jeudi 13 août 2015

Chronique d'un redoublement : 90. Les menaces persistantes entretiennent ma peur des moqueries des copines

SUITE 89

De retour à la maison, je reçus les encouragements de Maman suite à mon 14 sur 20 en géo, non sans, bien sûr, qu'elle ajoute ses commentaires : "Tu vois quand tu veux, Christine. Tu es sur la bonne voie. Tu n'as plus qu'à poursuivre ton effort jusqu'à la fin du mois, et tout ira bien".
J'allai dans son sens en promettant de bien travailler jusqu'au dernier jour, etc., etc.
Elle acquiesça : "Je ne demande qu'à le constater et j'en serais ravie. Sinon, tu sais ce qui t'attend, Christine, hein, tu n'as pas oublié, je pense..."
Je manifestai comme un geste d'humeur, répliquant un peu sèchement, en haussant les épaules : "Oui, je sais, je sais, pfff, c'est pas la peine de le répéter..."
Maman me lança un regard noir : "Baisse d'un ton, ma fille, que cela t'agace ou pas, les choses sont claires, je ne tolérerai aucun faux pas en ce dernier mois, et que cela te vexe ou pas, ce sera une déculottée maison autant de fois qu'il le faudra..."
Je détournai le regard et me gardai bien de répondre, si ce n'est d'une voix radoucie : "Oui, Maman, oui, je sais".
Elle parut rassurée : "Je préfère ce ton-là, Christine. Et je te conseillerais d'éviter de me répondre vivement, si tu ne veux pas revenir sur mes genoux plus rapidement que tu ne l'imagines..."


Maman n'avait pas apprécié ma réaction d'agacement,
et me menaça de me ramener au plus vite sur ses genoux
pour une nouvelle déculottée maison... 

Je fis amende honorable et tentai autant que possible de me calmer et de cacher mon trouble. Une fois encore, l'arrivée d'une (assez) bonne note me valait certes des encouragements, mais entrainait des commentaires et des promesses inquiétantes pour mon bas du dos...
Mais, il est vrai que j'avais réagi vivement, dans un contexte où tout ce qui touchait aux méthodes maternelles, était encore plus sensible depuis que je savais être l'objet de rumeurs et de moqueries au collège qui m'inquiétaient.
Toutefois, je n'allais pas dire à Maman le fond de ma pensée qui aurait été du genre : "Bien sûr que je vais essayer de faire le maximum pour ne pas donner cours à de nouvelles moqueries en classe. Mais, j'aurais moins d'ennuis si tu n'avais pas tout raconté à la mère de Babette..." De toute manière, une telle réflexion n'aurait pas été du goût de Maman, et je n'avais aucune envie de risquer de provoquer une réaction d'un genre que je voulais éviter absolument... 
En tout cas, quelque part, j'en voulais à Maman et j'avais du mal à cacher une certaine mauvaise humeur qui s'exprimait par une attitude renfrognée et plutôt fermée. Heureusement que le contexte était globalement positif, sinon je ne doute pas que Maman aurait certainement agi en disant : "Si tu continues à faire cette tête, je vais te donner une bonne raison de grogner, moi, en m'occupant de tes fesses..."


 J'étais agacée et renfrognée. Heureusement que le contexte
était plutôt positif, sinon je me doute bien que Maman 
m'aurait donné sur le champ une bonne raison de grogner...

Après un carnet de notes satisfaisant, puis une première note du mois encourageante, j'aurais pu commencer à respirer, à prendre confiance, à me dire qu'il ne restait plus que quatre semaines, que mon passage en quatrième ne devrait pas poser de problème, et donc que, même si c'était compréhensible que Maman veuille ne pas relâcher la pression avant la fin des cours, je n'avais pas trop à me faire de souci... Peut-être même, qu'avec un peu de chance, je terminerais l'année sans nouvelle déconvenue fessière...

Seulement, voilà, il y avait depuis lundi un gros sujet d'inquiétude qui me polluait les méninges, avec les moqueries de Babette et de Brigitte, qui en savaient donc, plus que je ne l'aurais souhaité, sur les méthodes maternelles employées dans la famille Spaak...


Je repensais sans arrêt aux réflexions de Babette et Brigitte,
ainsi qu'à leurs messes basses...
J'imaginais aisément qu'elles allaient chercher
à en savoir encore plus sur ce qui m'arrivait à la maison... 

