dimanche 15 juillet 2012

Chronique d'un redoublement : 42. Des pensées au lendemain d'une soirée douloureuse

SUITE 41


Cette dernière journée d'un week-end à rallonge mémorable pour mes fesses se déroula finalement dans le calme. Autant il avait fait beau depuis samedi, autant ce mardi férié, offrait un vrai "temps de Toussaint" comme l'on disait.
Maman ayant été porter au cours de la semaine quelques chrysanthèmes sur les tombes des arrière-grands-parents et d'une grande tante défunte, elle nous épargna le traditionnel défilé au cimetière qui n'est guère une sortie prisée par des enfants.
Il faisait mauvais et elle avait encore quelques tâches de repassage et de raccomodage à faire, et comme nous nous étions bien aérées les jours précédents, Maman préféra que nous restions à la maison, tranquilles, en sachant que Mamie ou Tata passeraient bien au retour de leur visite au cimetière.
Maman sentait d'ailleurs que sa petite troupe serait assurément sage, avec une grande bien calmée et des petites qui ne tenteraient pas le diable, dans une maison où elles avaient de leurs yeux vu ce qu'une bonne déculottée voulait dire, et deviné à l'oreille que, si cela ne suffisait pas, Maman savait doubler la mise sur les fesses de leur grande soeur...


Les petites ne tardèrent pas à descendre à leur tour alors que je finissais mon bol de chocolat et mes deux tartines beurrées. Maman était contente que nous ayons fait une bonne grasse matinée, d'autant que les petites qui avaient pu voir le film de Disney s'étaient couchées un peu plus tard que d'habitude. Maman s'en réjouit, et je vis que cela faisait plaisir à Aline et Diane qu'elle rappelle que les petites avaient pu profiter d'une soirée en forme de récompense... Et si elle ne le dit pas directement, cela ne pouvait qu'évoquer combien ma soirée à moi avait été tout autre...

Je le lisais dans les yeux d'Aline et Diane. Elles n'auraient pas osé, dès le matin, devant Maman, se moquer de moi, mais, en tout cas, elles paraissaient enjouées avec cette manière de relever la tête, cette sorte de fierté de celles qui ont été récompensées, une attitude contrastant avec la mienne, essayant de faire bonne figure, mais tendant le dos, fronçant les sourcils à chaque allusion même indirecte, et baissant plutôt la tête dans son bol pour éviter de croiser les autres regards...

Je n'avais qu'une envie, c'était bien sûr de tourner la page, de changer de sujet, de ne pas voir les épisodes de la veille évoqués à nouveau. A l'inverse, il y avait chez Aline et Diane, des questions restées sans réponse, et l'envie d'en savoir plus sur ce qui s'était passé dans ma chambre, sur cette deuxième fessée seulement devinée... Comme si elles se sentaient frustrées de ne pas avoir eu de ticket d'entrée pour le dénouement d'un spectacle dont elles avaient suivi les premiers actes, aux meilleures places, comme au premier rang...


A l'évidence, Maman ressentait la situation et elle n'en rajouta pas dans le rappel des événements. Ce n'était pas nécessaire, la double punition ayant été suffisante pour clore le débat, je pense.

L'épisode à rebondissement de la veille m'avait assurément calmée, mais il incitait aussi les petites à ne pas tenter le diable, tant en la matière parfois Maman pouvait avoir tendance à "rééquilibrer" les comptes, si j'ose dire...

Plus tard dans la matinée, Diane vint dans ma chambre me demandant de l'aider pour un jeu. Un prétexte pour essayer de m'amadouer, pour glisser à un moment sur ce qui s'était passé à l'abri de leurs yeux. Petite soeur était toute gentille, comme pleine de compassion, tentant de me pousser à la confidence. Je voyais bien son manège et je ne tombai pas dans le piège. Si la soirée de la veille s'était résumée à ma seule déculottée devant leurs yeux, sûr que mes soeurs auraient été dans la moquerie, auraient profité du moindre moment où nous aurions été seules pour se gausser devant moi.

