lundi 8 avril 2019

Chronique d'un redoublement : 141. Une rentrée avec un cartable neuf, mais des angoisses anciennes encore...

SUITE 140

J'eus un peu de mal à me réveiller en ce matin de rentrée scolaire. J'avais dormi en pointillés, faisant plusieurs cauchemars qui tournaient tous autour de souvenirs de fessées, et de situations où je me voyais revenir à la maison, la peur au ventre...
Mais, si elle dut m'appeler à trois reprises pour que je me lève, Maman n'avait pas haussé le ton, et semblait pour une fois de bonne humeur... Il faut dire que la rentrée, cela signifiait des journées enfin plus calmes à la maison sans nous trois.
Il est vrai aussi que toutes les affaires étaient prêtes, les habits choisis, les cartables vérifiés, et elle pouvait donc s'occuper tranquillement du petit déjeuner, et se préparer à accompagner les petites jusqu'à l'école, en me laissant faire seule un trajet vers le collège  que j'empruntais déjà depuis trois ans.
Aline n'était pas enthousiaste, Diane au contraire avait hâte de retrouver ses copines, il faut dire qu'elle comptait sûrement leur raconter pas mal de choses...
J'avalai mes tartines et mon bol de chocolat chaud sans avoir vraiment faim, ayant encore à travers la gorge le sermon maternel de la veille au soir...
Mais, contrairement à ce que je craignais, Maman n'y fit aucune allusion, ayant même des paroles plutôt encourageantes à mon encontre : "Tu as fini de déjeuner, Christine ? Vas donc t'essuyer la frimousse et te laver les dents avant de partir. J'espère que cette journée va bien se passer. Te voilà en Quatrième, ma grande. Ca va te changer".




Maman avait eu des mots doux et encourageants,
m'appelant "ma grande" et semblant contente
que j'accède enfin en Quatrième... 
Je pensai au fond de moi que si les exigences maternelles et la façon de les appliquer ne changeaient pas, j'avais encore du souci à me faire... Mais, Maman m'ayant embrassée très fort au moment de partir, je quittai la maison plutôt confiante, d'autant que ce que je pouvais craindre n'allait évidemment pas arriver dès le jour de la rentrée...
J'avais un cartable neuf, ce qui me plaisait, ne serait-ce que parce que le précédent m'avait servi durant ma Sixième et mes deux Cinquièmes, et que, en dehors du fait qu'il était un peu usé, il me rappelait le nombre de fois où Maman l'avait ouvert pour vérifier mes devoirs, mes notes, ou s'il n'y avait pas de mots des profs dans le carnet de correspondance, ce qui m'avait à diverses reprises valu une fessée, bien méritée, du moins de l'avis de Maman...



