samedi 19 décembre 2009

Moments cruciaux : Quand Maman devine mon angoisse...

"Je te sens bizarre, toi. J'espère que tu ne me caches rien, Christine..."

Une mère a souvent comme un sixième sens. Celui de deviner le malaise de ses enfants, de sentir quand ils ne sont pas dans leur assiette...
Cette image m'évoque cette situation souvent vécue, ce moment crucial où l'on est prête à avouer ce que l'on a sur le coeur, mais où la peur des conséquences retient les mots qui délivreraient.
Je me vois ainsi tournant autour de Maman, ne sachant pas comment lui dire qu'il va falloir signer la copie rendue par la prof d'anglais et qui est ornée d'un zéro souligné de rouge... Avec un petit mot acerbe expliquant que j'ai copié sur ma voisine et que je devrai faire cent lignes pour le surlendemain...
Je voudrais pouvoir le dire, là maintenant, avant que mes soeurs ne rentrent de leur cours de danse, mais je ne sens pas le moment propice... Maman me parait énervée... Qu'est-ce que ce sera quand elle sera au courant de mes actes...
Je suis partagée entre l'aveu simple et la défense aveugle. Dois-je lui dire que j'ai copié et reconnaitre ma bêtise ou vais-je lui faire croire que la prof s'est trompée, que je ne regardais pas la copie de ma voisine ?
J'ai peu que ce soit un mal pour un bien, qu'elle ne me croit pas, que sa réaction soit pire...
Mais, je me dis que de toute manière, mon sort est fixé... Le dernier zéro en histoire m'a valu une fessée la semaine dernière, celui que j'avais déjà pris en anglais le mois d'avant s'est soldé par le même résultat... Alors, là, avec un zéro, de la triche en prime et un mot de la prof, je ne vois pas comment j'échapperais à une déculottée maison...
Pas facile de parler dans ces conditions, d'ouvrir la bouche pour dire à Maman ce qui m'arrive... C'est presque comme si je venais lui demander ma punition, que dans le fond de moi je sais mériter...
J'hésite, je tergiverse, je prépare des phrases dans ma tête, mais elles se bousculent et je les trouve nulles... Mais comment faire pour dire comme si de rien n'était ce que Maman va forcément considérer comme grave ?
Peut-être devrais-je attendre ce soir ? Ne lui dire que lorsqu'elle viendra me dire bonsoir et éteindre dans ma chambre ? C'est une solution qui me tente, même si elle risque de me reprocher en plus de le lui avoir caché.
Je tourne en rond, un peu comme un papillon autour d'une lampe, à la fois attiré et aussi craignant de m'y brûler...
Maman sent bien que je n'ai pas une attitude tranquille et elle me tend une perche : "Christine, qu'as-tu donc ? Tu n'aurais pas encore quelque chose à me dire, hein ?"
C'est une perche, mais elle est si grosse que je me bloque, que je réponds du tac au tac : "Non, Maman, non, que vas-tu imaginer ? Non, non, tout va bien..."
Cela ne la convainc pas et elle insiste : "Oh, je sais ce que je dis, Christine. Je te sens bizarre ce soir... J'espère que tu ne me caches rien... Si tu as quelque chose à dire, sois franche pour une fois... Ne me mens pas en plus... Tu sais très bien que cela ne ferait qu'aggraver ton cas... Et que tu pourrais préparer tes fesses..."
La menace m'a surprise. Maman semble lire dans mes pensées. J'en suis troublée et je rougis comme une pivoine...
Mieux vaut donc tout dire... "Allez, Christine, lance-toi..." Une petite voix me le conseille au fond de moi...
Je cherche mes mots. Je suis prête à lâcher le morceau, à avouer. Mes yeux brillent et sont au bord des larmes, tant je sais que l'aveu sera difficile... Tant je redoute la suite... "Euh, Maman, euh..." J'esquisse un commencement de phrase... Je veux enfin me libérer...
Mais, à ce moment là, la porte s'ouvre et mes soeurs rappliquent : "Coucou, Maman, c'est nous. C'était super la leçon de danse", crie Aline enjouée... Maman les accueille avec le sourire, puis se retourne vers moi : "Au fait, qu'est-ce que tu disais, Christine ?"
Hélas, le moment est passé et je ne veux surtout pas parler devant elles, et donc je change d'attitude. "Euh, non, rien, M'man, il n'y a rien, rien du tout..." Et, tournant les talons, je remonte dans ma chambre... J'ai loupé une occasion d'être franche... J'enrage de ne pas m'être décidée plus tôt... Et déjà je repense à la phrase de Maman : "Christine, sois franche, si tu as quelque chose à dire, n'aggrave pas ton cas..."
La menace était même plus précise... Sans équivoque même pour mes fesses... Et elle tourne dans ma tête...
(A SUIVRE)

