mardi 7 février 2012

Chronique d'un redoublement : 24. Qui dit "première" sous-entend d'autres...

SUITE 23

Je suis restée plusieurs minutes dans une sorte d'état second. Maman avait quitté la pièce et refermé la porte derrière elle, J'étais sur mon lit, culotte encore baissée, la lune rougie, seule avec mon désespoir, ma peine. Mais, à l'abri des regards.
La fessée m'ayant été donnée en mon univers, entre quatre murs, je n'avais pas eu à me rhabiller à la hâte et à fuir en tentant de protéger mes rougeurs des regards.


J'étais dans un état de choc, comme si je venais de retomber sur terre après des semaines de vol plané, sans anicroche. Cette fessée me remettait à ma place, celle d'une redoublante à qui sa mère demande de faire des efforts, et de ramener évidemment de meilleurs résultats que ceux qui lui avaient valu de redoubler...
La fessée avait aussi témoigné de l'état d'esprit maternel : calme et déterminé. Sûre de son fait, claire dans sa méthode.
Epargnée depuis des semaines, je savais bien que la prochaine allait venir, que j'allais y avoir à nouveau droit, et j'avais tendance à théâtraliser mes peurs, à imaginer la grande scène magistrale, comme un prolongement de la tannée reçue pour le redoublement.
Mais, Maman avait choisi un autre registre, et à tout bien y penser, je commençais à penser que ce n'était pas forcément mieux pour moi...
Les grandes scènes, les démonstrations fortes ne peuvent qu'être exceptionnelles, si l'on veut qu'elles soient craintes vraiment.
Le redoublement, voire la tricherie après de longues semaines de calme, justifiaient des déculottées devant mes soeurs et des fessées servant d'exemple à tous.
Là, il s'agissait d'une mauvaise note, mais moins catastrophique qu'un zéro, et surtout d'une appréciation d'une prof en forme de rappel à l'ordre.
Cela ne valait pas la volée de l'année, mais bien la fessée quand même. Maman ne m'avait pas laissée argumenter. Il n'y avait rien à discuter, et c'est bien ce qu'il fallait que je comprenne. Il n'y avait pas place à la négociation. C'était ainsi, et cela voulait dire : ce sera ainsi à l'avenir...
Une mauvaise note, un mensonge, deux heures de colle, une note d'un prof à signer, ce serait la fessée, un point c'est tout...
Je comprenais maintenant clairement le message de Maman. Ce serait ainsi, et je n'avais qu'à l'admettre, sinon, si je me révoltais ou si le motif était plus grave encore, j'aurais droit justement à la grande scène...



Au bout d'un moment, je suis sortie de ma torpeur, et j'ai remonté ma culotte sur une lune écarlate, dont je sentis encore la chaleur en m'endormant, me provoquant des rêves qui tenaient plus du cauchemar...
Le lendemain matin, au petit-déjeuner, je retrouvai les regards pétillants de mes soeurs, comme toujours ravies d'avoir entre elles un sujet de moquerie vis à vis de leur ainée...
Maman ne fit guère d'allusion à la scène de la veille au soir et cela m'aida à passer ce mauvais moment.
En revanche, quand je revins à midi, ma grand-mère maternelle était à la maison. Elle venait de rentrer de trois semaines de cure thermale, et avait hâte de savoir tout ce qui s'était passé depuis son départ.
Maman évoqua les bonnes notes de Diane, les difficultés d'Aline malgré un travail réel, quand à moi, elle dit : "Ca a l'air d'aller. Heureusement quand même, car en redoublant, cela doit être plus facile, et j'attends d'elle de vrais progrès par rapport à l'an passé".
Mamie coupa la parole à Maman : "Tu vois que parfois un redoublement peut être salutaire. Christine va faire des étincelles, c'est sûr".
Maman eut un petit sourire : "Oui, enfin, des étincelles, ce n'est pas encore ça. Si les premières notes étaient encourageantes, Mademoiselle s'est déjà distinguée en ratant un contrôle en anglais, ce qui lui a valu pas plus tard qu'hier soir une bonne fessée".  Avant d'ajouter : "La première de l'année..."  suivie d'un silence qui en disait long.