J'avais un cartable neuf et cela me faisait grand plaisir.
Le précédent m'avait servi en Sixième et durant les deux Cinquième.
J'avais avec lui trop de mauvais souvenirs, en ramenant
des carnets de notes, des mots des professeurs,
des copies ou mauvaises notes à faire signer...
Avec souvent des conséquences cuisantes pour mes fesses...
je voulais croire qu'un cartable neuf arrêterait la série claquante...
Arrivée au collège, je savourai le fait d'aller vers le coin de cour où se rangeaient les classes de Quatrième, à quelques mètres de celles de Cinquième, mais symboliquement c'était important. Hormis deux filles qui redoublaient cette Quatrième et allaient donc prendre symboliquement ma place dans le groupe, je retrouvais la plupart de mes camarades de l'année précédente, ce qui n'était pas pour me déplaire, hormis bien sûr quelques moqueuses que j'aurais préféré ne pas revoir. Cependant, durant cette première journée, je n'eus droit à aucune raillerie ou autre allusion, qui aurait pu venir de bavardages de Diane à des petites soeurs de mes camarades.
Cela dit, nous n'étions que la première journée et je savais que je n'étais pas à l'abri, en cours d'année, de révélations surgissant sans prévenir.
En revanche, là où j'étais vraiment satisfaite, c'était bien du fait que je n'aurais plus Mlle Paule comme prof d'anglais, elle que j'avais subi les trois dernières années. Pour les Quatrième et Troisième, le collège venait de voir arriver une jeune enseignante, une Française, mais qui avait, dans le cadre de ses études, passé deux ans à Londres, et qui nous changeait de la vieille fille quinquagénaire revêche qui avait été la prof m'ayant donné le plus d'heures de colle tant en Sixième que lors de mes deux années de Cinquième... Et donc, par voie de conséquence, celle qui m'avait valu le plus grand nombre de fessées...
Rien que pour cela, j'étais sincèrement heureuse et soulagée de ne plus avoir affaire à Mlle Paule, et l'envie me venait même de me remettre à bien travailler l'anglais, ne serait-ce que pour montrer que je méritais plus que les notes qu'elle me donnait...
Un seul être vous manque, et tout est changé, pourrait-on dire. J'avoue que me retrouver avec une nouvelle prof d'anglais, alors même que Mlle Paule continuait à donner cours aux élèves de Sixième et de Cinquième, m'était d'un grand soulagement.
C'est d'ailleurs en anglais que j'eus ma première note, le cinquième jour de classe, un 15 sur 20 après une interrogation au tableau sur la leçon de la veille, où la nouvelle prof me félicita, glissant au passage : "C'est bien Mlle Spaak. Vous progressez si j'en crois les fiches que m'a laissées votre professeur de l'an dernier" !
J'appris ainsi que ma bête noire avait donc briefé la nouvelle en lui confiant ses fiches de l'an passé, où elle avait dû consigner les notes et les "exploits" de ses élèves. Cela me faisait rager contre elle, mais j'étais d'autant plus contente de décrocher une vraie bonne note.


 La nouvelle prof d'anglais m'avait félicitée, j'étais ravie...
En revanche j'appris que Mlle Paule avait briefé
sa jeune collègue sur les qualités et défauts de ses élèves...
Cela ne me plaisait guère...

Je rentrai ce soir là en étant guillerette et je vins vite annoncer la nouvelle à Maman, qui faisait goûter mes soeurs. "Quinze sur vingt, c'est bien ma grande. Je suis vraiment contente, tu sais", commenta ma chère mère, non sans ajouter :"Et qui plus est en anglais, ça nous change des notes et colles de l'an dernier. Quand je pense aux fessées que tu as méritées et reçues dans cette matière, je suis bien contente que tu aies enfin de bons résultats. Même s'il ne faut peut-être pas se réjouir trop vite..."
Je répliquai : "Oh, mais, tu vas voir, Maman, j'en aurai encore plein de bonnes notes..."
Maman calma mon enthousiasme en ajoutant : "De toute façon, ma grande, je l'espère pour toi... Je t'ai bien prévenue... Si tu recommençais à te distinguer de mauvaise manière, tu sais que tu pourras préparer tes fesses..."
Les yeux de Diane se mirent à pétiller à l'annonce des menaces maternelles. Cela me fit mal au coeur. Je me dis que la prochaine bonne note, je me précipiterais moins pour quémander des félicitations qui, finalement, s'étaient prolongées par une nouvelle menace de fessée...
Le même soir, Tata Jacqueline vint demander à sa grande soeur de lui faire un petit travail de couture sur un ourlet qui se défaisait. Ma tante en profita pour demander si cela allait bien en classe, et Maman lui rétorqua : "Ca a l'air d'aller pour l'instant pour Aline et Diane. Quant à Christine, tu ne devineras pas dans quel cours elle s'est distinguée ?"

Tata, qui croyait que sa soeur parlait sur un ton ironique, réagit en s'étonnant : "Oh, non ne me dis pas qu'elle a récolté une mauvaise note en anglais. Tu ne l'as pas déjà punie, hein ?"
Maman éclata de rire : "Mais, non, voyons, je sais que c'est étonnant, mais Christine a ramené un 15 sur 20 en anglais justement. Alors, ne t'inquiète pas pour ta nièce préférée, je l'ai au contraire félicitée. Je te rassure, je ne lui ai pas encore rougi les fesses depuis notre retour de vacances".