23 commentaires:

  1. vous visez toujours juste, et vous racontez si bien... J'ai un petit frisson en croyant entendre les intonations de Maman : "Agnès je te connais par coeur... quand tu fais cette tête là c'est que tu viens de faire un bêtise !... Je te préviens, c'est maintenant qu'il vaut mieux m'en parler, demain ce sera trop tard...". Avouer était tellement difficile, et c'était loin de me valoir l'indulgence maternelle. Combien de fois un accès de sincèrité (parfois trop tardif je le reconnais) a été interrompu par une exclamation indignée de Maman : "AGNES !... Ne me dis pas que tu as fais ça!... Agnès ce n'est pas POSSIBLE!..." A ce moment là j'étais certaine de me retrouver sous peu dans une posture très inconfortable .

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  2. Bien vu en effet de votre côté aussi. L'aveu recherché n'efface pas la faute. Il peut éventuellement incliner à une certaine clémence, mais il n'absout pas pour autant.
    Pour l'autorité maternelle, il est nécessaire, il est une manière de fonder la punition sur une sorte d'accord, de reconnaissance de la faute.
    Maman ne peut tolérer le mensonge, car il entretient le doute, il tente de gagner du temps, il peut faire croire que je serai punie à tort, il perturbe donc le fonctionnement de la relation entre la détentrice de l'autorité et celle qui doit obéir.
    Le mensonge ne peut donc qu'être une circonstance aggravante, une faute impardonnable en elle-même...
    Il faut donc que Maman obtienne l'aveu, la franchise. Reconnaître sa faute, cela ne veut pas dire que l'on accepte la punition, que l'on est d'accord avec la sentence, mais cela fait que l'on ne peut pas prendre une posture de victime, d'innocente punie à tort.
    C'est une nuance mais elle est essentielle...

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  3. Superbe post et photo parfaite. J'aurais préféré un aveu à la fin, difficile et embarrassé, prélude à une situation encore plus embarrassante. L'aveu à tant de charme à mon goût.

    Ceci dit, l'arrivée des futures témoins de votre infortune ne rendra que plus cuisante votre honte, tout à l'heure, quand il faudra payer.

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  4. Vous auriez préféré, cher Olivier. Voui, mais je ne commande pas mes souvenirs, ni mon imagination. Merci de vos encouragements quand même.
    L'aveu, de toute manière, va bien devoir venir... Patience !