Là, bizarrement, j'avais l'impression d'être dépositaire d'un secret qu'elle voulait absolument percer. Comme si il leur manquait la dernière page du chapitre, celle du dénouement. Cette deuxième fessée aurait pu me désespérer, me mortifier moralement, me faire vraiment réfléchir à mon comportement. Son aspect plus privé, plus mystérieux pour mes soeurs, m'amenait à l'accepter davantage. Elle aurait du raviver l'effet de la première, et elle l'avait fait du point de vue de la cuisson de ma lune, et de la douleur, mais du point de vue moral, de ma pudeur aussi, la suite était différente.



J'aurais pu n'avoir dans mes souvenirs cette sensation horrible et obsédante de la grande soeur traitée en gamine, à qui l'on baisse la culotte sous le nez des petites, et à qui sa Maman donne une de ces fessées d'anthologie. Mais, heureusement, oserais-je dire, il y avait eu mon mouvement d'humeur, ma réaction imprudente, qui m'avait valu de retourner sur les genoux maternels. Sauf que cette fois, c'était sans que les petites le sachent à l'avance, sans qu'elles y assistent. Cela devenait donc une histoire entre Maman et son ainée, un conflit entre la mère et la grande fille, réglé entre elles, même si concrètement c'était une fois encore une déculottée magistrale. Quelque part, c'était plus honorable, tant que Maman n'en donnait pas tous les détails à qui voulait l'entendre...

A SUIVRE

6 commentaires:

  1. Chère Christine,

    Oh ! Je n'ajoute pas le reste, pour éviter le blasphème, une livraison dominicale de la part de Christine ? Aurait eu t'-elle peur pour ces fesses ?

    Néanmoins, vous me voyez ravi de celle-ci sur laquelle je vais me pencher, afin de vous servir un commentaire comme vous les appréciez, imaginant que le précédent vous a convenu, même s'il fût sans écho à l'inverse de celui de Sonia (remarquable au passage).

    Merci, toutefois, pour ce nouvel opus que je vais lire de ce pas, afin d'y répondre comme il se doit à l'instar de vos fessées maternelles.

    Amicalement, Dominique

    RépondreSupprimer
  2. Rassurez vous Dominique, j'ai apprécié aussi votre commentaire. C'est vrai aussi que j'ai préféré livrer une suite à mon récit, étant en quelque sorte "re-motivée" par les petits mots de mes fidèles lecteurs et lectrices. Le petit jeu de (fausses) menaces de le dire à Mme Spaak m'a titillée, je l'avoue. Plus le mauvais temps qui m'a empêchée de sortir. D'où ces confidences dominicales (pour Dominique, ça s'impose, hi hi...).

    RépondreSupprimer
  3. Chère Christine,

    Voilà le dernier jour d'un viaduc qui se termine dans une certaine quiétude familiale, malgré le mauvais temps, Maman allant honorer les défunts dans l'intimité, préservant ses filles de cette démarche funeste, seule question durant ce temps qui avait la garde de la troupe ? La grande Christine qui doublement fessée, était redevenue apte à surveiller les petiotes ?

    On peut l'imaginer, mademoiselle 'je m'en fiche' étant bien calmée et n'ayant aucune envie de se retrouver dans le même position, aussi inconfortable que douloureuse, mais salutaire à la jeune fille naissante et des petites se méfiant, ne voulant pas prendre la suite de la grande sœur.

    Dés lors, pour Maman, cette double action punitive envers sa grande fille (qui le méritait), lui permet d'asseoir son autorité et d'envisager une journée tranquille, sans perturbation de la part des ses filles (l'une bien soignée et les 2 autres ayant des images et du son plein la tête, les invitant au calme).

    La gène de Christine est palpable face au regards de ses sœurs, qui sans se moquer ouvertement de la grande sœur, par crainte d'être reprisent par Maman, arborent une attitude sans équivoque que notre narratrice ressent fort bien, toute comme l'interrogation des petiotes concernant le dernier épisode auquel elles n'ont pas eu la chance d'assister sur lequel votre mère n'insiste pas.