Maman apprit à Tata que j'avais ramené une très bonne note en anglais.
Elle rassura ma tante en lui disant qu'elle n'avait
"pas encore rougi mes fesses depuis le retour des vacances".
Elle l'avait dit en riant, et j'avais l'impression qu'elle considérait
que c'était un exploit... C'était vexant et, en plus, cela rappelait que
je n'étais nullement à l'abri d'une déculottée, ce qui faisait pétiller
les yeux de Diane la curieuse...

Je fusillai du regard Maman, en faisant un gros soupir, et en grommelant : "C'est pas juste", ce que Maman entendit et la fit gronder : "Christine, si tu es de mauvaise humeur, j'ai un bon moyen de te calmer... Je te félicite et tu grognes, il faudrait savoir... Va donc ranger tes affaires dans ta chambre pendant que je discutes avec Tata".
Je baissai la tête et sortis de la cuisine, sans reprendre mon cartable. Maman s'en aperçut, le prit et me rappela alors que je montais les escaliers : "Christine, je t'ai demandé de remonter tes affaires. Tu pourrais obéir. Il y a des moments où tu cherches vraiment les ennuis. Que je n'aie plus rien à redire, si tu ne veux pas que je m'occupe de toi quand Tata sera repartie". Et le geste de la main qui accompagnait cette menace était sans équivoque...
Tata resta une petite heure, et vint me dire bonsoir avant de repartir. J'étais dans ma chambre, pas très rassurée. Ma tante chercha à me consoler. "Ne t'inquiète pas, tu ne vas pas être punie. Mais, fais attention, ne grogne pas pour un rien, écoute ta mère, et surtout ne réponds pas. C'est ça qui l'énerve vite".

Je promis à Tata de faire attention, et elle m'embrassa en me réconfortant : "En tout cas, bravo pour ta bonne note en anglais. Continue comme ça et ça ira, mais ne fâche pas ta mère pour des détails. Tu vois, cela aurait été un comble que tu reçoives une fessée en ramenant un 15 sur 20, dans une matière où tu collectionnais les zéros et les heures de colle".
En redescendant pour partir, Tata croisa Diane qui lui demanda : "Dis Tata, c'est vrai que Christine va avoir la fessée". Tata haussa les épaules et dit simplement : "Occupe toi de tes affaires, et arrête de jouer les curieuses, si tu ne veux pas que ta Maman se fâche aussi".
De fait Tata n'avait pas démenti et Diane passa la soirée à guetter les allées et venues de Maman, imaginant que j'allais y passer...
Moi, en tout cas, je fis profil bas et me montrai discrète et serviable, faisant tout pour ne pas envenimer ma situation.
Diane fut déçue, mais je sus le lendemain qu'elle avait affirmé à Aline que Maman m'avait dit qu'à la prochaine remarque elle me donnerait une fessée carabinée...
Il n'en était rien, car si Maman, certainement calmée par la conversation avec sa soeur, m'avait en effet demandé d'aller l'attendre dans ma chambre, ce qui me fit quand même trembler un peu en craignant le pire, elle me tint un discours assez apaisé, retenant surtout ma bonne note en anglais, et espérant que j'en aurais beaucoup d'autres. Tout en rappelant quand même que je ne devais pas me montrer impolie ou manifester de la colère, car cela irait mal pour mes fesses...
J'échappai donc, comme Tata l'avait dit, à un retour sur les genoux maternels, mais j'avoue que j'eus du mal à m'endormir au terme de cette journée, où j'avais eu ma meilleure note en anglais depuis bien longtemps, et où j'avais quand même failli prendre une fessée déculottée...



 J'avais été envoyée "attendre Maman" dans ma chambre après le dîner,
et je n'étais pas rassurée malgré les dénégations de Tata.
Heureusement il n'en fut rien, mais j'eus du mal à trouver le sommeil...
J'avais surtout le souvenir d'une autre "bonne note" en anglais,
lors de ma première Cinquième, mais qui s'était bien mal terminée...

