jeudi 25 novembre 2010

Mes ruses de Sioux : la malade imaginaire (18)

SUITE 17 

J'épongeais mon chagrin contre mon oreiller quand mes soeurs sont revenues de leur cours de danse. La prof les avait lâchées avec dix minutes d'avance, et je me rendais compte que j'avais eu chaud qu'elles n'arrivent pas au moment crucial.
J'avais "eu chaud", façon de dire, et réellement aussi en recevant cette fessée magistrale que Maman avait particulièrement soignée...
"Christine, descends, on va passer à table", l'appel de Maman, quelques instants plus tard, m'obligea à sortir de ma torpeur. J'étais encore sous le choc, les yeux toujours mouillés, perdue dans mes pensées, me remémorant ce que je venais de vivre.
Descendre ne m'enchantait pas. C'était le retour à la vie familiale, dans un contexte où mes soeurs allaient bien se rendre compte que je n'étais pas dans mon assiette...
J'ai cherché à faire bonne figure, séchant mes larmes, rajustant ma tenue, avant d'aller retrouver la table familiale. Aline, Diane et Maman étaient déjà assises quand je suis entrée dans la cuisine. J'ai tenté d'éviter les regards, de ne pas croiser celui de mes soeurs, et j'ai commencé à avaler mon bol de soupe en plongeant le nez dedans, manière bien pratique de cacher mon émotion.
"Tu as pleuré, Christine ?" me demanda Diane qui avait remarqué mon visage défait.
Je ne répondis pas, mais cela me fit remonter un gros sanglot. Ma soeur réitéra sa question sans que je dise un mot. Elle se tourna vers Maman qui lui confirma ce dont elle se doutait : "Laisse ta soeur tranquille, Diane. Christine a encore eu, comme je le craignais, une très mauvaise note à son contrôle d'anglais. Alors, Maman lui a donné la bonne fessée qu'elle méritait, voilà tout !"



Mes soeurs n'en ont pas su davantage, et j'étais soulagée que Maman n'ait pas précisé qu'il s'était agi d'une "bonne déculottée", comme elle savait si bien dire...
Le regard d'Aline et de Diane brillait en me regardant, le visage triste et penaud, avec cette mine de gamine honteuse que Maman rappelle mes exploits.
Heureusement, le sujet n'a plus été abordé et c'est avec soulagement que j'ai pu sortir de table, le dessert avalé.
Maman a demandé aux petites d'aller se préparer pour la nuit. Moi, j'étais déjà en pyjama depuis que j'avais dû m'y mettre pour attendre Maman et ce qu'elle m'avait promis...
J'ai donc aidé à débarrasser la table, à ranger les quelques affaires qui trainaient dans le salon, puis j'ai été autorisée à monter pour retrouver le calme de ma chambre...

Mes soeurs étaient en tenue de nuit et attendaient Maman, non sans me guetter, me regardant passer devant leur porte, en me décochant un de ces sourires moqueurs dont elles avaient le chic.
Elles pouffaient discrètement pour ne pas se faire entendre du rez-de-chaussée, mais moi je les entendais bien, et leurs gloussements me faisaient craindre qu'elles m'aient jouer un tour.
De fait, en me dirigeant vers mon lit, je me rendis compte que l'oreiller n'était plus en place...
Je cherchai un instant et je le retrouvai posé bien en évidence sur la chaise de mon petit coin bureau, celle où je m'asseyais pour faire mes devoirs...
Mes taquines de soeurs avaient placé l'oreiller comme un coussin sur ma chaise, comme si j'en avais besoin pour y asseoir mes fesses endolories...
Si j'en avais eu l'idée en sens inverse, j'aurais trouvé la plaisanterie drôle, mais en étant sa victime, elle était du genre à me taper sur les nerfs... J'en ruminai quelques volontés de vengeance à l'encontre de mes soeurs. Car si je m'étais plainte à Maman, je ne suis pas sûre que cela ne l'aurait pas fait rire à son tour.
J'ai donc pris sur moi et fait contre mauvaise fortune bon coeur, me résignant à ne rien dire, et remettant vite en place l'oreiller sur mon lit, histoire d'oublier cette vision d'un coussin protecteur qui montrait que mes soeurs en se moquant ainsi m'imaginaient avec la lune écarlate... Elles n'y avaient pas assisté, mais ce détail prouvait qu'elles y pensaient très fort...


