mardi 17 mai 2011

Ces instants vexatoires : une autre promesse qui calme... et sa suite claquante... (4)

SUITE 4

Un bruit dans l'escalier. Le pas de Maman. J'ai le coeur qui accélère...
"Aline, Diane, préparez vous. Il va falloir bientôt aller au bain...". Maman n'a pas dit : "Venez tout de suite". Je traduis qu'elle va faire autre chose avant, j'ai le bas du dos qui frissonne...
Et, effectivement, Maman vient vers ma chambre. J'ai reculé et suis debout bras ballants devant mon lit, pas rassurée...
Elle entre et me dévisage : "Qu'est-ce que tu fais plantée là, Christine ?"
Je balbutie : "Bah, euh, M'man, euh, je t'attends..."
Elle met les mains sur ses hanches : "Je t'ai pas dit de ne rien faire. Tu pourrais réviser tes leçons. (je rétorque que je n'ai pas de devoirs) Si tu as fini, tu n'as qu'à aller mettre la table pendant que je donne le bain à te soeurs. Au moins tu te rendras utile".
Je prends cette (petite) corvée comme un soulagement. J'ai eu peur pour rien et je file exécuter les ordres, trop contente du sursis accordé...



Dans la cuisine, la cocotte mijote à feu doux. Je dresse la table, avec couverts, assiettes et verres. Je n'oublie pas les serviettes, la cruche d'eau, la corbeille à pain. Je joue les aide-ménagères modèles, pendant que j'entends mes soeurs jouer dans la baignoire avant que Maman ne les lave.




La table est mise. Je n'ai pas envie de remonter, de passer devant la salle de bains, de demander quoi faire à Maman qui risque de me dire d'aller "l'attendre" avec tout ce que cela comporte comme sous-entendus...
Je reste donc dans les escaliers, songeuse, l'oreille tentant de capter les conversations dans la salle de bains. Un début de chamaillerie entre mes soeurs, quelques gouttes qui tombent sur le carrelage de la faute de Diane, et un peu de shampoing qui pique les yeux d'Aline, les petits incidents classiques du bain des petites ne dégénèrent pas ce soir...
Maman veille au grain, et il suffit de quelques allusions du style : "Gare à vos fesses" ou "Si vous voulez suivre l'exemple de Christine, continuez..." pour que les petites s'assagissent. Une fois de plus, ma fessée (à venir) ramène le calme et sert à trois filles à la fois. Sauf qu'il n'y en a qu'une qui aura les fesses rouges...





 Cela me rend encore plus nerveuse. Les menaces et rappels maternels ne font que confirmer que mon heure approche, que je n'y échapperai pas, chaque rappel à mes soeurs étant une raison de plus de ne pas pouvoir ensuite se déjuger.
 Une par une mes soeurs sont sorties du bain, frictionnées et séchées par Maman, qui les envoie se mettre en pyjama. "Allez, vous avez le temps de jouer un peu dans votre chambre avant le dîner. Je vous appellerai quand ce sera prêt..."
Aline et Diane filent. J'imagine que notre "discussion" sera remise après le souper. Ne voulant pas que Maman me trouve plantée dans l'escalier, je suis redescendue dans la cuisine dès que j'ai entendu que les petites sortaient du bain.
Maman descend à son tour et me toise : "C'est bien, tu as mis la table, mais que fais-tu encore là ? Tu pourrais t'occuper au lieu de faire ta mauvaise tête".
J'encaisse sans broncher, baissant le regard, croisant les bras, grommelant des mots inaudibles.
"Je remonte alors ?", dis-je en allant vers la porte.
Maman qui vient d'ouvrir la cocotte, goûte sa préparation, une sorte d'osso bucco à sa façon, et remet à petit feu, en commentant : "Encore un quart d'heure et ce sera bon", avant de me retenir : "Hep, hep, ne te sauve pas... Viens par là qu'on règle nos affaires..."