J'y pensai en ayant du mal à trouver le sommeil. Plein de choses tournaient dans ma tête, mêlant comme souvent des peurs du moment et des souvenirs marquants, pour mon bas du dos en tout cas...
Cela me rappelait notamment un souvenir cuisant de ma première Cinquième, un jour mémorable, où j'étais toute heureuse de ramener un 13,5 en anglais, ce qui n'était pas courant avec la sévère Mlle Paule... Pas peu fière, je rentrais en espérant bien me faire féliciter, en omettant bien sûr de dire que dans la même journée la prof m'avait donné deux heures de colle pour une fois encore, du bavardage... Mais, comme le bulletin de colle n'arriverait par la Poste que trois jours plus tard, je comptais bien ne rien dire à Maman, et cacher jusqu'au bout ce nouvel "exploit", ne sachant que trop ce qui m'attendrait... 

En rentrant à la maison, alors que Maman était partie chercher mes soeurs à l'école primaire, j'avais tout de suite sorti de mon cartable la copie avec le beau 13,5, pour m'en vanter dès le retour maternel...
Maman donnant leur goûter à Aline et Diane, je vins dans la cuisine montrer ma note, en savourant à l'avance les compliments que j'espérais.

Mais alors que j'annonçais ma bonne note, Maman me demanda si c'était tout ce que j'avais à dire... Je balbutiai que oui, promettant qu'il n'y avait rien d'autre, ne comprenant pas ce qui se passait... C'est alors que Maman m'apprit qu'elle avait rencontré Mlle Paule par hasard en ville et qu'elle lui avait fait part de ma conduite et de sa décision de me coller à nouveau...
J'eus droit à un sermon maison où même ma bonne note se retournait contre moi puisque c'était "bien une preuve" que je pouvais "être parmi les meilleures" au lieu de me dissiper en classe. Sans parler du fait que si elle n'avait pas rencontré ma prof, j'aurais menti à Maman sans rien dire plusieurs jours durant... Et Maman d'annoncer que j'allais recevoir une fessée carabinée avant d'aller au lit...



Au lieu de pouvoir savourer des compliments pour une bonne note, j'avais passé une soirée mémorable. De la vérification des devoirs à l'approche du dîner, puis du repas sous l'oeil amusé des petites, à l'envoi pour me préparer à aller au lit, et l'attente de la venue de Maman dans ma chambre, laissant la porte grande ouverte et s'asseyant pour me déculotter et me flanquer une tannée que, deux ans après, je n'avais pas oubliée...


Cette première bonne note en anglais lors de ma première Cinquième
ne m'avait pas apporté les compliments espérés...
Au contraire, j'avais eu droit dans ma chambre, porte ouverte et donc
bien audible pour mes soeurs, à une magistrale fessée déculottée...
Deux ans après, enfin en Quatrième, je revoyais et ressentais la scène...




Bien sûr, cette fois, mon 15 sur 20 n'était pas accompagné d'heures de colle, mais quelque part la peur de retourner un jour sur les genoux maternels demeurait... Et me faisait repasser dans ma tête des images et sensations tant redoutées... 


Même à l'issue de cette première semaine de Quatrième...


A SUIVRE

9 commentaires:

  1. Bonjour Christine. Me voilà de retour, mais je dois avouer qu'actuellement je vis des moments très difficiles et c'est pour cette raison que je suis moins présente sur ce blog. Mon fils aîné est atteint d'un cancer, fort heureusement qui n'en ai qu'à son début (pris à temps, selon les médecins), mais cela m'a complètement ravagée surtout que j'ai actuellement la charge de ses deux enfants (l'aîné, un garçon de 13 ans très fainéant et sa sœur de 11 ans). J'avoue que l'éducation des enfants aujourd'hui est très compliquée. Nous aurions pris nous quelques bonnes fessées ou gifles et l'affaire était entendu, mais aujourd'hui ce n'est plus possible.

    Là je vais vous transmettre tout de même mon commentaire sur ce nouvel épisode et notamment la rentrée de notre Christounette en quatrième.

