lundi 9 mai 2011

Ces instants vexatoires : une autre promesse qui calme... (1)

Les menaces, voire les annonces de fessées, en présence de tiers, sont une part importante de ce que j'ai vécu comme des instants vexatoires.
A l'image de la précédente anecdote avec 200 lignes à faire et un rendez-vous annoncé sur les genoux maternels, cette image me remémore un autre moment de honte vécu un après-midi d'été.
Nous étions sorties en ville, et on avait fait les magasins pour acheter des sandales à Aline et Diane. Cela avait été un peu longuet et j'avais montré mon impatience à diverses reprises. De manière peut-être un rien abusive, compte tenu du fait que l'ambiance était assez électrique entre Maman et moi depuis deux ou trois jours, avec divers petits griefs qui s'accumulaient. Rien de grave, mais de quoi irriter Maman à la longue.
Après avoir trouvé les sandalettes des petites, nous nous sommes dirigées vers le parc municipal, Maman ayant promis aux petites qu'elles pourraient s'amuser si elles étaient sages durant les courses.

 Nous sommes allées au parc et je trainais les pieds...


Aline et Diane ayant obéi, c'est avec joie qu'elles arrivèrent à l'endroit promis, heureuses de pouvoir faire du toboggan et de la balançoire notamment.
Mais, ce n'était plus des jeux que j'appréciais. C'était trop bébé pour moi qui aurais souhaité rentrer et aller jouer chez une copine du quartier.
Je trainais donc les pieds, et grognais d'autant que Maman qui avait apporté les goûters dans un sac, était bien décidée à y passer un long moment, histoire que les petites s'amusent, se détendent , et rentrent plus tard avec une saine fatigue.
Comme je plaidais encore ma cause, Maman commença à hausser le ton : "Christine, si tu ne veux pas jouer, tu n'avais qu'à apporter un livre comme je te l'avais suggéré. De toute manière, nous resterons ici jusqu'à 5 h et c'est tout. Arrête tes jérémiades, elles n'y changeront rien ".
Cinq heures, cela voulait dire que je n'aurais plus le temps d'aller voir ma copine et je protestai à voix haute, disant que je voulais rentrer plus tôt, qu'elle aurait dû me laisser à la maison, que ce n'était pas drôle, etc. etc.
Prise dans ma protestation, je n'avais pas vu combien cela agaçait Maman que je suivais en trainant les pieds.
Ne pouvant accepter que je grogne ainsi et mette en cause ses décisions, Maman trouva les mots qui d'un seul coup me calmèrent : "Ecoute, Christine, CA SUFFIT !!!"
La voix tonnait d'un coup, et poursuivit : "Je ne veux plus entendre un mot. Tu vas attendre bien sagement que tes soeurs aient fini de jouer. Ensuite, nous prendrons notre goûter en profitant de cette belle journée. Puis, nous rentrerons à 5 h, comme je viens de le dire, et pas avant. De toute manière, il n'était pas question que tu ailles jouer chez Martine au lieu de réviser tes leçons".
En plus, donc, je ne ressortirais pas de la maison. Je trouvais ça injuste et je le fis comprendre. Ces récriminations à voix haute, et devant les petites finirent par faire bouillir Maman.
"Christine, j'en ai assez. Alors, tu te calmes. Non seulement, on fera comme j'ai dit, mais en plus, je peux te dire que ce qui t'attend à la maison, c'est une bonne fessée qui va te remettre les idées en place..."
J'avais tout gagné, en fait. J'allais devoir regarder les gamines s'amuser pendant plus d'une heure, et patienter en n'ayant plus guère envie de rentrer en sachant ce qui m'y attendait.
J'étais rouge comme une pivoine en écoutant la sentence maternelle. Les petites cachaient leur amusement.
J'étais dans tous mes états. J'espérais que si je me tenais à carreau d'ici là, Maman oublierait peut-être ou me ferait grâce de la sanction annoncée. Mais, je savais combien Maman tient ses promesses...
A SUIVRE

3 commentaires:

  1. Une tranche de vie comme vous savez si bien nous les apprêter, toutes croustillantes d'authenticité.
    Je m'imagine parfaitement cet après-midi. Les petites filent doux, heureuses de jouer au toboggan entre elles. Christine, qui devrait en vertu d'aînée montrer le bon exemple, nous est dépeinte en contrepoint comme une véritable pré-adolescente nantie de tous les défauts inhérents à l'âge. Désagréable, impatiente, insistante, incapable de gérer sa frustration, égoïste (elle ne pense pas à l'intérêt général), renfermée sur elle-même (elle ne sait oublier un peu son âge et s'amuser avec ses cadettes), immature, inconséquente en amont (elle n'a pas su anticiper la situation en prenant un livre comme le lui suggérait avec raison sa maman), inconséquente en aval (elle ne cerne ni n'esquive la menace qui plane sur elle), elle ne cesse de pourrir cette "belle journée" par ses incessantes "jérémiades". Résultat : devant ses petites sœurs hilares lui est annoncée une fessée. Voilà ce qu'il en coûte d'attenter à l'harmonie familiale chez les Spaak.
    Il est triste tout de même, que malgré ces tannées à répétition, Christine ne sache pas faire preuve d'un minimum d'empathie et de bon sens. Comme nous lui saurions gré, parfois, de se comporter comme une grande fille et de nous livrer ainsi le récit tout simple et agréable d'une journée sans anicroche.

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  2. Comme cela est savamment dit, Mardohl. Oui, j'aurais dû être plus "raisonnable", savoir davantage me comporter en "grande" fille, en l'aînée que j'étais. Cela m'aurait en effet évité de nombreux désagréments du genre que vous savez... Et qui m'attendent au retour à la maison...

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  3. Un retour que je n'attends qu'avec plus d'impatience, chère Christine. Je me demande par quelles variations vous allez nous dépeindre cette nouvelle fessée.
    (D'ailleurs, quelqu'un a-t-il fait le compte des fessées mentionnées sur votre blog depuis le début ? Après tout, on a bien recensé les maîtresses que Casanova évoque dans ses Mémoires...)

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