Encore cela se serait-il concrétisé sous une forme de compassion, pour plaindre leur camarade subissant une éducation sévère, que j'aurais pu l'admettre. Cela avait été le cas, l'année précédente, quand mon amie d'alors, Anne, avait essayé de trouver les mots pour me consoler, même si elle cherchait aussi à en savoir plus sur ce qui m'arrivait... Présenté ainsi, comme en soutien moral, son appui m'avait fait du bien, et je m'étais plus facilement confiée à elle.

Non, là, et comme près d'un an et demi plus tôt, car c'était en fin de premier trimestre de ma "première" classe de Cinquième, quand je commençais vraiment à tenter d'échapper aux foudres maternelles, ce qui était insupportable pour ma fierté de pré-ado, c'était que des camarades fassent de ce qui m'arrivait à la maison des sujets de moquerie...

Il n'était nullement question de compassion, puisque Babette l'avait exprimé d'entrée en me rabaissant à un rôle de "gamine" qui reçoit "encore la fessée". Et je ne parle pas de la réflexion du surlendemain quand j'avais reçu une bonne note et qu'elle en avait conclu que je n'aurais donc pas "panpan cucul", expression ô combien infantilisante s'il en est...

Heureusement, dirais-je, que cela ne survenait pas à un de ces moments de mauvaise passe, de conflits fréquents avec Maman, mais cela n'en était pas moins gênant pour mon amour propre, pour ne pas dire humiliant.

Et voir que Babette et Brigitte avaient trouvé en la personne de Corinne quelqu'un susceptible d'alimenter et d'enrichir leur connaissance du sujet ne pouvait qu'entretenir mon inquiétude... J'avais trop en mémoire cet épisode où j'avais joué les malades imaginaires, trompant Maman quelques heures, avant finalement de ne récolter qu'une de mes plus magistrales déculottées, une fessée majuscule donnée devant mes soeurs, et dont la nouvelle et quelques détails avaient fait le tour de ma classe...

Alors, il fallait absolument que je me contrôle, que je fasse que mes peurs ne prennent pas le dessus et que je continue à être ainsi sur les nerfs et irritable facilement. La manière dont j'avais répondu à Maman en était une preuve, et aurait pu mal tourner pour moi en des périodes plus tendues entre elle et moi... 

Or, ce n'était vraiment pas le moment de risquer de faire des faux pas, de provoquer une réaction maternelle qui n'aurait fait d'ailleurs que donner raison à ce que Babette pouvait raconter...

Dans ce contexte, il est évident que j'eus une fois de plus du mal à m'endormir, et surtout à m'enlever de la tête des images entremêlant mes angoisses du jour, les dernières fessées reçues, et même des souvenirs de l'année précédente...


Dans ma tête, revenait cette histoire de l'année précédente,
cette fessée déculottée magistrale reçue devant mes soeurs,
et dont l'existence et bien des détails
avaient fait pour ma grande honte le tour de ma classe... 



Pour me calmer, je m'accrochais à une seule pensée qui était que, pour éviter les moqueries des copines, et pour faire croire que je ne recevais plus de fessées, l'unique moyen était qu'effectivement j'y échappe et ne retourne plus sur les genoux maternels... Mais, même si j'étais dans une phase positive au plan des résultats scolaires, j'avais bien du mal à me dire que j'y arriverais, quand Maman me rappelait sans cesse qu'elle ne laisserait rien passer et qu'à la moindre alerte je devrais préparer mes fesses...


A SUIVRE

7 commentaires:

  1. Bonjour Christine.
    Moi qui avais émis deux hypothèses concernant Babette, moi qui espérais que celle retenue par Mme Vitez soit la méthode de Mme Spaak, il semble hélas que ce n'est pas celle-ci qui se profile. La fille aînée des Spaak a donc malheureusement deux problèmes à gérer : celui de ne pas se relâcher, sinon maman ne fera pas de cadeau ; celui également de faire en sorte que le bruit de la "Christine fessée comme une gamine" ne fasse pas le tour du collège, mais ce deuxième problème semble encore plus difficile à gérer.

    Amicalement.
    Collègement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  2. Patience, n'allez pas trop vite en besogne... Votre réflexion n'est pas très optimiste pour Christine... Mais il est vrai que le retour des rumeurs et des moqueries à propos de ses démêlés avec sa chère mère a de quoi inquiéter une Christinette qui s'en serait bien passé...
    Si encore, elle était sûre de pouvoir finir l'année scolaire sans se retrouver une fois de plus sur les genoux maternels, elle pourrait combattre les rumeurs en expliquant qu'elle ne reçoit plus la fessée, et faire croire que cela fait longtemps...
    Mais, Maman veille au grain, et a bien dit et redit qu'elle serait intraitable... Voilà qui n'est pas de bon augure et qui porte sur les nerfs de Christine... Ce qui, parfois, lui a joué bien des tours...