    Finalement une rentrée des classes qui s'est très bien passée pour elle et les premiers jours de classe sans aucune anicroche avec même un 15/20 en anglais.
    Plus de Mlle Paule et son air de vieille fille pour contrarier notre petite demoiselle, cependant celle-ci ne s'est pas privée de laisser quelques petits commentaires assez vaches pour la prof d'anglais qui ne s'est pas privée de le dire à Christine.
    Les deux pimbêches, Babette et Brigitte n'ont miraculeusement fait aucun commentaire pour le moment à notre Christinette. Il faut bien dire que qu'actuellement Diane n'a aucun petits potins à raconter à ses copines. Ce qui explique l'absence de moqueries et taquineries des deux pimbêches vis-à-vis de Christine. Cela va-t-il durer ? Je n*en suis pas certaine, car à la maison Diane veille au grain et n'hésitera pas à raconter à ses copines de classe le moindre fait entre Christine et Maman Spaak et comme les nouvelles arrivent très vite aux oreilles de Babette et Brigitte, la situation devrait très rapidement s'inverser. N'oublions pas que Christine a frôlé la correctionnelle en montrant son mécontentement envers sa Maman, suite à des remarques de fessées de cette dernière, d'ailleurs un peu exagérées. Là aussi Christine devra faire très attention car parfois, elle frise l'insolence et ça Madame Spaak ne l'admet pas.
    Néanmoins, pour cette nouvelle année, du moins sur les cinq premiers jours, notre Christinette semble décidée à changer son comportement. Combien de temps tiendra-t-elle (chasser le naturel, il revient au galop) ? L'avenir nous le dira.
    Voilà Chritine un premier commentaire. J'espère que je pourrais très vite vous transmettre un nouveau, mais ce que je vis actuellement est déstabilisant. D'ailleurs je tiens à vous présenter mes excuses pour mon absence prolongée.

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  2. Merci Sylvie pour ce retour avec une première réaction sur ce nouvel épisode. Je compatis à propos de vos soucis, et j'espère que commenter mes textes vous permettra de changer un peu d'idées.
    A bientôt de vous lire à nouveau.

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  3. Voilà une rentrée qui s’amorce pour vous sous le signe du changement, décliné selon plusieurs thématiques bien parlantes.
    Changement matériel d’abord, avec ce nouveau cartable mis en exergue dans le titre, et qui vous signifie un rassurant renouveau. En effet, le précédent, dont vous usiez notamment lors de vos deux Cinquièmes, se grevait pour vous, et par association d’idées, de maints souvenirs de fessées, en ce qu’il renfermait régulièrement des mauvaises notes et autres mots de professeurs, lesquels vous valaient les suites claquantes que l’on connaît. Je me souviens d’ailleurs que vous aviez souligné par exemple, comment vous perceviez l’acquisition et le port d’un habit neuf comme un porte-bonheur qui préserverait provisoirement vos fesses.
    Un changement spatial ensuite, en ce que vous pouvez désormais occuper la zone de la cour dévolue aux Quatrièmes, ce qui symboliquement marque votre accès différé, attendu, à ce niveau scolaire. Vous y rencontrez deux redoublantes, qui endossent désormais cet incommode statut dont vous vous voyez enfin débarrassée. (Même vos deux contradictrices patentées, Babette et Brigitte, semblent se faire discrètes, attendu que vous ne les mentionnez même pas.)
    Et surtout, changement d’enseignants, avec notamment cette jeune professeure d’anglais qui remplace cette austère Madame Paule avec laquelle vous aviez si souvent eu maille à partir dans le passé. On devine votre soulagement de ne plus avoir affaire à cette sévère vieille fille, mais au contraire avec une prof plus jeune, plus dynamique, sans doute plus sympathique, plus compréhensive, plus proche des élèves, aux méthodes plus modernes, plus attrayantes, plus motivantes. Ne prétend-on pas que les élèves aiment la matière s’ils aiment leur professeur ? Que les notes dépendent davantage du rapport du maître à l’élève plutôt que des compétences réelles de ce dernier ? En tout cas, votre nouvelle prof d’anglais vous octroie dès les premiers jours de l’année une note inespérée dans cette matière où le lecteur vous avait bien souvent vue à la peine.
    (Même si elle commet à mon avis une faute professionnelle, peut-être due à son inexpérience, en vous révélant devant les autres que Madame Paule l’a pour ainsi dire mise en garde à votre sujet. De tels échanges portant sur les élèves, pour être nécessaires, ne devraient pas moins demeurer strictement placés sous le sceau du secret professionnel. Mais peut-être qu’à l’époque prenant vos récits pour cadre, les professeurs se sentaient moins tenus à la discrétion.)
    Pourtant, cette bonne note, dont vous pensiez qu’elle ne vous amènerait que des félicitations, dérape le soir même en menace de fessée, au vu de votre rogue réaction devant la remarque vexante de votre mère à votre tante.
    Péril auquel vous échappez, du moins ce soir-là, mais qui par une nouvelle association d’idées (démontrant de votre part une mémoire associative particulièrement aiguisée) vous rappelle une mésaventure remontant à deux ans déjà : celle d’une autre bonne note en anglais, qui n’en fut pas moins suivie d’une fessée, pour deux heures de colle dont vous aviez malencontreusement écopé, que vous aviez tenté de dissimuler, mais dont votre mère avait été fâcheusement instruite par Madame Paule en personne.
    (Je me souviens quant à moi d’une autre occurrence survenue pendant votre redoublement, durant laquelle vous vous trouviez placée devant un dilemme similaire : révéler parallèlement à votre mère une évaluation réussie ainsi qu’une colle. Vos vieux démons vous ayant poussé à évoquer la bonne nouvelle tout en taisant autant que possible la mauvaise, vous vous en étiez retrouvée sur les genoux maternels.)
    Pour ce soir, Diane en reste pour ses frais de ses pernicieuses attentes (elle se voit même, une fois encore, sèchement rabrouée par votre tante). Mais pour combien de temps encore bénéficierez-vous de cet état de grâce dont vous a gratifié cette rentrée ?