Assise à la table de la cuisine, j'écoutais en tentant de faire bonne figure ces confidences maternelles. Mais, le dernier bout de phrase me fit grimacer et j'éclatai en sanglots.
"Arrête tes simagrées, Christine", lança Maman, alors que Mamie vint me consoler en mettant sa main sur mon épaule.
"Allez, ne pleure pas, ma grande. Ce n'est pas si grave. Tu as entendu : ta Maman a dit que tu avais même bien commencé l'année. Le premier mois est presque fini, et tu n'as été grondée qu'une fois. C'est un bon début je trouve. C'est bien ma chérie. Je suis sûre que tu vas encore mieux travailler maintenant." tentait de me rassurer Mamie.
Par chance, les petites arrivaient seulement et n'entendirent pas cet échange. Moi, je séchai mes larmes, mais les mots de Mamie m'avaient plutôt plombé le moral. Je sais qu'elle disait cela avec une bonne intention, pour me consoler, mais je les interprétais à ma façon. J'avais l'impression qu'elle m'avait dit : "Félicitations, Christine, une seule fessée en trois semaines, c'est bien ma chérie. Tu sais, continue comme ça et ce sera bien..."


Je prenais encore davantage conscience que, même Mamie qui était comme Tata Jacqueline plutôt du genre à me défendre, même Mamie donc trouvait déjà positif que je n'en ai pas pris davantage, et donc pensait au fond d'elle même que l'ainée de ses petites-filles retrouverait souvent les genoux maternels durant cette année de redoublement...

A SUIVRE

10 commentaires:

  1. Merci pour ce récit Christine! J'aime beaucoup ce moment de se réfugier dans l'intimité de la chambre fermée entre ses quatre murs sur lequel vous commencez, et la série de photos de fessées en pyjama que vous enchaînez depuis le message précédent est tombe très juste. Mais ce qui m'a touché, c'est la fin de votre récit: je me suis toujours demandé si le moment de la consolation n'était pas le plus troublant...

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  2. Chère Christine,

    Voilà une demoiselle, seule dans son antre, où elle vient de vivre un moment détestable dont les effets douloureux sont encore présents et lui font 'oublier' sa pudeur naturelle demeurant prostrée les fesses à l'air, consciente que cette année scolaire sera sans aucune concession de la part de Maman.

    Notre conteuse fait une chute vertigineuse vers la réalité des choses, comprenant que Maman sera intraitable à son égard et savait que la trêve ne durerait pas éternellement, imaginant un scénario identique aux deux dernières volées reçues, pour servir d'exemple.

    Mais telle n'est pas la volonté de Maman pour cette mauvaise note, administrant néanmoins une bonne fessée à sa fille, décidée qu'elle est à ne rien laisser passer en cette année de redoublement et en fera la démonstration autant de fois que nécessaire, à Christine d'inverser la tendance et ainsi éviter des retours fréquents sur les genoux d'une mère déterminée, confiante dans sa méthode.

    Notre narratrice prend alors conscience, que chaque écart de sa part sera ponctué par la fessée sans aucune rémission ou compromis et sachant aussi qu'en cas de rébellion ou de motif plus grave, la fessée se transformera en tannée exemplaire plus marquante pour son amour propre et ses rondeurs jumelles.

    Et voilà Christine, désemparée par l'évocation de cette bonne fessée par Maman précisant qu'il ne s'agit que de la 'première de l'année' faisant alors craquer la demoiselle qui se voit consolée par Mamie, dont les propos au demeurant apaisants sont traduits par l'esprit de Christine, comme une épée de Damoclès au dessus de ses fesses.

    Amicalement, Dominique.

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  3. Oui, Dominique, une épée de Damoclès en forme de main, pour ainsi dire. Une grande paume, comme une giroflée à cinq pétales, prête à imprimer sa marque cuisante et rougissante sur mes fesses...

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  4. Chère Christine,

    En effet, Christine, je pense même que la giroflée risque de s'imprimer souvent sur vos fesses et transposer la couleur de ses pétales sur vos rondeurs, qu'en pensez vous ?

    Amicalement, Dominique.

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  5. Bonjour Christine,

    Combien de fois je me suis retrouvée dans cette situation de prostration, après une bonne fessée de Maman pleurante dans le creux de mon oreiller et m'en voulant d'avoir été assez idiote pour me fait prendre ou ne pas avoir obéi.

    L'état de choc que vous évoquez est compréhensible, surtout après une longue période de calme que j'ai également connue, étant plus sage ou Maman n'ayant pas eu connaissance de mes bêtises durant plusieurs semaines, ma petite sœur Anaïs focalisant l'attention de notre mère.

    Tant qu'à l'état d'esprit de votre mère, celui-ci ne peut être que différent par rapport à ce redoublement, dont elle se sent en partie responsable et se reprochant certainement son manque de fermeté envers vous, au cours des deux années précédentes.
    Et voilà pourquoi, elle confirme à sa mère, sa volonté de suivre pas à pas et sans aucune concession l'effort de travail que fournira sa fille, durant l'année.

    Ni ma sœur, ni moi n'avons vécue la situation d'un redoublement, du fait 'peut être' que Maman vérifiait tous les soirs nos cartables et entretenait des relations quotidiennes avec nos enseignants, l'amenant à moduler son action sur nos fesses avec plus ou moins de vigueur selon les faits et les circonstances.