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  5. Pour illustrer le thème de la reconaissance de la faute, un souvenir...
    C'est le soir après le dîner, je me déshabille après avoir fait ma toilette. Je viens juste de retirer ma jupe et je suis en train de la plier lorsque Maman entre dans ma chambre, à l'évidence un peu mécontente.
    "Agnès, tu te moques de moi, tu as vu dans quel état tu as encore laissé la salle de bain ?""
    Je tente de minimiser le problème : "Maman, c'est juste un peu d'eau..."
    "Et les serviettes par terre...Et les traces de dentifrice dans le lavabo..Non, ça ne va pas, voilà quinze fois que je te fais la même remarque. Va tout de suite nettoyer ça !"
    "Oh Maman, ce n'est pas si urgent que ça ! "
    "J'ai dis tout de suite Agnès, allons ! Dépêche-toi un peu ma petite...!"
    Et avant que j'ai eu le temps de réagir, Maman m'a saisi par le bras et a administré quatre ou cinq fortes claques sur la partie la plus charnue de mon anatomie : "Et voilà pour te motiver un peu..."
    "Ouille...!" Maman m'a prise par surprise et je suis pas du tout contente. Je suis vexée d'avoir reçu ces claques. Je me sent bêtement vulnérable, plantée devant elle en petite culotte. E puis ces jours-ci Maman m'énerve lorsqu'elle me traite comme une gamine. Je jette avec rage ma jupe par terre et je m'écrie : "Arrête, fiche-moi la paix !...J'y vais puisque c'est SI important !..."
    Je sort de ma chambre en claquant la porte, et tout en me dirigeant vers la salle de bain je lance un "MERDE" retentissant.
    Arrvée dans la salle de bain, tout en rangeant et épongeant je remâche mes griefs contre Maman. Je suis sûre qu'elle va venir me faire la leçon et je suis bien décidée cette fois à ne pas me laisser faire. Et puis peu à peu ma colère retombe, et mon inquiétude augmente en proportion. Je commence à me rendre compte que je suis allé trop loin, jamais il ne m'était arrivé de parler à Maman sur ce ton... de lui claquer la porte au nez... sans parler de la grossiereté que j'ai lâchée dans le couloir.
    Quand je sort de la salle de bain je suis assez mal à l'aise. Ce qui m'inquiète le plus c'est que Maman ne se soit pas manifestée : à tout moment je m'attendais à ce qu'elle arrive pour me gronder, mais non... Elle ne m'attends pas non plus dans le couloir, les bras croisé avec un air réprobateur, et quand je regagne ma chambre elle ne m'y attends pas non plus. En revanche ce que je remarque tout de suite c'est la feuille de papier posée sur mon oreiller : voilà qui ne présage rien de bon.
    (à suivre)

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  6. Jolie contribution et qui ménage le suspense... J'espère en lire la suite bien vite...
    Quel âge aviez-vous dans ce souvenir ?
    Je me doute bien que cela va finir par une fessée mémorable. J'avoue moi-même être un peu désarçonnée, car jamais Maman n'aurait admis le mot de Cambronne sous son toit. Dans ce cas précis, je crois qu'il ne se serait pas passé trente secondes avant que mes fesses ne cuisent...
    Si je venais à répondre, je crois que je n'aurais pas été plus loin que le "zut" ou un "crotte" prononcé à mi-voix. Le mot de cinq lettres était proscrit à tout jamais...