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  4. Merci Mardohl de ce nouveau commentaire très intéressant et fort en références à des épisodes ou situations similaires qui peuvent être comparables ou expliquer le comportement de Christinette.
    Oui, le cartable neuf est vécu comme une page qui se tourne, du moins l'espérais-je sur le moment. Il était bien le véhicule de nombre de nouvelles, bonnes parfois, mais mauvaises hélas en bien des cas, sous la forme du carnet mensuel, de copies corrigées ramenées à signer, de mots des profs sur le carnet de liaison, de punitions style des lignes à faire, bref de choses délicates à annoncer, difficiles à avouer, et surtout dont je craignais à juste titre les conséquences...
    Bien sûr, le plus redouté des messages, à savoir le bulletin de colle, arrivait quant à lui par la Poste, et m'amenait sans coup férir sur les genoux maternels, mais le cartable fut souvent associé à bien des tracas postérieurs pour moi. Surtout quand Maman devinant mon angoisse se mettait à fouiller mon cartable dès mon retour à la maison...
    Bref, le fait d'avoir un cartable neuf était en effet comme un espoir de changement.
    Cela dit, Mardohl, je me souviens d'avoir aussi associé des vêtements nouveaux à une sorte de porte-bonheur. Si vous pouviez me trouver la référence, cela me plairait assez. Merci d'avance !

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  5. Autre message pour Mardohl : je n'ai pas conscience qu'il puisse y avoir eu une faute professionnelle de Mlle Paule (que vous appelez Mme, mais qui à l'époque tenait à ce titre qui, parait-il est à proscrire maintenant).
    N'étant pas enseignante, je ne sais ce qui se fait ou pas, mais j'apprécie que vous compreniez sa démarche. Elle devait vouloir renseigner sa nouvelle consoeur sur les classes, et particulièrement sur les individualités marquantes que la jeune prof allait découvrir.
    Moi à l'époque, en revanche, ravie de ne plus avoir affaire à ma bête noire, je prenais comme un ultime mauvais coup de Mlle Paule qu'elle ait pu donner son avis et dresser le portrait de quelques fortes individualités (à son point de vue), et dont je faisais assurément partie... Voilà qui m'incitait à faire attention avec la nouvelle...