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  3. Encore une fois, Christine, vous me devancez : votre dernier épisode est paru alors que je n’ai pas encore détaillé le désormais avant-dernier. En cette occasion également, je m’en vais donc commenter le 90 avant que de lire le 91.
    De retour chez vous, nantie d’une bonne note justifiant somme toute la méthode maternelle, vous vous voyez encore rappeler la menace qui plane sur vos fesses en cas de relâchement. D’où une réaction impatientée de votre part (qui peut se comprendre au vu des rumeurs dont vous faites désormais l’objet) entraînant une remise à l’ordre immédiate de la part de votre mère : peu soucieuse de la dimension mortifiante que prend son admonestation, elle vous rappelle sèchement ce que le moindre mouvement d’humeur peut signifier pour vous, avec effet immédiat puisque vous baissez aussitôt le ton, pour ne pas vous voir une fois de plus baisser la culotte.
    Madame Spaak, en effet, ne fait aucun cas de ce que ses révélations à de tierces personnes impliquent pour votre réputation en classe, et du risque que Babette, ou d’autres, informées par leurs mères respectives, ne s’en servent pour vous couvrir de ridicule et vous ostraciser. Prend-elle conscience, pourtant, que ce qui paraît aller de soi pour elle, et qu’elle ne se gêne pas de décrire complaisamment dans le cadre d’une discussion éducative, n’en va pas de même dans les autres familles ? Forte de ses convictions et peu préoccupée de savoir si les autres mamans les appliquent ou pas, elle se situe sur un plan qui l’empêche de considérer les dégâts collatéraux que déchaînent ses confidences pour le quotidien de Christine. (Vous mobilisez sur ce point tout un lexique de la déchéance : « rabaissant », « infantilisante », « gênant », « humiliant », « honte ».)
    Vous n’envisagez même pas de l’en prévenir. Pourtant, aurait-ce été si déplacé ? Auriez-vous pu concevoir de déclarer calmement à votre maman : « Je sais bien que je chacune de mes fessées est justifiée. Mais s’il te plaît, n’en parle pas aux mamans de mes copines, surtout en précisant tous ces détails. La plupart d’entre elles n’en reçoivent plus depuis longtemps, et si elles viennent à l’apprendre, elles vont le raconter à tout le monde, me prendre pour une gamine, se moquer de moi, me mettre à l’écart. Je connaîtrais bien des ennuis à l’école, plus personne ne me prendrait au sérieux. Est-ce que je mérite vraiment de subir ça ? C’est comme si ma fessée se prolongeait, s’amplifiait, se voyait indéfiniment commentée par tout le monde, alors que je voudrais bien tourner la page après que tu me l’as administrée. Tu sais, je m’en sortirais mieux si mes fessées ne sortaient pas du cercle familial. Je t’en supplie, sois plus discrète sur ce point. »
    Vous prétendez que cette réaction « n’aurait pas été du goût de maman ». Est-ce à dire que vous ne l’auriez que fâchée davantage ? Qu’au mieux, elle vous aurait lancé : « Que m’importe ton petit amour propre de demoiselle indisciplinée ? Si elles te font tellement honte, tu n’as qu’à pas les mériter. » ? N’aurait-elle vraiment conçu aucune considération pour votre réputation, que la rumeur de vos fessées risquerait de détruire ?
    Enfin, pour le coup, à quatre semaines de la fin de l’année scolaire, Christine subit une double pression : échapper d’une part à de nouvelles fessées, affronter d’autre part les persiflages de ses camarades, qui risquent de vous faire revivre le cauchemar de l’année précédente, quand le récit de votre déculottée s’était répandu dans toute votre classe.
    Et de mon côté, c’est avec un grand intérêt que je plonge de ce pas dans le chapitre suivant…

