lundi 16 mai 2011

Ces instants vexatoires : une autre promesse qui calme... et l'angoisse qui monte... (2)

SUITE 1

Ravies étaient mes soeurs en arrivant près des jeux du parc municipal. Deux toboggans, quatre balançoires, des sortes d'agrès pour grimper, c'était un endroit que les petites appréciaient et qui servait souvent de récompense, de carotte pour faire patienter les enfants. Avec le fameux : "Si vous êtes sages, on ira au parc..."
Mais, pour moi, il en était tout autrement... Le parc en cet après-midi où j'espérais pouvoir aller chez une copine, c'était au contraire une corvée, un passage obligé, comme une salle d'attente avant de passer à des choses plus sérieuses, avant un retour à la maison où une fessée m'était promise...
 Je suis restée longtemps assise à bouder dans mon coin


Aline et Diane s'en donnaient donc à coeur joie, multipliant les descentes de toboggan, jouant et riant aux éclats. Moi, je m'étais juchée sur un mini-toboggan de bébé qui n'intéressait pas mes soeurs, à quelques mètres du banc d'où Maman surveillait son petit monde.
Je faisais la tête, je boudais dans mon coin, broyant des idées noires, pleurnichant à moitié, me sentant malheureuse et incomprise, alors que j'avais bien cherché les ennuis sans m'en rendre compte...
Maman m'avait demandé de bouger : "Tu ne vas pas rester à bouder comme ça, Christine. Tu ferais mieux de jouer avec tes soeurs. Cela te calmerait un peu... Tu en as bien besoin, j'en sais quelque chose..."
Mais, quand je voulais être têtue et mal lunée, j'y réussissais parfaitement...
Je suis restée ainsi presque une heure, ruminant des pensées noires dans ma tête.
Il était 4 h et demi passées quand Maman sortit le goûter et nous appela pour la distribution. Je n'avais guère faim, mais soif quand même et je revins vers ma mère et mes soeurs. Et nous mangeâmes notre goûter tranquillement.
Diane me demanda de venir jouer avec elle et de la pousser sur la balançoire. Je rechignai et dis que je n'avais pas envie.
Maman commenta : "Tu pourrais faire un effort quand même, Christine. Ne t'en fais pas, Diane, je viendrai te pousser un peu quand j'aurai rangé les affaires. Ta soeur fait sa mauvaise tête, tant pis. De toute manière, je vais m'occuper de son cas quand nous rentrerons à la maison... Allez, continuez à jouer. On repartira vers 5 h, ça vous laisse encore un bon quart d'heure..."

 J'ai compris que je n'avais pas intérêt à ce que l'on rentre vite...



Je suis retournée m'asseoir en boudant dans mon coin. La phrase de Maman venait de confirmer devant les petites qu'elle n'avait pas changé d'avis... D'ici un quart d'heure, on reprendrait le chemin de la maison, et je pourrais alors préparer mes fesses...
Autant j'avais trouvé l'heure précédente longue, comme dans la salle d'attente, pour reprendre l'image déjà employée, autant l'idée que dans quelque minutes, ce serait comme si j'allais devoir passer de cette salle d'attente au cabinet du dentiste (qui fait mal), me faisait d'un coup penser que je n'avais aucun intérêt à ce que l'on rentre vite...
Il valait mieux tenter de retarder l'échéance, de gagner du temps...
Prenant conscience de cela, j'ai enfin quitté mon perchoir de boudeuse pour aller vers mes soeurs. Diane était contente que je la pousse sur la balançoire, Aline m'a entrainée dans un agrès de fils à escalader.
De sorte que, à 17 h, quand Maman nous appela, ce furent trois voix à l'unisson qui demandèrent de rester davantage...
Maman acquiesça, certainement pas dupe, mais assez satisfaite de voir ses filles se dépenser ensemble...
Un deuxième appel vers 17 h 15 obtint le même cri du coeur, et Maman céda encore pour cinq dernières minutes.
"Allez, c'est fini, je vous ai laissées vingt minutes de plus. Maintenant, on rentre les filles. Je ne le redirai pas une fois de plus !", l'avertissement maternel convainquit Diane qui revint vers Maman, alors qu'Aline aurait bien voulu que je la pousse sur la balançoire à son tour.
Notre mère éleva la voix et ma soeurette descendit de la balançoire pour rejoindre Maman.
Je la suivis en trainant les pieds à nouveau. J'émis un petit : "Dis M'man, on ne peut pas encore rester un peu ?"
Mais je n'obtins qu'un rire en coin d'une mère que mon manège amusait presque : "Christine, tu as fait la tête pendant une heure, tu ne voulais même pas jouer avec tes soeurs, et là, maintenant, quand il faut rentrer, tu voudrais que nous restions... La ficelle est un peu grosse, tu ne penses pas, ma chérie ? Je crois plutôt que tu n'es plus pressée de rentrer car tu sais ce que je t'ai promis, Christine..."
Je cherchai à argumenter en disant : "Mais, Maman, Aline et Diane aimeraient bien rester aussi, tu sais..."
L'argument ne porta pas : "Il y a un temps pour tout, Christine", rétorqua Maman. "Aline et Diane se sont bien amusées. Et nous reviendrons ici samedi, si bien sûr, elles ont été sages. En attendant, nous allons rentrer bien gentiment à la maison, comme ça, vous aurez le temps de prendre votre douche avant le dîner. Et nous pourrons aussi, toi et moi, avoir une petite discussion, qui se terminera par la bonne fessée que tu as méritée, ma fille..."
Même si elles auraient aimé pouvoir jouer un peu plus longtemps, sur le chemin de la maison que nous avons pris aussitôt, mes petites soeurs marchaient gaillardement. On aurait dit qu'elles étaient pressées de rentrer...   Ce n'était pas mon cas, mais pas du tout...


A SUIVRE

1 commentaire:

  1. BUG !!! Désolée pour Mardohl et un autre anonyme dont les commentaires des deux derniers messages ont disparu. Blogger a été victime d'un problème apparemment et j'avais même vu disparaître le dernier de mes messages. Cela a l'air de remarcher. Les commentaires sont donc à nouveau les bienvenus...

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