mercredi 6 avril 2011

Ces moments où le coeur bat fort : la tuile en maths (FIN) Une fin en points de suspension...

SUITE ET FIN

Je vais arrêter là ce récit dont les épisodes se sont succédé sans que j'y prenne garde. Je crois qu'ils montrent bien un certain climat de l'éducation maternelle subie mais acceptée, stricte mais toujours fondée sur la volonté de bien faire.
Avant de revenir à d'autres épisodes (il en reste, rassurez-vous), je prolonge simplement cette série par quelques réflexions et un petit complément de l'histoire qui montre une certaine continuité et qu'une fin de l'épisode se doit d'être accompagnée de points de suspension, car bien sûr ces souvenirs claquants ont été suivis d'autres, évidemment...

En y réfléchissant, avec ma conscience actuelle, et non pas avec ma petite cervelle d'ado d'alors, je me rends bien compte que dans ce cas précis, mon 18 sur 20 dont j'étais fière, heureuse, à m'en vanter grandement, devait aussi flatter la fierté maternelle.
Non pas pour le résultat lui-même, mais pour ce qu'elle s'en attribuait forcément une part. Parce que c'était, de son point de vue, l'éclatante démonstration de l'efficacité de sa méthode. En général, et sur son ainée en particulier.

Je fais la nuance car, comme je l'ai dit, Diane était comme moi assez douée, mais plutôt régulière dans l'effort, alors qu'Aline était plus à la peine. Gronder Diane de par la régularité de son travail était donc moins nécessaire. Quant à gronder Aline pour une mauvaise note, cela l'amenait éventuellement, et ce n'était même pas sûr, à décrocher ensuite une note un peu meilleure, au dessus de la moyenne, mais très rarement brillante. L'énergie dépensée, si j'ose dire, n'était pas des plus rentables. Maman s'y employait certes, par principe surtout plus que par espoir de tout changer.

Avec moi, sans que j'en ai autant conscience, la méthode prenait toute sa valeur. Ma naturelle facilité m'entrainait à pouvoir me permettre de n'en faire qu'à ma tête. Prenez une paire de matières où je caracolais en tête (quand je le voulais bien), deux ou trois autres où, de par la tête d'une prof ou un programme qui me déplaisait, ou parce que je pensais que ce n'était pas intéressant, m'amenaient à en faire moins que le minimum et à collectionner les notes catastrophiques, puis les autres matières où je faisais ce qu'il faut mais sans plus, et où je collectionnais les "Peut mieux faire", et vous aurez une idée de mes bulletins de cette époque : un patchwork de hauts et de bas donnant l'impression nette que si je voulais j'aurais eu beaucoup mieux.

En décrochant ce 18 sur 20 par exemple, j'étais fière, je venais quémander des félicitations, je voulais faire la démonstration à mes soeurs, à ma tante, que je pouvais être digne d'éloge. Mais, pour Maman, c'était du pain bénit, c'était comme si on lui décrochait le César de la bonne éducation.
Elle ne pouvait que penser : "Ma fille ne suivait pas ses cours, se faisait reprendre par la prof, récoltait des heures de colle, etc. Heureusement, je l'ai remise dans le droit chemin... La fessée a fait son effet..."
Ce 18 sur 20, c'était donc le fruit de son éducation, la preuve de l'utilité d'une déculottée maison quand le besoin s'en fait sentir. Et, dans les faits, elle n'avait pas tort. Je m'étais vraiment appliquée pour rendre une rédaction excellente, j'avais été attentive, me relisant mot à mot, bref j'avais été la bonne élève que je savais pouvoir être, et dont Maman rêvait que je sois le plus souvent possible.
Traduit du côté maternel, elle ne pouvait que faire une relation entre la fessée donnée et le résultat obtenu...
Et puis, en choisissant d'annoncer ma note au moment où j'avais du public, au moment où je pourrais faire mon effet, je n'avais pas calculé l'effet boomerang. Mes soeurs étaient là et Maman pouvait insister en me félicitant et m'accordant une soirée ciné, mais aussi en remettant le tout dans son contexte et en rappelant que si une bonne note doit être récompensée, une mauvaise mérite la fessée.
La présence en prime de Tata Jacqueline donnait aussi l'occasion à Maman de montrer combien une bonne fessée peut faire changer un comportement, et de sous-entendre que si, l'autre soir, elle avait cédé à la clémence souhaitée par Tata, je n'aurais certainement pas décroché une aussi bonne note... CQFD !

 J'étais moins pressée de rentrer...



J'enrageais bien sûr que mon coup d'éclat ait été terni par les commentaires maternels, mais j'ai heureusement vite oublié, ravie de pouvoir aller au cinéma en récompense.
Toutefois, j'ai retenu la leçon et lorsqu'il m'est arrivé d'avoir à nouveau une note mémorable, j'ai préféré en parler d'abord en tête à tête avec Maman, en jouant moins les vantardes, m'évitant de me faire rabaisser le caquet par quelques rappels en rapport avec mon bas du dos...