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  7. Désaçonnée, c'est bien ce que j'étais ! Moi aussi Maman m'avait habituée à des réactions plus vives lorsque je lui répondais "sur un vilain ton".
    Pour ce qui est de mon âge lors de cet incident, ce qui est sûr c'est que j'étais en quatrième mais je ne pourrais pas dire à quel moment de l'année scolaire ; donc treize ans - treize ans-et-demi - pas une période très facile, et je crois qu'à cette époque Maman tentait de me reprendre en main.
    Je continue :
    Je reconnus sans peine l'écriture nette et ferme de Maman. Je ne me souviens pas mot à mot du texte de son message, mais dans mon souvenir cela ressemblait à ceci :
    "Agnès,
    Si tu crois que tu es autorisée à te comporter comme tu viens de le faire et à me parler sur ce ton,permet moi de te dire que tu te trompe lourdement. Non, je ne pense pas qu'il est tolérable qu'une fille de ton âge soit aussi impolie, aussi insolente avec sa mère.
    Je ne veux pas perdre de temps à te faire la leçon : j'ai bien vu que tu étais trop énervée pour m'écouter et te comporter de façon raisonnable. J'espère que demain tu sera calmée, que tu auras pris le temps de réfléchir et que tu montrera quelques regrets de ta conduite de ce soir.
    Maman."
    De temps à autre quand Maman devait s'absentait avant que je sois rentrée elle me laissait des messages que je trouvais à mon retour. Ceux qui avaient trait à des questions de discipline étaient en général plus explicites, néammoins je sentais clairement la menace cachée dans ce petit sermon. et même si le mot "fessée" n'atait pas écrit en toutes lettres, je savais lire entre les lignes. Ce soir-là je mis longtemps à m'endormir. Je ne cessais de penser à ce que j'avais fait, à ce que j'avais dit, et plus j'y songeais plus cela me paraissait grave, impardonnable : cette fois j'étais allé trop loin.
    Le lendemain matin, je n'en menais pas large. Je m'attendais à ce que Maman mette sur le champ la question sur le tapis, mais non !... Pas une allusion. Maman était juste un peu plus froide qu'à l'ordinaire, mais pas particulièrement fâchée. Une petite voix me soufflait que c'était à moi de faire le premier pas, de demander pardon, que c'était justement ça que Maman attendait de moi. D'ailleurs de mon coté je me sentais mal à l'aise, coupable, j'avais envie de demander pardon, mais je ne pouvais me résoudre à prendre l'initiative. Après tout Maman semblait avoir tout oublié de la scène de la veille. Si je me risquais à remuer tout ça j'aurais surement droit à une bonne réprimande, et peut être plus...
    (à suivre)

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  8. (suite)
    Chaque matin mon amie Laurence qui habitait 2 étages au dessus venait sonner à la porte et nous allions au collège ensemble. Je décidai de ne pas l'attendre et un quart d'heure - vingt minutes avant l'heure habituelle je commencai à rassembler mes affaires tant j'étais pressé de quitter la maison. Je venais de porter mon cartable dans l'entrée lorsque j'entendis la voix de Maman venant du salon : "Agnès, tu t'en va déjà... ne part pas tout de suite, j'ai à te parler."
    Je sentis mon coeur qui s'emballait. Avant que j'ai eu le temps de réagir Maman m'avait rejoint. Je tentai de balbutier les excuses que j'avais tourné et retourné dans ma tête une partie de la nuit : "Euh..Maman...Il faut que je te dise... je suis désolée pour hier soir..."
    "Tiens-donc, et c'est maintenant que ça te viens, alors que tu es levée depuis une heure et demie ! Viens donc un peu par ici ma petite..." Et Maman me prit doucement mais fermement par le poignet pour que je l'accompagne au salon, elle s'assit sur le canapé alors que je me tenais debout devant elle.
    "Maman...vraiment...Je ne sais pas ce qui m'a pris...Je regrette vrament..."
    "Agnès, je vois que tu ne joue pas la comédie, je pense que tu regrette vraiment ton attitude d'hier soir...mais tu ne pense pas que c'est un peu tard..."
    "Je n'osais pas... j'étais...tellement mal à l'aise.."
    "Disons que j'aurais préféré plus de spontanéité. Enfin.. les remords sont une bonne chose, mais il reste à régler la question de la punition... et je crois que nous avons juste le temps avant que tu ailles en classe."
    "Maman !... Non!...Ce n'est pas possible...Pas la fessée, je t'en prie..."
    "Oh si c'est tout à fait possible ma chérie. Tu ne t'en es peut être pas rendue compte mais hier soir j'ai eu beaucoup de mal, vraiment beaucoup de mal à ma retenir pour ne pas te donner sur le champ la correction que tu méritais ! Allons, maintenant viens ici."
    Une nouvelle fois Maman me saisit par le poignet et m'invita à venir me coucher en travers de ses genoux. J'aurais pu résister, j'étais assez forte, assez en tout cas pour que Maman ne puisse pas me forcer à venir sur ses genoux ; mais dans ma tête j'avais déjà accepté la punition. Je me sentais coupable, Maman avait avait raison, je méritais d'être punie et c'était la seule façon de me réconcilier avec elle. Je ne résistai donc que pour la forme, pour sauvegarder un peu de dignité, avant de céder et de me retoruver à plat-ventre dans cette posture ridicule. Je réussis aussi à retenir ma jupe quelque seconde avant que Maman me la retrousse. Je gigotai un peu alors qu'elle s'employait à baisser mes collants et ma culotte, et puis... et puis Maman commença à me donner la fessée. Une série de gifles retentissantes vinrent s'abattre sur mon postérieur pendant que j'entendais Maman commenter : "Ah Mademoiselle Agnès s'amuse à faire l'insolente.... Mademoiselle Agnès s'estime trop grande pour obéir..." et alors que les claques pleuvaient dru, je sentais mon derrière devenir de plus en plus brûlant et endolori. Je crois qu'à un moment Maman fit une petite pause mais - à mon grand désespoir - la fessée reprit de plus belle jusqu'au moment où au milieu des claques qui résonnaient dans l'appartement, on entendit la sonnette de la porte d'entrée.
    (à suivre)