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  4. C'est vrai, Mardohl, que ma réaction d'énervement est en partie due à ce retour des rumeurs et moqueries à mon encontre. Il est évident que je vivais cela très mal, mais comme vous le devinez fort bien, pour Maman, c'était à moi d'agir, et la phrase que vous imaginez : « Que m’importe ton petit amour propre de demoiselle indisciplinée ? Si elles te font tellement honte, tu n’as qu’à pas les mériter. » est tout à fait celle qu'elle aurait dit ou pu dire en réponse à une plainte de ma part.
    Et puis, il faut bien prendre conscience que mes fessées avaient aussi valeur d'exemple pour mes soeurs notamment.
    Nous n'étions pas dans la configuration de Mme Vitez avec une fille unique, qui pouvaient garder secret un événement privé.
    Dans mon cas, les fessées avaient toujours, si ce n'est des témoins oculaires, souvent des témoins auditifs, et elles étaient soit annoncées à l'avance soit commentées a posteriori.
    Il aurait été difficile de faire autrement, ou de ne rien dire et que les petites imaginent que leur grande soeur qui avait ramené un zéro ou décroché deux heures de colle s'en sortait sans le moindre dommage.
    Et il y avait aussi le voisinage, les proches comme Tata ou Mamie, qui suivaient les hauts et les bas de l'évolution des trois filles Spaak.
    C'est vrai que de là à donner des détails à des tiers, il y avait un pas, mais c'était fait naturellement, comme on échange des recettes...

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  5. Le raisonnement mardohlien, j'y reviens un instant, est assez tentant, mais vu de notre statut d'adulte. Pour une pré-ado de Cinquième, il en était tout autrement.
    Aller dire à Maman que ses fessées sont "justifiées", mais que mieux vaudrait ne pas en ébruiter l'existence auprès d'autres parents d'élèves, aurait demandé que je sois sereine et dans l'acceptation. Or, je demeurais dans la peur, dans le refus au fond de moi, et cherchais toujours le moyen, au moins de reculer l'échéance, si ce n'est de passer à travers des mailles du filet...
    Et puis, si c'est une suggestion intéressante, cela n'en demeure pas moins une hypothèse que je n'ai pas exploitée. Je ne vais pas refaire le monde, ni mon vécu. Je suis certaine qu'une autre attitude de ma part aurait peut-être changer le cours des événements, mais je ne l'ai pas fait.
    Je m'étais posée la question dans un de mes textes de savoir quelle aurait été mon attitude si Maman m'avait laissé le choix entre venir avouer ma faute et lui demander de me donner la fessée méritée, avec la promesse que personne, même mes soeurs, ne le saurait, et la deuxième hypothèse qui serait qu'elle ne me donnerait pas cette fessée, mais ferait croire à tout le monde que je l'avais reçue, et je ne suis pas sûre du tout de ce que j'aurais choisi comme solution.
    Donc, aller jusqu'à dire à Maman, à reconnaître que je méritais la fessée, était tout à fait inconcevable dans mon esprit de pré-ado.

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  6. Merci pour vos judicieuses précisions, chère Christine, et je vous en prie, ne me dressez pas un procès d'intention : jamais je n'oserai vous suggérer de travestir la réalité.
    Je me souviens de l'épisode que vous évoquez, c'est celui qui précède tout juste la chronique actuelle, intitulé « Juste une question en forme de dilemme » du lundi 12 septembre 2011. Vous prétendez n'être « pas sûre du tout » de votre choix, mais pourtant, dans ce texte, vous tranchiez clairement : « Maintenant, en repensant à tout ce que m'apportait comme sensation de honte, comme rouge aux joues, comme angoisse et malaise le fait que Maman évoque mes déculottées devant des tiers, je me dis que j'aurais dû alors oser venir [...], oser affronter le regard satisfait de Maman me voyant m'approcher. »
    Je vous rends attentive en outre à un extrait de mon commentaire d'alors, qui vous prouve à quel point je me réjouis de la direction que prend votre prose : « Vous abordez là encore une autre dimension touchant au thème de votre blog, dimension parfois effleurée mais non encore parfaitement approfondie : celle de votre crainte mortifiante face au regard des autres, et du secret absolu dans lequel vous tenez à maintenir le régime corporel auquel vous êtes soumise. »

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  7. C'est vrai que, tout en étant simplement théorique et imaginée, cette situation évoquée le 12/9/2011 montre surtout combien la révélation à des tiers de ce qui m'arrivait à la maison pouvait me sembler encore pire que la sanction elle-même, ou presque car la peur de la déculottée restait très forte en moi, malgré le fait que les occasions de la ressentir n'étaient pas rares...
    C'était pour bonne part la curiosité de ceux qui apprenaient mes déboires qui me mettait mal à l'aise, du fait que je voyais bien qu'ils imaginaient la scène, au lieu de me plaindre tout simplement.

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