L'autre leçon que j'ai tirée de ces quelques épisodes commencés par une fessée devant Tata, prolongés par une autre au salon en solo malgré des yeux espions de mes soeurs, puis rééquilibrés par la double claquée de mes soeurs sortant du bain, avant mon heure de (fausse) gloire avec une note excellente, cette autre leçon donc aurait pu être qu'il valait mieux être franche...
Mais, en repensant aux conseils de Tata, à mon aveu de colle, et à ce qui avait suivi, j'étais persuadée du contraire. Ma chère tante avait certainement raison d'un point de vue moral, mais cela m'avait valu deux jours et demi d'angoisse, d'autant plus forte que j'avais la certitude qu'ils se termineraient sur les genoux de Maman...
Quelques autres jours ont passé, avec des résultats plutôt bons, et une ambiance correcte à la maison, même si, comme souvent, quand les périodes de calme duraient, on sentait que l'électricité montait petit à petit dans l'air...
Retrouvant petit à petit, de par ce calme et ces notes très honorables, ma tendance à l'insouciance et le laisser aller, il arriva ce qui devait arriver. Ma chère prof d'anglais (c'est ironique car je la considérais comme ma pire ennemie) agacée par les bavardages d'une bonne partie de la classe (dont moi, je le reconnais) derrière son dos, lorsqu'elle écrivait au tableau, s'est retournée d'un bond, et a dit au hasard (mais il y a des chanceuses...) : "Ca suffit. Elisabeth et Christine, vous me copierez deux cents fois chacune : je ne dois pas bavarder ni chahuter en classe. Vous me ramènerez ça lors du prochain cours, en le faisant signer chez vous, bien sûr..."
Si j'avais été moins bien élevée, j'aurais dit un gros mot de Cambronne... C'était la tuile, le coup de massue, un de ces coups du sort dont on devine bien qu'il entrainera d'autres conséquences...
A la sortie des cours, j'étais bien moins pressée que l'autre jour pour rentrer à la maison. On frime moins avec deux cents lignes à copier qu'avec un 18 sur 20.
J'ai repensé à Tata, je me suis dit que si j'allais tout de suite avouer ma mésaventure à Maman, peut-être serait-elle clémente, et sinon serais-je au moins débarrassée du problème et de ses conséquences que j'imaginais claquantes pour mes fesses... A n'en pas douter !
Mais, mes soeurs étaient déjà à la maison, Maman ne semblait pas de très bonne humeur, et j'ai hésité. Devinant comme toute mère attentive que je n'étais pas dans mon assiette, elle m'a interrogée, me tendant la perche, mais j'ai caché mon désarroi et j'ai nié qu'il y ait un problème.

 Maman devinait bien que je n'étais pas dans mon assiette, mais j'ai nié...



Je suis montée dans ma chambre, avec le sentiment que j'avais bien fait de ne rien dire, jugeant que le moment n'était pas propice. Nous étions jeudi soir. Il n'y avait pas de cours d'anglais le lendemain, et la prof avait une réunion pédagogique le lundi. Donc je n'aurais à rendre mes 200 lignes que le mardi matin au cours de 9 h. Cela me laissait du temps pour préparer mes arguments et choisir le moment adéquat...
Alors, adieu le conseil de Tata, je choisissais ma méthode à moi. La méthode Christine, avec mensonges incorporés plutôt que la franchise, mais avec l'impression que je gérais mon propre destin...
Avec la méthode Tata, j'avais dû attendre l'arrivée par la poste du bulletin de colle dans une ambiance où tout un chacun dans la maisonnée savait que Maman me donnerait alors une bonne fessée...
Avec la méthode Christine, je me retrouvais dans une situation assez proche. Je savais bien que 200 lignes pour un chahut en classe, c'était à coup sûr une déculottée magistrale qui m'attendait. Mais, il n'y avait que moi qui le savais... Je prenais le risque que le fait de le cacher, d'ajouter des mensonges à mon inconduite, aggrave mon cas. Mais, avouer de suite, c'était comme venir présenter mes fesses... Une chose inconcevable dans mon raisonnement.
J'avais au pire jusqu'à lundi soir, au moment du coucher, pour faire signer les 200 lignes que j'allais copier en douce d'ici là. Jusqu'à lundi soir pour avouer et trouver le moment propice.
Me connaissant d'ailleurs, j'avais déjà dans un coin de ma tête l'intuition que je n'avouerais pas avant... Et c'est ce que je fis en réalité...
De jeudi soir à lundi soir, j'ai gardé mon secret pour moi, tâchant de m'éviter tout conflit supplémentaire avec Maman, comme pour l'amadouer, alors que j'imagine bien qu'elle ressentait qu'il y avait anguille sous roche...
De jeudi soir à lundi soir, j'ai vécu dans une certaine anxiété, avec un poids sur la conscience, des images qui tournaient en boucle quand j'avais du mal à m'endormir... Mais, comme une petite fierté intérieure de mener le jeu... 
C'était en quelque sorte Christine qui avait la main, qui commandait aux événements de sa petite vie. C'est idiot, je le concède car en même temps j'avais toujours cela en tête, car quatre jours durant, d'une certaine manière, je ne faisais que préparer mes fesses...
Plus les heures passaient et plus j'étais certaine que je n'y échapperais pas. Mais cela restait dans le secret de ma petite tête de linotte...
L'autre fois avec Tata, c'était l'arrivée du facteur qui conditionnait ma destinée. Là, finalement, j'assumais mes mensonges, le résultat serait le même : Christine allait se retrouver culotte baissée sur les genoux maternels pour une bonne fessée bien méritée...