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  9. Voilà une suite bien menée une fois encore. Je suis moins accro avec l'idée du petit mot, mais j'aime beaucoup certains passages comme cette notion d'une résistance modérée. La demoiselle pourrait mettre toute sa force mais ne se débat que peu, acceptant l'idée de la nécessaire punition.
    L'arrivée de la copine, qui au moins entendra quelque chose... est un moment fort également... Merci d'avance pour la suite. Cela fait plaisir de partager ce souvenir.

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  10. Quel divin récit ! Quel délice ! Merci Agnès !

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  11. Bravo Agnès ! Quelle magnifique variation sur la faute, le remord, la nécessaire expiation, la punition attendue, l'espérance d'y échapper, tout en sachant bien qu'on la mérite... et qu'on en a besoin. Vous explorez si bien les émotions qui me plaisent.

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  12. (Suite)
    "Ah, remarque Maman, c'est Sophie, elle est un peu en avance... Eh bien nous dirons que ça suffit pour cette fois." Elle m'aide à me relever et ajoute "Rhabille-toi vite, je vais lui ouvrir." Je ne me le fais pas dire deux fois, en un clin d'oeil j'ai remonté ma culotte et mon collant, lissé ma jupe, essuyé mes yeux. Je tente de reprendre un peu mes esprits pendant que Maman va accueillir mon amie. Tout en les entendant parler dans l'entrée je me demande si le bruit de la fessée pouvait s'entendre depuis le palier. J'ai bien peur que oui...dans ce cas Sophie l'a entendu... est-ce qu'elle a compris ce qui se passait ? Mais déjà la voici qui rentre dans le salon avec Maman. Est-ce que je me trompe ou est-ce qu'elle n'a pas l'air d'être un peu gênée quand nos regards se croisent ? En tout cas, gênée, moi je le suis : s'il y a une chose que je crains plus que tout, c'est que mes camarades de classe soient mise au courant du genre de punition que je reçoit encore à mon âge. Je sais que Maman ne se gêne pas pour en parler avec ses amies - et bien sûr avec ma tante - mais elle a toujours eu la bonté d'éviter d'aborder la question devant mes amies ou leurs mamans.
    En plus me voici dans une situation que je déteste, forcée de voir des gens, de sortir, de faire bonne figure alors que mon désir le plus cher serait d'aller me cacher. Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour avoir le droit de m'enfermer dans ma chambre, au calme, loin des regards indiscrets. Au moment ou je balbultie un "Bonjour" embarassé, j'ai l'impession que les yeux de Sophie fixent un point un peu en dessous de ma taille et j'ai l'impression irrationelle qu'elle peut voir ce qui se cache sous mes jupes. A cet instant je vois qu'en plus de son cartable elle porte un sac de sport, je lui demande "Qu'est-ce que c'est que ça...?" et je l'entends me répondre "C'est ce que je disais à ta Maman, tu as oublié mais on doit aller à la piscine ce matin..." Maman enchaîne "Eh bien je vais vite préparer tes affaires... " En ce qui me concerne j'ai le vertige, je sens le rouge me monter aux joues car en quelques secondes j'ai vu ce qui m'attends. Maman n'y est pas allé de main morte et comme il m'est parfois arrivé dans le passé d'avir la curiosité d'inspecter dans une glace l'évolution de la couleur de mon derrière après une cuisante déculottée comme celle-ci, je sais que les larges plaques rouges qui doivent en ce moment orner mes fesses mettront un petit moment à s'effacer. Alors penser que... la piscine... dans une demi-heure je serai en maillot de bain... Je suis sûre que ça se vera encore... je dois avoir des marques jusque sur le haut des cuisses, je le sent... Tout le monde va le voir... tout le monde va savoir...Nooon ce n'est pas possible...
    Maman revient avec mon sac de piscine , je lui jette un regard suppliant : "Maman, écoute... Il faut que je te parle..." Je suis au bord des larmes. Maman reste silencieuse un instant et puis se tourne vers Sophie : "Il faut que je discute un peu avec Agnès, part devant, elle te rejoindra"
    A peine Sophie est-elle partie que je fonds en larmes, entre deux sanglots je tente d'expliquer à Maman qui m'écoute en silence : "Ce n'st pas possible... J'aurais trop honte... Il faut... Il faut que tu me fasse un mot..."
    (à suivre)

