'être faite prendre... Mais le résultat était le même. Christine fessée se sentait Christine repentante.
Ce n'était pas la même sensation dans les cas de fessée devant mes soeurs ou de circonstances où j'avais l'impression d'être punie à tort.
Là, dans un cas aussi clair, avec récidive, et épilogue donné dans le huis-clos de ma chambre, il y avait comme une acceptation de ma part. C'est sur moi, sur mon sort, que je pleurais, sans animosité envers Maman.
Au bout de dix minutes de sanglots et de soupirs sur le lit, je me suis relevée et j'ai essayé de me redonner une apparence normale. Un coup d'oeil furtif dans la glace m'avait montré deux fesses encore rouges et le contact de ma main sur l'épiderme postérieur me donnait l'impression de toucher deux radiateurs, tout en me faisant frissonner.
"A table", lança Maman du bas, déclenchant la galopade de mes soeurs pressées d'aller dîner... Je mis plus de temps, vérifiant dans le miroir que j'avais séché mes larmes, me recoiffant vaguement et rajustant ma tenue pour paraître comme si de rien n'était.



En descendant des genoux maternels, j'avais regagné le plancher des vaches, comme disent les aviateurs. En rejoignant la famille attablée, c'était un retour encore plus délicat. Il allait falloir supporter les regards rieurs en coin de mes soeurs, entendre inévitablement Maman faire une ou deux allusions à ce qui venait de se passer... Mais, cela faisait partie du lot, du sort d'une punie. J'avais mérité la fessée, elle m'avait été promise, je venais de la recevoir, et il convenait pour boucler la boucle que chacun le sache.
J'étais donc toute penaude en descendant vers la table familiale...

4 commentaires:

  1. Vais-je devoir commenter mes propres messages ? Cette suite semble n'inspirer personne... Bizarre !!!

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  2. Bonjour Christine.

    Ne soyez pas inquiète. Je pense que, comme moi, vos fidèles lectrices et lecteurs manquent de temps. Tous vos récits nous passionnent et nous inspirent.

    Je voudrais revenir sur un récent commentaire de Martine, qui faisait état d'une différence, à mes yeux importante, sur le déculottage. Chez elle, sa maman lui donnait ordre de soulever sa jupe et de baisser sa culotte. Je pense que c'était assez peu courant. Si je me trompe, que vos lecteurs nous le fassent savoir.

    En tout cas, chez moi comme chez vous, chère Christine, c'est toujours maman qui déculottait, à charge pour moi ensuite de me reculotter dès la fessée terminée. J'ai d'ailleurs le souvenir, à deux ou trois reprises, d'avoir eu des marques de griffures au bas du dos : maman avait souvent les ongles longs, alors parfois, accidentellement... Quant à mes deux maîtresses d'école, elles aussi se chargeaient elles-mêmes de déculotter leurs élèves indisciplinés... dont je faisais hélas partie !

    J'espère avoir dissipé (quel jeu de mots !) votre inquiétude.

    Enfin, je souhaite une bonne fête à Agnès, votre lectrice infidèle (c'est elle qui le dit).

    A bientôt. Amicalement.
    Fesseusement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  3. Bonjour chére Christine,ne vous desolez pas,nous sommes bien la pour vous feliciter de vos textes et de leurs illustrations qui collent si bien a vos rècits!A vous entendre on croirait presque que vous nous menacez d'une fessee si nous gardons le silence!A propos,en avez vous deja donne des fessees?
    Pour repondre a Louis,ma mére m'ordonnait de me deculotter moi meme,elle pensait ainsi que j'acceptais ma punition et apres je devais lui dire "merci"et enfin j'etais cajolee et pardonnee de ma faute.Mais c'et tres dur de devoir se mettre a nue pour etre fessee surtout si il y a du monde autour,car ma mére,contrairement a la votre,ne se genait pas pour me punir des la faute commise!il n'y avait pas de "temps morts"sauf si nous etions au dehors, par contre si nous etions chez des amis ca tombait tout de suite,la honte complete.
    Encore bravo et espoir d'autres commentaires,c'est gentil de les lire mais les commenter c'est le minimum!

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  4. Voyons Christine, ne soyez pas si impatiente ! Vos récits, d'une qualité intarissable, se succèdent avec une telle rapidité que votre lectorat ébloui éprouve quelque peine à vous suivre !
    Cette suite est à la fois logique (par la continuation chronologique du thème) et surprenante (par l'ajout de détails et l'emploi de savoureuses métaphores). Vous exprimez bien le ressenti interne (et externe) de la punie dans "l'après" : sanglots, tristesse, honte, acceptation... Mais ce qui est palpable, c'est le sentiment de libération qui investit Christine au terme de la fessée qui désormais "se conjugue au passé". Une façon de rappeler que, derrière ses aspects espiègles et rebelles, Christine demeure encore une petite fille craignant terriblement la douleur de la fessée (Elle ne risque pas de narguer sa mère par un "Même pas eu mal !") et que quand celle-ci cesse, elle en sera soulagée (et assagie) pendant quelque temps.
    Le choix des photos est des plus judicieux, avec son cortège de fesses rougies qui doivent vous rappeler de cuisants souvenirs.

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