lundi 16 juillet 2012

Chronique d'un redoublement : 43. Des confidences maternelles bien gênantes

SUITE 42

Comme Maman l'avait laissé entendre, nous eumes la visite de Mamie en milieu d'après-midi. Elle apportait un de ses gateaux pour notre goûter. C'était un quatre-quarts aux pommes que Maman appréciait plus que celui au chocolat qu'elle trouvait trop lourd, mais dont nous raffolions, mes soeurs et moi.
Cela donna lieu à un goûter en famille, autour de la table de la salle à manger qui donnait largement sur le salon.
Aline et Diane se plaisaient à jouer les gamines modèles, se proposant pour aider, alors que j'étais plus réservée, tendant le dos quant aux sujets qui allaient être abordés.
Notre grand-mère s'enquit évidemment de la bonne marche de la maisonnée, félicitant les petites de leur gentillesse quasi suspecte. Diane, toujours rusée, lança un : "Hein qu'on est gentilles, Aline et moi, M'man ?" qui était une manière de se démarquer et d'amener le sujet sur mon propre cas...
Maman ne répliqua pas directement comme je le craignais, se contentant d'un "C'est vrai que je n'ai pas eu à me plaindre de vous deux, mais la journée n'est pas finie".
Mamie n'en comprit pas moins qu'il y avait un malaise avec moi, et ma mine tendue la poussa à poser la question : "Voyons, Christine, tu n'aurais pas encore fait des tiennes ?" Je détournai le regard, n'ayant pas envie de répondre oui, et ne pouvant nier l'évidence devant tout le monde.
C'est donc Maman qui confirma : "Oui, hélas oui. Notre chère redoublante se croit encore permis de chahuter en classe, de récolter des heures de colle, et de ne pas me le dire. Mais, elle faisait moins la fière, hier soir, quand elle s'est retrouvée sur mes genoux pour une bonne fessée devant ses soeurs."
Mamie compatit en me disant : "Ma pauvre Christine, tu devrais faire des efforts quand même". Il y a quelques mois encore, elle aurait pris ma défense plus nettement, n'aimant guère l'idée que sa fille sévisse contre l'ainée chérie de ses petites-filles. Mais, il y avait eu ce redoublement, décevant quant à mon image, et que Maman avait expliqué comme la preuve qu'au contraire je n'avais peut-être pas été assez "surveillée" et, quand il le fallait, "remise dans le droit chemin" de la manière que chacun devine aisément...
Tentant toutefois de désamorcer la tension qui m'étreignait au rappel de ces faits, elle ajouta : "Allez, que cela ne te coupe pas l'appétit, Christine. Si ta Maman te l'a donnée, c'est que tu la méritais. Une fessée, ça permet de réfléchir avant de refaire des bêtises".
Maman haussa les épaules et soupira longuement, avant de confier : "Oui, mais parfois, avec Christine, une fessée, cela ne suffit pas..."



Mamie montra son étonnement après cette réflexion, et ma chère mère se fit un devoir d'expliquer : "Je pensais aussi qu'une bonne fessée calmerait Christine, mais alors que je venais la consoler, il a fallu qu'elle se rebelle et me réponde effrontément. Comme quoi, elle n'avait pas encore bien compris la leçon".
Mamie émit l'hypothèse : "Elle était sûrement juste énervée et vexée d'avoir été punie".
Maman réfuta l'argument : "Ce n'est pas une raison. Et si Mademoiselle était vexée d'avoir été fessée devant ses soeurs, cela devrait au contraire l'inciter à ne plus me mentir et à filer droit. En tout cas, je l'ai calmée à ma manière... Je l'ai sortie du lit et rebasculée en travers de mes cuisses. Je lui ai baissé à nouveau sa culotte, ses fesses étaient encore tièdes de la première tannée, mais quitte à avoir mal aux mains, je lui ai redonné une fessée qu'elle n'est pas près d'oublier, n'est-ce pas Christine ?"
J'ai rougi comme une pivoine, d'autant que les regards brillants de mes soeurs témoignaient plus de satisfaction que de compassion. Elles venaient d'avoir un compte-rendu détaillé de la fin de l'épisode de la veille. Cela ne valait pas une version avec l'image, mais ce qu'elles avaient entendu ajouté aux mots de Maman suffisait à leur faire imaginer parfaitement la scène...
J'eus ensuite du mal à finir ma part de gateau, me retenant difficilement de pleurer, à cette évocation qui me faisait revivre cette soirée mémorable...