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  13. Encore un beau développement... J'imagine qu'Agnès doit être honteuse et vraiment gênée... Je me doute bien que Sophie a compris ce qui est arrivée à son amie, même si celle là le niera sûrement....
    Que va-t-il se passer maintenant ?
    Je pense quand même qu'Agnès se fait du souci à tort... D'ici l'arrivée à la piscine et la mise en maillot, les marques auront sûrement disparu...

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  14. Christine, Olivier, merci pour vos remarques et vos éloges. Je ne suis jamais sentie très douée pour écrire, pas très sûre de m'exprimer correctement surtout sur un sujet aussi délicat et intime. C'est vraiment une impression nouvelle de sentir qu'avec ces souvenirs je peux créer quelque chose qui intéresse d'autres personnes et transmettre un peu de l'émotion que je ressent à me les remémorer. Mais trève de bavardage, puisque cela vous intéresse, je continue vonontiers.
    (Suite)
    Je suis assise sur le canapé, la tête dans mes mains. Je me sens vidée, sans force, dépassée. Tout est allé trop vite : il y à cinq minutes je m'inquiétais de ce que Sophie avait pu deviner ; maintenant c'est bien pire, c'est devant tout le monde - enfin toute ma classe- que je vais être ridicule. Au bout de quelques longues minutes je sens que maman viens s'asseoir à côté de moi. Je lève les yeux et vois qu'elle me regarde avec une petite moue dubitative : "Agnès, je pense que tu n'as pas de raison de t'angoisser comme ça. Même après une grosse punition comme celle ci je suis persuadée que dans dix minutes personne ne pourra rien y voir" La seule réponse dont je suis capable c'est de baisser de nouveau la tête et me remettre à pleurer.
    "Agnès, continue Maman, je te connais assez pour voir que tu ne me joue pas la comédie. Je pense que maintenant tu regrette ton attitude et tu comprend que tu méritais que je te punisse."
    "Oh oui...mais je ne mérites pas... que tout le monde se moque de moi...!"
    "Ca c'est vrai. Tu sais ma chérie même si tu crois le contraire je reste convaincue que tu es encore à un âge où les fessées sont des punitions utiles ; mais je suis d'accord avec toi pour penser que tu es trop grande pour qu'on le crie sur les toits. Pour ce qui es de cette histoire de rougeurs, tu te fais des idée, crois-moi...mais...je sens que tu es vraiment malheureuse et je crois que la leçon est suffisante." Avec une petite moue ironique elle me tend mon carnet de correspondance : "Tiens, je viens de le faire ton mot d'excuse...Allez, maintenant file ou bien tu vas être en retard."
    En rentrant à la maison ce soir-là j'ai eu le plaisir de retrouver la Maman que j'aimais, souriante, détendue. Pendant toute la journée j'avais réfléchi à ce que j'allais lui dire, et cette fois je le fis sans tarder : "Maman, je crois que je n'ai pas pris le temps de bien m'excuser ce matin. Alors je voudrais que tu sache que je regrette de m'être emportée, dès le départ c'est moi qui avait tort et je n'avais pas à te parler comme ça... ".
    Je pourrait finir sur cette réconciliation et les promesses de bonne conduite qui ont suivi, ce que l'on pourrait développer sous le titre "Les suites heureuses d'une bonne fessée", mais cet épisode a eu d'autres conséquences, certaines moins agréables. La plus notable - que je tenterai peut être de développer plus tard - fut le tour qu'il imprima à mes relations avec Sophie. La plus pénible, intimement liée d'ailleurs à la précécente, ce fut ,quelques jours plus tard, une rencontre et une conversation dont je me serais volontiers passée.
    (à suivre)

