vendredi 20 mai 2011

Ces instants vexatoires : où la moquerie se retourne contre moi...

Les lecteurs de ce message seront sûrement déçus. Faute "d'action claquante"...
Mais, parfois, ce qui tourne dans une tête peut être encore plus désagréables, et rendre rouge de honte sans attendre un passage à l'acte.
Je repense à une scène de début d'été. Il faisait chaud et, avant les vraies vacances, nous allions parfois à la piscine d'une commune voisine qui avait un centre aquatique très agréable.
On s'amusait bien, j'y retrouvais parfois des copines, et les petites s'en donnaient à coeur joie.
Moi, j'alternais le bain et la bronzette, petite manie de grande gamine se prenant déjà pour une ado.


A un moment, arriva une mère de famille qui demanda à Maman : "C'est bien votre fille la petite blonde qui est à côté du mini-toboggan ?".
C'était en effet Diane, qui faisait des siennes et s'était battue avec un petit garçon de la dame qu'elle avait même fait tomber.
Maman se leva et alla rechercher Diane, la grondant devant la Maman, avec une bonne gifle et l'obligation de rester assise à côté du transat maternel pendant un moment : "Et gare à toi quand nous allons rentrées, Diane".




C'était  bien fait pour ma petite soeur, même si Maman me reprocha presque de ne pas avoir surveillé assez les petites.
Diane s'était mise à pleurnicher, et elle boudait recroquevillée, le nez dans sa serviette, vexée de cette altercation en public.


De mon côté, j'avoue que je bichais, que cela me consolait de bien d'autres épisodes de ce type, où j'avais pu être la punie.
La pénitence de Diane durait depuis un bon quart d'heure quand la dame à l'origine de l'incident repassa près de nous. Elle dit à Maman : "Ne soyez pas trop dure avec votre fille, vous savez, je pense que mon fiston avait certainement aussi sa part de torts. Je ne voudrais pas qu'elle soit privée de baignade de sa faute".



Maman avait rassuré la dame : "Ne vous en faites pas : Je la laisserai retourner à l'eau bientôt, mais il fallait qu'elle se calme".
Les deux mamans échangèrent alors quelques impressions sur le beau temps, sur la piscine qui était bien agréable, même si elle était assez bondée cet après-midi là, et j'en passe...
La mère du garçonnet avait aussi une fille un peu plus jeune que moi, et je suivais la conversation qui se prolongeait, la dame s'étant d'ailleurs assise cinq minutes sur un transat à côté de Maman. Non sans surveiller de loin son petit monde qu'elle rejoindrait dès que cela serait nécessaire.
Les mères évoquèrent le fait que la piscine fait du bien, qu'elle calme les mômes que cette chaleur de fin de printemps a tendance à énerver.
Maman ajouta : "C'est bien vrai. Diane était d'ailleurs assez insupportable avant que nous partions de la maison, j'ai failli la calmer à ma manière. J'aurais dû, et elle aurait sûrement été moins agitée. En tout cas, j'en connais une qui va avoir quelques problèmes quand nous serons rentrées..."
J'ai évidemment saisi l'allusion et, sans être méchante de nature, j'ai eu le visage qui s'est éclairé. Contente Christine, ça je peux le dire. Je bichais comme rarement.