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  6. Mardohl souligne aussi comment l'annonce d'une bonne note a pu, du fait d'une réflexion vexante de Maman à Tata, et de ma réaction un tantinet arrogante, et surtout agacée, me valoir une menace de fessée qui, par son ton, ne souffre aucune contestation, et me rappelle bien que, même passée en Quatrième, je doive craindre pour mes fesses. Ce qui ne tombe pas dans l'oreille d'une sourde, en nourrissant l'imagination de Diane toujours aux aguets...
    Ajoutons aussi une référence judicieuse (même si Mardohl ne précise pas la date) à un épisode de Cinquième où l'obtention d'une bonne note le même jour que la récolte de deux heures de colle, m'avait faite hésiter à annoncer les deux nouvelles en même temps, mais que du fait de mes "vieux démons" (préférant mentir et gagner du temps) je n'avais pas échappé à une nouvelle fessée...
    Encore un souvenir qui reste gravé dans la mémoire de Christinette, et qui pouvait ressurgir à des moments d'angoisse comme pour illustrer ce que je craignais à nouveau...

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  7. Chère Christine, je réponds point par point à chacun de vos trois derniers posts.
    D’abord, je m’avoue bien incapable de vous situer la référence exacte concernant la précédente corrélation entre des vêtements neufs et une immunité fessière. Tout ce dont je me souviens, c’est qu’elle n’apparaissait pas directement dans le corpus de vos textes, mais dans une réponse que vous m’aviez personnellement adressée à l’un de mes commentaires.
    Ensuite, je me suis mal fait comprendre concernant la « faute professionnelle ». Je ne l’imputais pas à MADEMOISELLE Paule, mais à votre nouvelle professeure. En effet, je ne reprochais pas à votre ancienne bête noire d’avoir renseigné sa jeune collègue au sujet de ses futurs étudiants, et plus particulièrement de l’avoir mise en garde contre quelques éléments perturbateurs (ce qui relève de la plus pure conscience professionnelle), mais à ladite jeune collègue de vous en divulguer l’écho, qui plus est devant vos camarades. Ce qui se transmet en salle des professeurs ne doit pas en principe être révélé aux élèves.
    Enfin, concernant ma deuxième référence (celle du bonne note adjointe d’une colle) je ne saurai non plus vous la préciser, mais je me souviens que l’un des épisodes s’inscrivant dans cette séquence s’intitulait à peu près : « Comment gaspiller bêtement un joker », ledit joker s’avérant l’heureuse nouvelle dévoilée trop rapidement.

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  8. Merci Mardohl de ces précisions. Je vois que vous reprochez à la nouvelle prof d'avoir révélé les confidences et recommandations de Mlle Paule. Vous justifiez même que cette dernière ait pu conseiller sa jeune collègue. Réflexion faite, la Christine de maintenant le comprend, mais j'avoue que la Christinette d'alors avait du mal à admettre que l'ancienne enseignante, dont elle était enfin débarrassée, puisse avertir la nouvelle des travers de certains élèves. Et j'en ai eu hélas la preuve un peu plus tard dans l'année... Mais, nous n'en sommes pas encore là...

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  9. Pour ce qui est, Mardohl, de ce que vous appelez une "corrélation entre des vêtements neufs et une immunité fessière", il est vrai que j'ai parfois associé certains vêtements à une fessée reçue... Ou à une fessée que je savais inévitable...
    C'était le cas quand je savais que le jour même arriverait au courrier un bulletin de colle, j'imaginais en m'habillant ce qui m'attendait...
    Maman ne le savait pas encore, mais comme elle choisissait nos tenues chaque jour, je découvrais parfois avec un mauvais présage que j'allais être habillée de telle ou telle manière en rentrant le soir du collège... où une fessée m'attendrait...
    C'était le cas aussi quand j'étais envoyée prendre ma douche ou me mettre en pyjama après le dîner, et que Maman avait préparé à côté de mon lit un pyjama tout propre bien plié, comme si elle choisissait ma tenue de fessée...

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