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  15. (Suite)
    Ce jour-là, comme je rentrai à la maison, je croisai Laurence dans l'escalier. Laurence, c'était la grande soeur de Sophie ; à ce moment elle avait 17 ou 18 ans et c'était tout à fait le genre de fille que je détestais : méprisante, toujours à nous regarder de haut et à nous considérer ouvertement comme des gamines peu intéressantes. Je montais, elle descendais, et sitôt qu'elle me vit elle un sourire ironique qui me déplut fortement. J'étais décidé à passer rapidement en me contentant de lui dire un bref "Bonjour", mais ce fut elle qui m'aborda : "Tiens, Agnès...comment vas-tu ? Tu es bien remise de tes émotions ?". Je sentis mon coeur s'affoler et je ne trouvai rien à répliquer. Laurence continua sur le même ton sarcastique : "Allons, ne fais pas comme si tu ne comprenais pas... Mardi matin... tu ne te souviens pas... Oh si... je vois que tu rougis..." Et elle avait raison, en une seconde j'avais senti mes joues devenir brûlantes car mardi matin, c'était le jour de la piscine. Et en écoutant Laurence mon coeur battait la chamade : "C'est simple, je suis descendue avec Sophie ce matin-là... Je ne sais pas ce que tu avais fait comme bêtise mais elle devait être de taille... Et tu sais, tu peux même me remercier car c'est moi qui ai sonné... Ma pauvre soeur était tellement gênée qu'elle n'aurait jamais osé !". Je sentais une boule grossir dans ma gorge "Laisse moi passer" lançai-je à Laurence "Allons, ne te fâche pas, répondit-elle en se penchant vers moi, c'est normal à ton âge de recevoir des fessées déculottées quand on n'est pas sage... Et est-ce que ta maman t'envoie au coin après ...". J'écartai Laurence d'un geste et je montai quatre à quatre les marches jusqu'à l'appartement pendant que Laurence me saluait d'un "Au revoir Agnès, à bientôt !" A peine avais-je refermé la porte que la boule dans ma gorge creva et que je commençai à pleurer comme une Madeleine. Je me précipitai dans ma chambre, me jettai sur le et je pleurai amèrement. Laurence savait, Sophie savait, j'avais l'impression de n'avir jamis eu aussi honte de ma vie

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  16. Disparues ? Pas totalement à mon avis. Je pense qu'il subsistera quelques rougeurs... qu'il sera difficile de cacher quand Agnès devra monter sur le plongeoir.
    Pauvre Agnès, je comprend son embarras. Elle a bien mérité sa fessée, mais juste avant la piscine ce n'est vraiment pas de chance.