    Les petiotes ayant alors comme un vide, qui déçues d'avoir raté la conclusion veulent en savoir davantage et par l'intermédiaire de Diane (plus perfide), tente une approche sournoise pour avoir les détails de cette partie manquée et dont elles auraient pu tiré, bons nombres de moqueries, mais la grande sœur ne tombe pas dans le panneau.

    Et voilà notre conteuse qui ressent un certain soulagement moral, vis à vis de cette soirée historique pour ces fesses, presque satisfaite par son effronterie lui coûtant néanmoins une nouvelle déculottée, mais de façon plus habituelle, dans son antre et entre quatre yeux, moins marquante pour son esprit, à la condition qu'aucune publicité n'en soit faîte.

    Chère Christine, ouvrant votre blog pour poster ce commentaire, je découvre la livraison de l'opus 43 au lendemain du 42 'Dominical, accompagné d'humour à mon égard' et apprécie, comme d'autres lecteurs certainement, votre remise au travail, ce dont je vous félicite.

    Amicalement, Dominique

    RépondreSupprimer
  4. Comme quoi, Christine peut être gentille, non ? A bientôt de vous lire sur la suite. Cordialement.

    RépondreSupprimer
  5. Chère Christine,

    Oh mais oui ! Bien sur que la conteuse peut être gentille, au même titre que la Christine pré-adolescence craignant pour ses fesses et changeant d'attitude, sous la fausse pression de ses lecteurs, imaginant pouvoir lui concocter une symphonie pour ses rondeurs habituées aux concerts maternels et la faisant réagir positivement, n'est-ce pas Chère Christine (hi hi..., au le vilain garçon !).

    Cordialement et amicalement, Dominique ( je me penche sur le 43, promis)

    RépondreSupprimer
  6. Cet épisode commence par l’un de ces détails bien réalistes qui confèrent à vos récits profondeur et vérité. Ainsi, vous évoquez le pèlerinage de la Toussaint sur les tombes des défunts, que Madame Spaak, en bonne catholique, ne saurait esquiver, mais qui, en mère complaisante, l’épargne à sa progéniture. (Dominique, vous me semblez avoir commis sur ce point une erreur d’interprétation : c’est « au cours de la semaine », et non en ce mardi, contrairement à Mamie ou Tata, que Madame Spaak, prévoyante, a fleuri le cimetière.)
    Le thème que vous prolongez à merveille dans ce chapitre, chère Christine, consiste dans le mystère dont demeure enrobé, pour les petites, votre deuxième déculottée, celle reçue dans votre chambre. D’où leur curiosité, leur questionnement silencieux, leur frustration latente, les tentatives perfides de Diane pour vous tirer (bien en vain) les vers du nez, comme si elles se trouvaient au lendemain d’un spectacle dont elles auraient été privées du second acte.
    Du coup, Christine semble reprendre l’avantage, face à ses cadettes qui ne jouent plus sur le registre de la moquerie, mais bien sur celui de la sournoiserie : leur aînée, de par cette deuxième fessée administrée, et celle-ci dans l’intimité, devenant, comme vous l’avez écrit, « dépositaire d’un secret » qu’elle se garde bien de dévoiler.
    Voilà qui finalement ne peut que confirmer Christine dans ses velléités existentialistes, l’encourager dans ses (mauvais) penchants dilatoires, la pousser à user et abuser de la marge de manœuvre, plus ou moins large, qu’elle se voit octroyée, puisque cette deuxième fessée, voulue, subie, assumée, mais cette fois sans témoin autre que sa mère, lui permet en quelque sorte d’avoir le dernier mot face à ses petites sœurs, d’estomper sans délai, dans l’esprit de chacune, le souvenir affreusement humiliant de l’infantilisante déculottée en public.
    Cependant, la journée n’est pas terminée, et il n’est pas impossible que la visite de votre grand-mère ou de votre tante ne suscitera de la part de votre Maman un récit bien gênant pour notre héroïne…

    RépondreSupprimer