    Pour conclure, j'imagine aisément que votre mère étant particulièrement courroucée par ce redoublement, ne vous accordera aucune clémence et saura vous faire payer le moindre écart.

    Je vous adresse la suite de mon anniversaire, dés que possible.

    A bientôt, Sonia.

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  6. Chère Christine,

    Eh bien, dites moi, vos fidèles lecteurs se seraient ils inscrits aux abonnés absents (à part Sonia) ? A moins peut être, que vous ne leur ayez transmis l'un de vos travers ( petite paresseuse) chronique et inguérissable, malgré les attentions particulières de Maman SPAAK sur vos rondeurs jumelles, n'est-ce pas chère conteuse, hihi......... ?

    Amicalement, Dominique

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  7. Bonjour Christine,

    Comme promis voici la suite de ce mémorable douzième anniversaire :
    Ayant terminé l'installation avec Papa, je rejoins Maman et Anaïs à la cuisine (toujours très tendue par l'événement, malgré l'intervention de Papa), manifestant une agitation totalement improductive, stressant ma sœur (au lieu de l'aider) qui s'appliquait calmement à ses taches comme le lui avait demandé Maman.

    Au bout d'un moment, mon attitude déplaisant à Maman, celle-ci haussa légèrement le ton et me dit : « Sonia ! Cesse donc de faire du vent, en tournant comme une girouette et ennuyer ta sœur ou alors file dans ta chambre, ce sera plus utile, c'est compris ? ». Loin d'être calmer, cette remarque fort justifiée, déclencha en moi une réaction aussi effrontée que stupide en répondant : « Oh, ras le bol, personne ne s'intéresse à moi, ici ! ».

    Prononçant ces paroles, sous le coup de la colère et voyant le regard noir de Maman, je pris conscience de ma boulette, ce que me confirma Maman : « Ah ! personne ne s'intéresse à toi, ici ? Et bien, ma chère fille, je vais faire en sorte de te prouver le contraire dés maintenant ! » et là prise de panique, je balbutiais avec des sanglots dans la voix: « Noonn.., Mamaaannn..., Noonn.., pardoonn..., euhhh...! Je voulais pas dire çaaaa...., euhhh..., Mamaann, je suis désoléeeeee....,! ».

    Néanmoins, aux yeux de Maman ce mea-culpa n'enlevait rien à mon effronterie et il était de son devoir de la sanctionner sur le champ, tout en me précisant d'une voix très calme : « Bien sur, ma chérie, je sais que tu regrettes sincèrement, mais vois-tu, je pense que l'avertissement de Papa n'a pas été aussi salutaire que prévu et qu'une mise au point plus précise, permettrait de te calmer, qu'en penses tu ? ».

    Autant vous dire que je me sentais très mal, à ce moment, sachant ce que cette interrogation signifiait et à laquelle, je ne pouvais répondre, si ce n'est par ces sanglots perlant maintenant au bord de mes yeux, baissant la tête soumise à l'autorité et la volonté de Maman, de me faire comprendre que l'insolence ou la colère, n'étaient pas de mise pour les demoiselles vivant en cette demeure et j'allais en avoir la preuve douloureusement cuisante.

    A suivre...

    A bientôt, Sonia

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  8. Dominique, merci de ce constat. Mais, écrire pour dire que personne n'écrit n'est pas très constructif, non ? Je préférerais un commentaire digne de ce nom. Merci d'avance...

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  9. Je précise ici que je ne publie que ce qui est dans le ton. J'ai reçu notamment des délires de personnes se vantant de corriger et fouetter des gamines et de s'en amuser. C'est insupportable, répréhensible pénalement, et indigne d'être publié. Merci à ces fantasmeurs d'aller voir ailleurs.

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  10. Chère Christine,

    Zut alors ! Vous devancez ma réactivité, ayant lu votre post et celui de Sonia, je m'apprêtais à répondre une fois revenu de la boulangerie et voilà que je découvre l'épisode 25, bravo Christine.

    Pour l'anecdote, sachez que celui-ci commençait par un « Oh, Christine ! Paresseuse et gourmande envers l'un de ses plus fidèles lecteurs, cela ne l'incite pas à la clémence pour vos fesses, hihi....! » Ceci dit je vais me pencher sur ce nouveau récit et m'appliquer à vous servir un commentaire 'digne de ce nom' comme vous le dites si bien, en souhaitant qu'il soit à la hauteur de vos espérances, à l'inverse des délires de personnes sexuellement insatisfaites et se complaisant dans l'opprobre, à la condition qu'ils comprennent le sens de ce mot, je vous rejoins totalement chère narratrice.

    Amicalement, Dominique

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