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  17. Jolie suite avec des rebondissements... Vous me direz qu'une fessée c'est nécessairement des "rebondissements" de la main maternelle...
    Maman a été magnanime, elle a compris le désarroi d'Agnès. C'est la preuve que c'est une mère aimante. Les voisines sont moins compréhensives. J'avais deux moqueuses à la maison et je sais de quoi je parle...
    Merci encore pour ce beau long texte.

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  18. Bravo Agnès et merçi à Christine d'accueillir vos histoires sur son blog .
    Avec de tels recits ,je rouvirais le mien !!

    herge

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  19. Mais faites donc... Ce serait un plaisir de lire d'autres récits, vous qui les appréciez bien écrits et tout en finesse.

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  20. Merci à tous. Je suis contente que mes récits vous plaisent. Encore une fois cela fait longtemps que je remue ces souvenirs et que je tente d'analyser l'émotion qu'ils me procurent, mais c'est une expérience inédite d'oser proposer ces récits et ces réflexions à d'autres. J'ai déjà mis un moment à me rendre compte de tout ce que l'on pouvait trouver sur internet concernant la fessée et que de nombreux adultes - qu'il aient été ou non punis au cours de leur enfance - étaient aussi troublés que moi par ce sujet. Quelque sites que j'ai explorés m'ont plutôt mise mal à l'aise, mais j'en ai trouvé d'autres dont les récits ou les photos (j'ai trouvé ailleurs quelques unes qui servent de support à vos récits, Christine, et j'en profite pour vous féliciter pour votre sélection, toujours judicieuse : vous savez choisir les images qui ont un vrai pouvoir d'évocation), ont su me toucher. Ce qui est certain, c'est que je suis particulièrement heureuse d'avoir découvert votre blog car dès le début j'ai compris que j'avais rencontré quelqu'un avec qui je me sentais en harmonie, qui parlait de chose que je ressentais. Je suis heureuse de vous livrer mes récits pour que vous les diffusiez et le commentiez, de même que j'aime beaucoup lire et commenter les votres. A ce propos, à quand la suite du dernier "Moment crucial" qui promet beaucoup. Vous faites bien de dire qu'une mère semble doté d'un sixième sens, comme une sorte de sismographe réagissant à d'infimes variation de l'humeur de son enfant, mais j'ajouterai que celui-ci enregistre avec autant de sensiblité les réactions de sa maman. Voyes comme vous sentez tout de suite que votre maman vous soupçonne de quelque choe ; dommage que parfois l'on n'ait pas la volonté d'agir en conséquence : "J'ai loupé une occasion d'être franche." dites-vous, peut-être n'était-ce pas la première, ni la dernière fois ? en tout cas je vous garantis que vous n'êtes pas la seule à vous être fait ce reproche.
    Bien cordialement à vou, et dans l'attente de vous lire.

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  21. "Les suites heureuses d'une bonne fessée" Ah, cette petite Agnès est vraiment charmante ! Une bonne fille. Bien éduquée.

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  22. Merci des compliments, Agnés. C'est vrai que je suis exigeante avec les illustrations. Je checher celles qui me parlent, qui évoquent bien des situations, des sentiments, des vécus.
    Je suis heureuse aussi que vous vous sentiez en harmonie avec ce que j'exprime. C'est réciproque en plus, même si quelques détails sont différents de mon vécu personnel, mais l'essentiel est là, le sens de la nuance, de la progression fine et lente, la belle analyse des sensations, des pensées, et j'ai un réel plaisir à découvrir vos écrits, moi aussi.
    Ne vous inquiétez pas, je poursuivrai le sujet en cours, et d'autres évidemment.
    A bientôt.
    Christine

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  23. je dois t'avoué Christine qu'en lisant ton je me suis vu dans la glace. les sensations de doutes, si je devais être franc avec mes parents. Bref je finissait toujours par me taire et la vérité venait au-dessus comme un éclair.

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