Je savais bien que cela finirait ainsi, mais j'en décidais au moins le moment...


Mais là, au moins, de petits mensonges par omission aidant, j'éprouvais comme une sensation de puissance de pouvoir programmer ma propre déculottée... Ce n'était qu'une infime consolation, mais si j'angoissais à l'avance à propos de "ma" future fessée, j'avais ce sentiment confus que c'était un privilège que je m'accordais, celui de décider de l'emploi du temps de mes fesses...

FIN...

4 commentaires:

  1. Bonjour Christine.

    Vous indiquez la fin de ce long et passionnant feuilleton, dont vous et votre maman êtes les héroïnes, vos soeurs et tata Jacqueline les seconds rôles, importants tout de même !

    De ce fait, l'histoire se termine bien : comme vous dites, vous "décidez de l'emploi du temps de vos fesses". Décision que, pour ma part, il ne m'appartenait jamais de prendre, car, comme je vous l'ai déjà dit, maman me donnait des fessées pour ma conduite, rarement pour mon travail, et elles tombaient immédiatement, donc n'importe où et n'importe quand, même s'il y avait du monde autour de nous. Je n'avais donc pas le temps d'angoisser et de me poser des questions.

    Evidemment, votre histoire étant finie, le lecteur ne saura jamais comment se sera passée cette fessée que vous serez parvenue à "gérer", mais qui aura été cependant inévitable, je suppose. Dans quelle pièce aura-t-elle eu lieu, aura-t-elle été infligée devant les soeurs, devant tata Jacqueline ? Mais votre souhait, dans le cas présent, est peut-être de laisser le lecteur travailler son imagination ?

    En tout cas, bravo encore, chère Christine, et à bientôt pour d'autres aventures (ou la suite de cette suite ?).

    Amicalement.
    Déculottement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  2. Merci Louis. Ne vous inquiétez pas, il y aura d'autres récits. Je veux juste ne pas rajouter à un si long chapitre. La fessée dont j'ai choisi "l'emploi du temps", n'a pas besoin des rappels des deux autres d'avant. J'en parlerai sûrement, mais d'autres points, qu'ils soient des anecdotes, des histoires complètes ou des détails sont encore dans ma tête et je voudrais les livrer sans forcément que l'on ait besoin de lire les dix textes d'avant pour suivre.

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  3. Bonjour Christine !
    Le temps me manquant, j'ai un peu levé le pied sur les commentaires. Je ne vous en ai pas moins lue avec assiduité et avidité.
    J'aime bien le raisonnement de votre héroïne à la toute fin de ce "récit à tiroirs", et qui aboutit à la conclusion qu'elle préfère, contre toute morale, retarder le plus possible le moment de l'aveu, afin de pouvoir anticiper un peu le moment et l'endroit où aura lieu la fessée. Face à l'inéluctabilité de sa destinée, notre fière Christine se dresse comme la Walkyrie ou la chèvre de Monsieur Seguin, toutes deux résolues à se battre jusqu'au bout, quand bien même la mort (respectivement la fessée) est au bout du combat.

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  4. Bonjour Christine.

    A part vos soeurs et tata Jacqueline, d'autres personnes ont-elles parfois été témoins d'une de vos fessées ?

    Je veux parler de témoins visuels. Je sais que vous avez eu parfois des témoins auditifs. Je me souviens de votre récit "Puis-je emprunter votre chambre ?" que vous racontiez à vos débuts sur ce blog en 2009, où les amis chez qui vous étiez invitées ont dû prêter une oreille attentive. Plus récemment, l'été dernier je crois, vous relatiez une bonne fessée que votre maman vous avait administrée dans un appartement qui était votre location de vacances. Et vous aviez été entendue, car votre maman l'avait annoncé sur le balcon, si je me souviens bien, et deux voisines, le lendemain, avaient été un peu ironiques à votre égard.

    Mais encore une fois, avez-vous eu d'autres témoins visuels ? Avec maman, j'ai eu hélas beaucoup de témoins, puisque j'ai "collectionné" les fessées en public. Et je ne parle pas des fessées scolaires, en CP, CE2 et CM1, dont deux en-dehors de la classe, devant toute l'école.

    Amicalement.
    Témoinement vôtre.

    Louis3901
    gallie0507530yahoo.fr

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