C'est hélas ce que je craignais. J'aurais parié que cela se passerait avant le dîner. Je le sentais, mais d'un seul coup, au pied du mur, je panique.
Surtout que j'imaginais devoir attendre Maman dans ma chambre. A l'abri des regards.
"Mais, Maman, non, on peut en causer après le diner, dis...?" Mon ton est suppliant, et je réitère ma question, en promettant que j'allais lui "expliquer" le pourquoi du comment.
Sauf que ce ne sont pas les enfants qui commandent avec Maman.
Elle me fait taire et me prend par la main, m'emmenant au salon. Il y a une chaise devant la petite table qui sert de guéridon et Maman la retourne vers le centre de la pièce.
"Christine. Il n'y a rien à expliquer, ma fille. Je me fiche des raisons pour lesquelles tu as été capricieuse et insupportable. Ce qui m'importe c'est que tu comprennes la leçon que je vais te donner...", dit-elle avec un calme apparent impressionnant.
"Non, Maman, s'il te plait. Non, pas la fessée, pas maintenant", dis-je sans trouver d'autre argument.
Maman s'est assise sur la chaise et me tient toujours par le poignet. Je tente de résister, sans pour autant mettre toute ma force. Je sais ma cause perdue...
"Christine, ne fais pas la sotte. Tu sais très bien que je t'ai promis une bonne fessée et que Maman tient toujours ses promesses. Tu l'attends depuis que nous sommes rentrées du parc, je ne vais pas te faire languir plus longtemps, ma chérie. Le dîner est en train de mijoter et nous avons tout le temps de régler nos comptes. Allez, viens ici..."



Maman m'a basculée en travers de ses cuisses. Mon bas de pyjama tout frais, tout propre, a glissé à mi-cuisses, dévoilant une lune sortie depuis peu de la douche, et bien blanche...
Plus pour longtemps, la fessée promise arrivait. Claquante, brulante, sonore, longue et appliquée, une tannée magistrale et méritée avant qu'une grande fille honteuse, les yeux rougis, et ayant du mal à cacher son trouble ne doive partager le dîner devant deux soeurs au regard moqueur.

3 commentaires:

  1. Pas de commentaire sur cette partie de récit ?
    De mon côté, puisque l'on évoque des moments vexatoires, je dois bien dire que le fait, dans le cas précis, d'avoir été fessée peu avant le dîner, était particulièrement gênant. Même si dans le cas précis, je ne pense pas que mes soeurs aient cherché à descendre en douce pour épier ma lune rouge, dîner ensuite, le visage encore marqué de larmes, avec des picotements e bas du dos en position assise, et devoir subir les allusions maternelles expliquant les raisons et comment je venais d'être punie, était très dur à vivre.
    J'aurais préféré de loin que Maman me donne la fessée dans ma chambre à l'heure du coucher, pour que je puisse ensuite ne pas croiser le regard des petites avant le lendemain matin...

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  2. Bonjour Christine.

    Moi non plus, quand j'avais fait une bêtise, je n'étais plus maître de la façon dans laquelle ma fessée maternelle allait tomber. Mais comme je vous l'ai déjà dit, maman était très impulsive, et la fessée, déculottée ou non selon l'intensité de sa colère, tombait sur-le-champ, ce qui finalement m'évitait de m'angoisser, je n'avais pas le temps de me poser des questions. Mais comme la fessée était immédiate, j'ai "collectionné" les fessées en public (dans la rue, dans le jardin, devant des invités, devant des oncles-tantes et cousins-cousines...). Mon slip (toujours blanc, à l'époque) et mes fesses, blanches avant, rouges après, ont été vus bien des fois.

    Les deux ou trois fois où j'étais angoissé, c'était à la suite d'un entretien entre maman et la maîtresse de CP, où ça bardait pour mon matricule : dans ce cas, maman ne me punissait pas devant la maîtresse, mais elle lui promettait que j'aurai ma fessée en arrivant... et elle tenait toujours sa promesse.

    A bientôt. Amicalement.
    Lune-rougement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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    1. Ayant vécu mon enfance dans les années soixante, j'ai connu la blouse de nylon en classe et à la maison (obligatoire dans les deux cas) et la fessée déculottée souvent suivie d'une mise au piquet le nez au mur et les mains sur la tête. Le martinet trônait en bonne place, accroché dans la cuisine. Bien sûr, il n'était pas question ni de retirer la blouse ni de ne pas être puni devant la famille. C'était l'époque qui voulait ça car les voisin(e)s, ami(e)s, cousin(e)s vivaient la même chose et nous n'aurions jamais osé nous révolter. C'était comme ça et pas autrement.

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