lundi 7 février 2011

Ces moments où le coeur bat fort : la tuile en maths (SUITE 1) !

SUITE 1

J'avais passé le reste de l'après-midi à ne penser qu'à une chose : comment allais-je faire passer ce zéro ? Comment éviter l'inévitable ? A quatre jours de la fin du trimestre et de l'arrivée d'un bulletin de notes qui n'allait pas être vraiment brillant, je me serais bien passée de cette tuile-là... Je me doutais trop de ce que cela signifierait pour moi et plus précisément pour mon bas du dos...
Et il fallait ramener le carnet le lendemain, donc je n'avais aucune latitude pour choisir ma soirée. Il allait falloir le dire ce soir, sans faute...

En sortant du collège, j'avais le moral au niveau des chaussettes. Et je tirais une tête de deux mètres de long. Je devais aller rejoindre Maman à la sortie de l'école des petites, pour que nous rentrions ensemble. C'était à trois minutes à pied, mais j'en ai bien mis six ou sept, en trainant les pieds...

Tata était là, j'ai pris cela pour un bon présage...

Maman était bien devant l'entrée de l'école. Je la voyais de dos, elle était en pleine discussion. Quand j'ai reconnu sa voisine, j'ai eu un sursaut de joie. C'était Tata Jacqueline, et je me suis dit que c'était un bon présage. J'allais pouvoir gagner un peu de temps, et peut-être trouver une alliée, si je jouais finement...
J'ai affiché un sourire de façade, répondant : "Oui, ça va, pas de problème" à Maman qui s'inquiétait de savoir si la journée s'était bien passée... Je n'allais pas aborder sur le champ les sujets qui fâchent et j'ai joué les innocentes avec un bel aplomb.
Maman allant être occupée à bavarder avec sa soeur, cela me laissait tout loisir de chercher le bon moment, d'autant que Tata annonça qu'elle resterait diner à la maison...

Une fois rentrées, et le goûter pris, nous sommes restées à discuter avec Tata dans le salon. On devait parler des deux semaines de vacances scolaires à venir et de ce que l'on pourrait faire.
Les petites s'étaient incrustées et restaient là, ce qui ne m'arrangeait pas du tout. Je commençais à être soucieuse à nouveau. J'aurais aimé qu'elles aillent jouer dans leur chambre, ce qui m'aurait donné un moment de tranquillité avec Maman et Tata que j'aurais mis à profit pour parler de mon "exploit".
"Tu n'as pas l'air dans ton assiette, Christine. Tu as un souci ?", demanda Maman qui lisait dans mes pensées.
Je niai farouchement, sans la convaincre... "Je n'aime guère quand elle a sa tête des mauvais jours", commenta-t-elle en direction de Tata, qui rétorqua : "Puisqu'elle te dit que ça va". Mais ma mine montrait bien que quelque chose hantait mon esprit.





"Allez, les petites, montez donc prendre votre douche et vous mettre en pyjama. On dînera à 8 h moins le quart. Vous avez le temps pour ranger aussi votre chambre", lança Maman, provoquant le départ des petites vers l'étage.
Je n'avais pas bougé de mon coin de canapé, et cela tournait dans ma tête... Maman me dit : "Toi aussi, Christine, tu peux monter et aller réviser tes leçons". Je répondis : "Euh, je n'en ai pas ce soir. J'ai juste, euh..."
Je n'ai pas pu finir ma phrase, et je restais plantée là, devant Maman, sans rien dire d'autre...
 
Je n'arrivais pas à finir ma phrase...


"Qu'est-ce qu'il y a encore ? Ah, j'avais bien vu que quelque chose n'allait pas...  Allez, parle. Je crains le pire...", tonna Maman qui avait, devant ma paralysie, saisi mon cartable posé près de la porte et l'ouvrait en maugréant.
"C'est là dedans, je suppose, Christine ?", demanda-t-elle. Je murmurai : "Euh, voui, M'man, c'est dans le carnet de correspondance..."
 Maman l'avait sorti, avant que je finisse ma phrase et trouvé l'enveloppe avec le mot de la prof de maths....
 Elle le lut à haute voix, détachant les mots, comme si elle n'en croyait pas ses yeux....