Diane avait compris aussi et elle s'est remise à bouder ostensiblement, non sans me faire par derrière de vilaines grimaces.
Me sentant en position de force, je l'ai dénoncée à Maman. "Oh, ne t'inquiète pas, Christine, ta soeur fera moins l'intéressante quand je m'occuperai d'elle...", rétorqua Maman.
J'ajoutai : "Oui, elle est pénible, elle embête tout le monde".
La dame comprit que le cas de Diane était indéfendable et alla dans le sens de Maman : "C'est vrai qu'à cet âge-là, ils ont souvent besoin de quelques traitements plus énergiques. Une paire de gifles vous les remet dans le droit chemin", argumenta-t-elle.
"Oui, et une bonne fessée dans le cas présent va calmer ma chère fille", reprit Maman. J'avais un large sourire. Pour une fois que je pouvais me moquer de ma soeur...
La dame ne parut même pas surprise par la précision maternelle. Elle renchérit : "Vous avez raison. Quand il le faut, il le faut", usant d'un bon sens populaire. Mais, elle rajouta : "Je comprends aussi avec deux petites aussi rapprochées, cela ne doit pas être facile tous les jours. Heureusement que votre grande doit être plus raisonnable".
La dame cherchait à faire plaisir, à me flatter, à n'en pas douter, moi qui étais sagement dans mon transat en train de lire, sans louper la moindre virgule d'une scène qui, jusque-là, me ravissait...
Hélas, comme si je sentais la foudre qui allait tomber sur moi, je tendis le dos, espérant que Maman n'allait pas reprendre la balle au bond... C'était mal la connaître...
"Ah, ma pauvre, j'aimerais bien que vous ayez raison, mais ce serait mentir que de dire que Christine ne fait pas des siennes..." commenta ma chère mère.
"Oui, mais sûrement moins que vos cadettes, j'imagine ?" interrogea la dame.
Maman haussa les épaules, me regarda et expliqua : "Vous savez, Christine parait bien sage quand vous la voyez ainsi, mais la demoiselle se distingue autrement. C'est vrai que les petites sont pénibles, souvent agitées, mais cela passe vite, dès les premières semonces. Ma grande, c'est autre chose. Elle se croit trop intelligente pour apprendre ses leçons, et elle préfère distraire ses camarades en classe que de travailler, alors qu'elle a vraiment de grandes capacités, vous savez..."
Je grommelai : "Maman, arrête, ça n'intéresse pas la dame".
Cette dernière comprit mon trouble et prit ma défense, ou du moins le pensa-t-elle... "Ah, l'essentiel est qu'elle ait des capacités, c'est sûrement un mauvais passage, j'ai connu ça avec ma grande. Pendant tout un trimestre l'an passé, il a fallu que je la prive de télé et de sortie pour qu'elle se remette à travailler. Vous verrez, votre Christine va s'assagir."


Je m'étais tournée dans mon transat, cachant mon trouble, feignant de ne plus suivre la conversation en espérant qu'elle allait s'arrêter, mais Maman embraya à nouveau : "Je veux bien vous croire, seulement avec Christine, cela dure. Et puis, vous savez, les privations de sortie ou de télé, elle s'en moque bien. Ce n'est pas comme cela que j'arrive à la faire changer d'attitude. Mademoiselle a besoin de traitements plus énergiques comme vous disiez tout à l'heure, n'est-ce pas Christine ?"
Je vivais un cauchemar. La moqueuse que j'étais vis à vis de Diane devenait à son tour le sujet de conversation... "Maman, arrête, s'il te plait", suppliai-je.
"En tout cas, au vu de sa réaction votre fille n'a pas l'air d'être particulièrement fière de ce que vous me dites là", constata en souriant la dame.
Maman confirma : "Mais, vous savez, elle n'a qu'à s'en prendre à elle-même. Aujourd'hui, Christine joue les grandes soeurs moralisatrices et les petites demoiselles, mais avant-hier elle m'a encore ramené un avis de deux heures de colle pour chahut en classe. Alors, je peux vous dire que, toute grande soeur qu'elle est, le soir même, la demoiselle s'est retrouvée sur mes genoux, culotte baissée, pour recevoir une bonne fessée bien méritée".
Entendant cela je me mis à rougir, cachant avec difficulté que j'étais au bord des larmes.
La dame ajouta en me dévisageant : "C'est vrai qu'à son âge, on ne doit pas se vanter d'être punie comme une gamine... Mais, au moins, si vous arrivez à tenir ainsi votre petit monde, c'est déjà un bon résultat. D'ailleurs, quand on voit vos enfants, on se doute qu'ils sont bien élevés ."
Maman prit ce constat pour un grand compliment et quelque part pour une preuve supplémentaire des bienfaits de sa méthode.
Alors que la dame s'apprêtait à retourner retrouver ses propres enfants, Maman la remercia du compliment qui la flattait assurément : "Vous savez, je fais de mon mieux et je ne ménage pas mes efforts pour que mes filles réussissent plus tard. Au moins, elles ne pourront pas me reprocher de les avoir laissées n'en faire qu'à leur tête". 
La dame prit congé en disant : "Bon courage, ma chère. Ne soyez pas trop dure avec la petite quand même". Maman rétorqua : "Non, mais, elle n'échappera pas à la fessée. Il faut toujours tenir ses promesses".
La dame acquiesça et m'adressa un dernier mot : "Bonne fin d'après-midi, Christine, et j'espère que vous serez sage..." Je sentais une pointe d'amusement dans sa voix.