Maman a couché les petites avant de venir me dire bonsoir. Je l'attendais sagement couchée. Elle s'est assise sur le bord de mon lit et s'est mise à me parler longuement. C'était sa manière de me consoler, tout en rappelant ce qui s'était passé, et en justifiant sa méthode.
"Allez, il faut éteindre, Christine. Il est l'heure de dormir. Il y a école demain et je suis sûre que tu vas t'appliquer à remonter ta moyenne. Tu ne voudrais pas que Maman se fâche encore...", me disait-elle d'une voix douce et calme.
"Oui, Maman, je travaillerai bien, c'est promis", lui répondis-je avec de la sincérité dans la voix, et en contenant des sanglots qui remontaient dans ma gorge.
"Je l'espère, ma chérie, je l'espère. Tu sais, cela ne fait pas plaisir à Maman de devoir te punir, mais là, franchement, tu l'avais bien méritée. Tu le savais depuis des jours et des jours que tu allais avoir une mauvaise note. Et, au lieu de travailler, tu as cherché à éviter le contrôle, en jouant les malades imaginaires. Le résultat, c'est que tu as été prise, et qu'au lieu d'être punie une fois, tu l'auras été deux fois. Je pense que cela te fera réfléchir avant de recommencer. Tu sais, Christine, on gagne toujours à être franche, ne l'oublie pas...", insistait Maman, et je ne pouvais que constater qu'elle avait entièrement raison...
"Oui, Maman, j'ai compris, pardon, pardon" ! En disant cela, je m'étais redressée et j'avais enlacé Maman dans mes bras, la serrant très fort...
J'avais besoin de tendresse et je redevenais comme un bébé, comme une gamine qui veut être rassurée. Maman me serra longuement, et j'étais bien dans ses bras.

 "Allez, c'est fini, Christine. Tu es pardonnée, bien sûr. Pourvu simplement que tu n'oublies pas trop vite cette leçon. Tu sais, ça peut arriver de louper un contrôle, d'avoir des mauvaises notes, mais déjà ne pas les cacher est un bon point. D'ailleurs, je suis contente que ce soir, en rentrant du collège, tu n'aies pas cherché à me cacher tes résultats. Tu as reçu la fessée que je t'avais promise, mais cela aurait pu être pire si tu m'avais menti... Je sais que tu me comprends, ma chérie...", ajouta Maman avant de me déposer un doux baiser sur la joue et de sortir en éteignant la lumière... 


Je fermai les yeux en serrant l'oreiller contre moi, comme je l'aurais fait d'un nounours quelques années plus tôt. J'avais sommeil, mes nerfs avaient été copieusement calmés, et ma tête commençait enfin à se vider des angoisses que je trainais depuis plus de deux semaines.
Il y avait eu la peur de devoir passer le contrôle, puis tout ce que j'avais imaginé pour y échapper. La trouille ensuite de voir ma fausse maladie découverte, puis une fois ma ruse éventée, l'angoisse précédant la tannée promise, et son exécution magistrale devant mes soeurs.
Et cela n'était qu'une étape du fait du report impromptu du contrôle. J'avais dès lors eu peur de le rater, puis j'avais vécu plus d'une semaine dans l'attente d'une note que je savais mauvaise, et dont les conséquences avaient été clairement édictées à l'avance.
Ce soir, mon retour avec cette mauvaise note aurait pu me voir tenter de gagner encore du temps, de retarder l'échéance. Non, j'avais réussi à me libérer, à avouer presque spontanément mon résultat. Maman, a posteriori, venait d'ailleurs de m'en féliciter, mais je crois que cela avait été comme un soulagement pour moi. J'avais conscience que l'issue passait à nouveau par les genoux maternels, mais peut-être aussi que j'allais mettre un terme à plus de deux semaines d'angoisse. D'où ma franchise cette fois...


En plus, j'avais un petit sentiment de fierté d'avoir échappé à une nouvelle déculottée exemplaire devant mes soeurs.
On se console comme on peut, mais ce n'était pas un détail bénin pour moi... Pas du tout !
Je trouvai donc le sommeil assez facilement. D'autant que, pour la première fois depuis plus de deux semaines, je n'avais pas dans ma tête cette angoisse qui me taraudait l'esprit. Je n'avais plus penser au contrôle d'anglais, ni surtout à craindre ce qu'une mauvais note faisait planer sur ma tête, ou plutôt sur mes fesses...