Elle avait tout de suite ouvert mon cartable



"Non, mais je rêve, Christine, je rêve ? Un zéro en maths ? Mais, tu cherches vraiment les ennuis ?", tonnait Maman, avec de la colère rentrée dans la voix.
"Oh, elle ne l'a sûrement pas fait exprès", intervint Tata comme je l'espérais. "Surtout que c'est une matière où elle réussit d'habitude, non ?"
L'argument de ma tante tomba à l'eau... "C'est bien cela qui me révolte", rétorqua une mère visiblement courroucée, et ajoutant : "Ce n'est pas possible. Il n'y a guère que les maths et le français où Mademoiselle se maintient à un niveau acceptable. Si elle se met à récolter des zéros là aussi, c'est la fin des haricots. Je ne peux pas laisser faire, et je te prie de croire que ça va barder..."
J'ai balbutié : "M'man, je ne recommencerai plus. Tu verras dans le bulletin du trimestre, j'ai eu aussi des bonnes notes en maths. Je vais faire des efforts, promis..."
Elle me coupa : "Chaque chose en son temps, Christine. Je serais à ta place, je ne crierais pas victoire à l'avance. Je ne suis pas sûre que ton bulletin trimestriel sera aussi bon que tu le prétends. Nous verrons quand il arrivera... Aujourd'hui, c'est aujourd'hui... Tu as récolté un zéro que je dois te rendre signé, mais tu vas aussi récolter une bonne fessée, et cela ne se discute pas. Allez, file dans ta chambre, on réglera nos comptes plus tard..."
Je n'étais évidemment pas surprise par cette annonce, et je comprit qu'il valait mieux que je disparaisse et je laissai Maman et Tata dans le salon, les quittant penaude et tête basse, la cervelle résonnant des menaces maternelles...
 
Tata et Maman poursuivirent la discussion...



Une fois dans le couloir, je demeurai prostrée, séchant les larmes qui m'étaient venues quand Maman m'avait annoncé que je n'échapperais pas à la fessée. Je voulais me refaire une mine moins apeurée avant de passer devant la chambre des petites...
Je restai ainsi quelques minutes, tendant en même temps l'oreille, pour entendre les commentaires de Maman et de Tata qui poursuivaient sur le même sujet.
"Ah, elle me rendra folle. Je me demande quand elle arrêtera ses bêtises. C'est toujours comme ça. Il y a des périodes où ça va, où elle montre toutes ses qualités, et puis, patatras ! elle se remet à chahuter ou à ne rien faire. Si je n'étais pas derrière elle sans arrêt, ce serait la catastrophe", se lamentait Maman.
Et Tata de me défendre : "Tu ne vas pas faire tout un drame pour un zéro, quand même. Laisse-lui une chance de se rattraper. Elle est si gentille quand elle veut...".
Maman ne se laissa pas convaincre : "Jacqueline, tu es bien gentille, toi aussi, mais ce sont mes affaires. Tu verras quand tu auras un jour des enfants. Je sais être tolérante sur certaines choses, mais il y a des limites à ne pas franchir. Christine le sait bien. Et si je ne sévis pas pour un zéro dans la matière la plus importante, c'est la porte ouverte à n'importe quoi..."
Tata comprenait mais cela semblait la chagriner que sa nièce puisse être punie une nouvelle fois : "La pauvre chérie, tu as vu qu'elle avait déjà des grosses larmes qui coulaient. Elle a une de ces peurs... Tu ne crois pas que c'est suffisant  ? Tu devrais lui pardonner..."
Maman se mit à rire : "Ah, tu en as de bonnes. Mais tu te ferais mener par le bout du nez... Christine a mérité une fessée et elle l'aura, sinon Mademoiselle recommencera ses bêtises en se disant qu'elle ne risque rien... Tu sais, je l'ai vue quand elle est rentrée et qu'elle semblait toute chose... Elle serait venue me dire : Maman, j'ai fait une erreur, je te demande pardon, j'aurais peut-être été compréhensive. Non, elle se cache, elle gagne du temps, elle mens quand on l'interroge. Ca, je ne le supporte pas, alors, tu auras beau défendre ta nièce préférée, ma chère soeur, cela ne l'empêchera pas de finir sur mes genoux, et de prendre une bonne tannée déculottée, tu peux me croire..."
J'étais assez renseignée, et je suis montée sans bruit dans ma chambre, avec une peur qui n'avait fait qu'augmenter...