A SUIVRE

6 commentaires:

  1. Et voilà, c’est à peu de choses près ce que j’avais prédit : Christine se voit la vedette bien involontaire de confidences familiales.
    Tout cela dans le background bien proustien, et qui a dû solliciter votre mémoire (le quatre-quarts aux pommes de Mamie accusant quelque ressemblance avec une certaine madeleine), d’un chaleureux goûter familial par un pluvieux jour d’automne.
    Les cadettes, incorrigibles, jouent les petites filles modèles pour amener la conversation sur la récente déconvenue postérieure de leur aînée, ce qui ne tarde guère… et qui par le jeu des questions-réponses entre la grand-maman et la maman, aboutit rapidement à cette deuxième fessée, au sujet de laquelle Aline et Diane s’avèrent si avides de se renseigner. Las, pour elles, un coin du voile est désormais levé, pour le plus grand embarras de Christine, dont la stratégie de recel se trouve partiellement éventée, qui dès lors n’a plus qu’à rougir et à se retenir de pleurer.

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  2. Chère Christine,

    Voilà quand cette journée maussade, dédié au recueillement et aux civilités pour les défunts, une éclaircie apparaît par la venue chez les SPAAK de cette chère Mamie (aussi tendre que Tata, envers les demoiselles et en particulier la 'presque grande' Christine), apportant une douceur à partager en famille.

    Cette quiétude gourmande, délie les langues et favorise les bonnes actions, essentiellement celles des petiotes plus obséquieuses et vantant leurs mérites de sagesse, à qui veux l'entendre, sauf pour Maman qui temporise l'ardeur des punaises tout en laissant planer un doute sur l'aînée, n'échappant pas à la sagacité de Mamie qui s'interroge.

    Et là, s'engage un dialogue de questions/réponses entre mère et fille (seniors) indisposant notre narratrice (consciente de son statut) gênée par le remake de sa punition publique et pressent le dérapage maternel sur la suite privée, aider en cela par le bon sens et la surprise de Mamie.

    Dés lors, tel un ressort tendu par l'émotion, Christine aussi impuissante qu'affligée assiste à l'évocation détaillée d'un final intime, constatant à regret qu'il s'agit d'un joker pour les petites sœurs qui n'ayant eu que la bande son, expriment alors leurs contentement et lui coupe l'appétit, se remémorant cette soirée historique.

    Chère conteuse, sans vouloir me montrer funeste, je subodore d'autres péripéties pour notre redoublante qui ne peux (ou ne veux) faire les bons choix et obtenir le statut de vraie grande fille, vis à vis d'une mère aimante, mais qui reste fidèle à ses principes éducatifs (entretenus par ses filles et notamment l'aînée).

    Cordialement, Dominique

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  3. Mardohl et Dominique, c'est un grand plaisir de vous lire et que vous fassiez vivre ce blog fidèlement. Même si vous semblez prévoir des suites plutôt "chaleureuses" pour ma lune qui préférerait rester bien blanche...

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  4. Chère Christine,

    Sachez chère conteuse que le plaisir est partagé et que cette fidélité à votre blog (comme d'autres lecteurs), résulte justement du fait que Madame SPAAK maîtrise parfaitement l'art des rendez-vous 'très chaleureux' pour les fesses de sa fille, qui les vit intensément et nous les retranscris avec beaucoup de panache, incitant nos réactions.

    Alors si je comprend votre souhait de conserver l'immaculée de votre lune, il n'en va pas de même pour nous autres lecteurs, dont la préférence s'oriente plutôt vers une coloration plus soutenue de celle-ci, dont votre mère avait la recette.

    Pour Mardohl, en effet j'ai du lire trop vite le passage sur la démarche commémorative amenant à une introduction erronée, qui me voudra sûrement quelques points en moins sur ma copie, boutade envers M le professeur, que je félicite pour son acuité.

    Cordialement, Dominique

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  5. "Même si vous semblez prévoir des suites plutôt "chaleureuses" pour ma lune qui préférerait rester bien blanche" dixit Christine.

    Ah mais permettez, Madame Spaak, c'est Dominique qui prévoit ça, pas moi ! Moi je n'ai rien écrit de tel, moi je ne subodore rien du tout, moi je me contente de vous lire.

    (Et voilà que ce faisant je fayotte comme vos "punaises" de petites sœurs !^^ Allez, je vais rédiger dans la journée la critique de votre excellent épisode 44.)

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  6. Chère Christine,

    Je vois que Mardohl s'exonère (comme le faisait Christine) rejetant la responsabilité sur ses camarades et s'inscrit en petit cafteur pour se dédouaner, alors qu'il a souvent évoquer ces présages pour vos rondeurs lors de ses commentaires, mais j'apprécie cette réaction pleine de finesse humoristique que je qualifierai de 'Mardohlienne' (petit clin d'oeil).

    Amicalement, Dominique

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