8 commentaires:

  1. Chère Christine, je vous lis depuis tres longtemp mais je n'ai jamais su me manifester, j'adore votre blog, vous avez un vrai talent pour l'ecriture, puis-je vous demander ou trouvez vous toutes ces photos qui illustrent parfaitement vos recits? Bref, j'aime beaucoup votre blog, continuez ainsi:)

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  2. Merci Cassandra,
    Mes photos, je les trouve pour l'essentiel sur Internet. Il y a des tonnes de sites en la matière. A condition de chercher plus dans les anglophones, qui parlent de "spanking" (la traduction de fessée).

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  3. Chère Christine,vu la sévérité de votre maman, je suis étonné qu'elle ne vous ait jamais donné le martinet qui était souvent utilisé dans les familles. J'en ai un souvenir marquant, expéditif et très cuisant et vous ?

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  4. Soyez étonné, mais c'est ainsi. Désolée.

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  5. Chère Christine,
    Je vous lis depuis le début sans jamais avoir donné de commentaires, aujourd'hui je me lance.
    Vous avez un don pour l'écriture et vos récits sont criant de vérité, les photos sont très bien choisies et je vous en félicite.
    J'espère que vous continuerez encore longtemps et encore une fois bravo.

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  6. Cet aspect a déjà été débattu antérieurement, spankingbob : Madame Spaak n'use ni n'usera d'aucun instrument autre que sa dextre, malgré toutes les protestations du lectorat se portant témoin des fessées de Christine. Lorsque nous lui suggérons l'emploi d'un instrument, notre chère chroniqueuse nous renvoie systématiquement à "d'autres sites" plus nettement portés sur le SM.
    Christine, il n'entre pas dans mes intentions de vous faire changer d'avis. Je me permets simplement de répéter que l'emploi exceptionnel d'une règle en bois ou d'une baguette ne dépareillerait pas nécessairement l'esprit de votre blog. Remettez-vous par exemple en mémoire ce récit vers lequel je crois bien que vous m'avez aiguillé : http://lnlune.weebly.com/sophie-en-redemande.html Bien que sans vouloir vous flatter, le style de cet auteur me paraisse bien bâclé par rapport au vôtre, l'apparition d'une brosse à cheveux ne m'y a paru ni déplacée ni malsaine.

    A part ça, vous menez élégamment à terme le récit le plus long de votre chronique. Vraiment, quelle somme. Une petite vingtaine d'épisodes sur lesquels on voit notre héroïne adorée passer par tous les états d'âme : euphorie, panique, résignation... Une tromperie démasquée, deux fessées magistrales, un cauchemar révélateur, l'angoisse de l'attente, la honte d'être démasquée, la tristesse quand tombe le résultat... Quelles péripéties ! En plus, c'est tout le petit monde de Christine qui défile ici : outre sa mère inflexible et ses petites sœurs aux anges, on voit l'attachante tante Jacqueline qui rit aux exploits de sa nièce favorite, la copine Anne, aux questions insidieuses, plus moqueuse que compatissante, l'ennemie Corinne répandant dans toute la classe et en détail les mésaventures de sa rivale. Quelle jubilation elle a dû ressentir lorsqu'elle a su que Christine s'était fait punir comme une gamine, à l'âge où chacune s'échine à montrer qu'elle est une adulte.
    Dans cet épisode, j'ai trouvé très touchante la discussion finale entre la mère et la fille. La pré-ado rebelle y redevient une fillette, attachante de repentir, quêtant dans son lit une peluche qui ne s'y trouve plus, ayant retrouvé par le châtiment le bon sens qui lui avait fait défaut.

    Sentant venir le terme de ce "roman-fleuve", je me demande sur quel registre vous allez nous aiguiller par la suite, Christine. Peut-être un autre récit long, peut-être des instantanés... Je n'en pense pas plus et attends de me laisser surprendre.

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  7. Je ne comprends pas les commentaires qui en veulent toujours plus. Le martinet était en vogue dans les années 60, de même que les fessées a l'école. Je crois que tu est d'une génération plus jeune. Continue dans la simple vérité...
    A bientôt

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  8. Bjr Christine.

    Je suis comme Mardohl, vos récits, que je lis presque depuis le début, me surprennent (toujours agréablement) à chaque fois. Comme vous, chère Christine, ma mère se contentait de sa main droite pour taper et rougir mon postérieur, à deux exceptions près :
    - une fois au-travers du pantalon avec un ceintre en bois ;
    - une fois, pantalon et slip baissés, avec une de ses chaussures.

    Mais ces deux fessées ne sont pas celles qui m'ont le plus marqué. Ce sont plutôt ces quelques unes que j'ai reçues en public (ou celles de mes maîtresses d'école).

    Continuez ainsi, Christine, bravo encore.

    Amicalement.
    Fesseusement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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