A SUIVRE

3 commentaires:

  1. Nous retrouvons Jacqueline dans son rôle de temporisatrice, mais elle se heurte à la détermination inébranlable de votre mère. Cette dernière, ceci dit, pèche peut-être par un excès de sévérité. Elle prétend que Christine a essayé de lui mentir, de gagner du temps... En fait, il est assez facile de comprendre qu'elle ne voulait tout simplement pas en parler devant ses petites sœurs. D'ailleurs, Christine s'est mise à table dès le départ de ces dernières. Nulle ruse de Sioux cette fois-ci, simplement, sa mère a devancé ses aveux.
    Enfin... le résultat sera le même, et une fessée magistrale ponctuera la journée de notre héroïne. Triste façon d'entamer les vacances de Pâques...
    Au fait, vu que votre Mère en évoque l'échéance, est-ce que votre tante a connu par la suite les joies de la maternité ? Et si tel est le cas, a-t-elle reproduit sur sa progéniture les claquants préceptes familiaux ? Je m'imagine bien une Christine devenue adulte consolant à son tour, nantie d'une solide expérience en la matière, son cousin ou sa cousine aux fesses rougies...

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  2. Ne nous dispersons pas et restons à cette époque. Que Maman soit sévère sur cette circonstance là, ce n'est pas étonnant. Nous sommes à quatre jours des vacances, à la fin d'un trimestre important, même si le troisième est le plus capital.
    Maman voudrait que je ne relâche pas les efforts souhaités, que je m'implique d'autant plus que l'arrivée est proche, alors que, au contraire, j'ai tendance à me croire déjà en vacances, à me laisser porter.
    Et ce zéro en maths la rend d'autant plus furax qu'elle sait parfaitement que j'aurais pu l'éviter en révisant un minimum mes leçons dans une matière où j'ai des facilités. Et, cela, dans sa logique, c'est inadmissible. Je vais en avoir la preuve sonore et claquante...

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  3. Chère Christine,

    Sans chronologie sur mes commentaires, je vous livre un post sur le fond de cet épisode et la réaction de Mardhol, que je trouve emprunte d'indulgence et de compassion bienveillante à votre égard.

    En effet, qu'avons nous devant nous ?
    Une demoiselle qui par excès de confiance et de fainéantise se dispense de réviser, pensant qu'à la veille des vacances la prof sera cool n'interrogeant personne et encore moins l'une des meilleures de la classe, mais voilà qu'elle en décide autrement convoquant notre Christine au tableau, qui sèche lamentablement devant le problème et récolte une belle bulle, avant d'offrir ses rondeurs à Maman.

    Car celle-ci, comme à son habitude préfère jouer la carte du temps plutôt que la franchise en arrivant à l'école des petites, qui ne sont pas encore là et s'enlise alors dans l'un de ses travers favoris, malgré la perche de Maman qui sent sa fille soucieuse.

    Et voilà Maman doublement courroucée, par le zéro dans une matière ou Christine excelle d'habitude, mais aussi par l'attitude de sa fille qui n'avoue pas spontanément son erreur et préfère gagner du temps, ce que Maman ne supporte pas.
    Dans ces conditions, Christine ne peux espérer de clémence d'une mère déterminée à lui faire passer ses mauvaises habitudes, à sa manière et irritée comme jamais, précise même à sa sœur, que sa nièce chérie n'échappera pas à une bonne tannée déculottée.

    En conclusion, il n'y a donc pas (à mon sens) d'excès de sévérité de votre mère qui reste fidèle à son concept d'éducation pour ses filles et en particulier son aînée, très écervelée, s'ingéniant par insouciance à se fourrer dans des situations difficiles et la conduisant inéluctablement à offrir ses rondeurs jumelles à Maman, pour des moments qu'elle redoute pourtant.

    Amicalement, Dominique.

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