J'ai cherché le reste de l'après-midi à éviter cette famille. Nous nous sommes juste croisées de loin en sortant de la piscine. La dame marchait de l'autre côté de la rue, et elle a fait un petit signe de la main à Maman, comme chargé de connivence en voyant Diane qui trainait les pieds derrière nous.
Notre interlocutrice avait sa fille qui avançait devant elle. Je me souviens comme si c'était hier. La fille me regardait, semblait me photographier de la tête aux pieds. Elle avait un sourire éclatant, comme si elle riait aux éclats. Ce n'est pas Diane qu'elle fixait ainsi, c'était bien moi, et je n'avais plus aucun doute. Je comprenais que sa mère avait dû lui raconter sa conversation avec nous. A voir son regard moqueur, elle n'avait certainement omis aucun détail... La fille du trottoir d'en face devait savoir que la grande Christine là-bas recevait la fessée...
La scène était silencieuse, mais comme je l'imaginais m'imaginant sur les genoux maternels, j'étais honteuse et vexée, mais vexée...

3 commentaires:

  1. Bonjour Christine.

    Je comprends votre vexation. Mais votre récit, je l'espère, a peut-être une suite ? Car votre maman a promis une fessée à Diane ! J'espère que vous nous raconterez ça très bientôt, et que vous aurez eu votre revanche sur votre jeune soeur en assistant à ce châtiment maternel bien mérité. Ce qui vous ferait un peu oublier la honte que votre maman vous a collée quelques heures plus tôt.

    Allez, chère Christine, racontez-nous tout ça !

    Amicalement, à bientôt.
    Soeurettement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  2. Tranche de vie, efficience du détail, transcendance de l’anecdote, choix impeccable des photos, ces petits riens qui font tout, voilà les classiques ingrédients qui font la saveur incomparable de vos recettes.
    On s’y croirait, au bord de la piscine, en cet après-midi d’été, et tous les personnages sont d’une vérité criante. Voilà vraiment une narration menée pour ainsi dire caméra à l’épaule.
    Une altercation entre gosse aboutit à un échange courtois entre deux mamans soucieuses de l’éducation de leur progéniture. Madame Spaak est à l’honneur dans toute son exactitude, exposant à son homologue visiblement plus laxiste (elle s’en tient aux privations de télé et de sortie, succédanés ô combien inefficaces) les bienfaits des châtiments corporels, et accusant du coup quelques compliments bien sentis.
    Christine n’est pas en reste, dan son éternel rôle de « déjà grande mais encore assez petite pour recevoir des fessées ». Elle peut se livrer à des séances de bronzing, jouer la grande pleine de maturité, se pavaner en bikini afin d’impressionner les filles plus jeunes qu’elle, voire même aguicher quelques garçons, rien n’y fait : sa maman livrera sans vergogne à son interlocutrice le récit sensiblement détaillé de son dernier rendez-vous culotte baissée sur les genoux maternels. Notre héroïne, infantilisée devant une tierce personne inconnue, n’a plus qu’à souhaiter disparaître sous terre.
    Ultime pic de vexation avec le regard amusé de la fille, avec laquelle Christine n’aura du coup pas sympathisé, puisque cette dernière est instruite du régime auquel cette « grande fille » est soumise. Bah, ne vous en formalisez pas trop, chère Christine. Avec un peu de chance, cette maman aura intégré les conseils de Madame Spaak et appliquera à son tour sa méthode sur le postérieur de sa préadolescente. Imaginez une scène dans laquelle seraient tenus des propos tels que : « Ne me dis pas que tu es trop grande. Tu te souviens de la fille que tu avais vue à la piscine, samedi dernier ? Sa maman m’a assuré qu’elle recevait encore des fessées, mais oui ma fille, des vraies fessées culotte baissée, et pourtant cette fille est plus âgée que toi. Alors il n’y a pas de raison que tu y échappes de ton côté, surtout quand tu me ramènes un zéro. Allons ma fille, cesse de te plaindre. Viens immédiatement sur mes genoux si tu ne tiens pas à aggraver ton cas. »

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  3. Belle imagination, Mardohl. Je suis sûre que cette demoiselle en aurait bien mérité une, ne serait-ce que pour s'être montrée moqueuse...

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