mardi 7 juillet 2015

Chronique d'un redoublement : 88. Des compliments mérités à une fessée d'Aline et l'angoisse qui revient

SUITE 87

Je tentai de me changer les idées durant le week-end. Mon carnet de notes encourageant me valut des compliments de Mamie et de Tata Jacqueline que nous vîmes, l'une le samedi chez elle, l'autre le dimanche où elle passa à la maison.
J'eus droit à des "C'est bien, tu vois que tu peux avoir de bonnes notes" et autres "Je suis bien contente pour toi. Continue sur cette voie. Je vais te donner un petit cadeau. C'est quand même plus agréable que d'avoir affaire à ta Maman quand cela ne va pas..."
C'était juste un tout petit billet pour me servir d'argent de poche. Maman contrôla ce que Mamie me donnait, en commentant : "Ca va pour une fois, mais il ne faut pas exagérer : c'est normal d'avoir des notes correctes quand on redouble. Et il va surtout falloir bien finir l'année, sans croire que c'est déjà gagné, n'est-ce pas Christine ?"
Je répondis en promettant de bien travailler, et Mamie dit qu'elle était sûre que sa "grande" petite-fille allait "faire des étincelles". L'expression amusa Maman qui rétorqua : "J'espère bien, de toute façon Christine n'a pas le choix, sinon c'est moi qui en ferai des étincelles... Mais, sur ses fesses, c'est bien compris ?"


 Mamie m'avait félicité, me donnant même un peu
d'argent de poche. Mamie espérait que j'allais "faire des étincelles".
Maman dit que j'avais intérêt, si je ne voulais pas
que ce soit elle qui fasse des étincelles sur mes fesses... 


Autant, j'étais satisfaite d'avoir vécu une remise de carnet de notes sans encombre, autant les constantes menaces pour cette fin d'année me refaisaient avoir des idées noires, ou rouges si l'on fait référence aux images qui me trottaient dans la tête.
Je savais à quoi m'en tenir, et je craignais que Maman cherche vite un motif pour illustrer ses menaces... Et je n'étais pas rassurée car dans ce genre de configuration, c'était souvent l'ainée qui servait d'exemple...
Mon intuition n'était pas totalement erronée. Maman avait visiblement l'intention de mettre son discours en pratique, et je fis tout ce qu'il fallait, durant la soirée de dimanche, pour ne m'attirer aucune remarque... C'est en fait sur Aline que tomba la foudre.
Ayant échappé à ce qu'elle craignait, vendredi soir, en ramenant son carnet, elle s'était sentie plus libre, bâclant un tant soit peu ses devoirs, "oubliant" même d'en faire un, ce que Maman découvrit après le dîner, alors les petites étaient à la salle de bains.
Aline plaida "l'oubli", voire "l'étourderie", mais Maman lui expliqua qu'elle allait lui "mettre du plomb" dans la tête, à sa manière...



Elle envoya Aline faire ce devoir manquant sur la table du salon, afin de ne pas être dérangée par Diane et moi qui étions dans nos chambres respectives. "Appelle-moi quand tu auras fini", avait-elle ordonné à Aline. Maman contrôla aussi nos affaires, sortit nos habits pour le lendemain, et remit de l'ordre dans la salle de bains, jusqu'à ce que la voix d'Aline retentisse : "Maman, j'ai fini, euh, tu viens ?"
Aline avait compris les intentions maternelles et préférait attendre Maman en bas, plutôt que de monter à l'étage où étaient ses soeurs... J'aurais certainement fait pareil...
Maman descendit donc, et on l'entendit commenter le devoir "oublié", que cette fois Aline s'était évidemment efforcé de faire au mieux.
Curieuse, je m'avançai vers le couloir pour tendre l'oreille. Je découvris Diane qui était déjà en position, accroupie sur la première marche du haut de l'escalier, aux aguets. Je comprenais que soeurette connaissait bien cet endroit, et devait s'y positionner en d'autres circonstances, surtout quand c'était moi qui avais des ennuis...
Diane me fit : "Chut !", en mettant l'index sur sa bouche. Je m'approchai d'elle à pas de loup, alors que le ton montait apparemment entre Aline et Maman. Diane me murmura dans l'oreille : "Je suis sûre que Maman va lui flanquer une bonne fessée".
Je le pensais aussi, mais répondis : "Oh, peut-être pas quand même ?", ce à quoi Diane rétorqua avec aplomb : "Je te dis que si, moi. Tu vas voir. Je sais bien quand Maman a décidé de donner la fessée...  Je devine toujours. Je me trompe jamais..."



 Diane était aux aguets et avait deviné ce qui allait arriver.
Pour une fois que je partageais son espionnage,
je repensais à toutes les fois où elle devait le faire
quand j'étais sur les genoux maternels...

Rien que pour donner tort à Diane, j'aurais souhaité qu'Aline y échappe, car je comprenais bien que son sens de l'observation de la détermination maternelle s'était bien souvent exercé à mon encontre. Et qu'elle avait sûrement pronostiqué devant Aline que leur grande soeur allait retrouver les genoux maternels. J'imaginais que bien des fois, depuis ce perchoir, ou depuis leur chambre, l'oreille collée contre la cloison, Diane avait dû jubiler en entendant les premières claques, comme si à chacune de mes fessées, elle "gagnait" un pari.
Du bas, on entendit Aline psalmodier : "Oh, non, Maman, non..." mais la voix de Maman ôta le moindre doute quant à la suite de l'opération : "Oh, si, Aline, tu vas l'avoir ta fessée... Tu y as déjà échappé de justesse, vendredi soir, pour ton carnet plus que moyen... Et, au lieu de te remettre à travailler, tu bâcles tes devoirs et fais semblant d'oublier un exercice. Je vais t'apprendre moi à te moquer du monde. Allez, viens ici..."
Aux bruits qui montaient du salon, Maman avait dû empoigner Aline, et l'attirer vers elle qui sanglotait des "Non, non, oh nooon". Un "Lâche ça" nous fit comprendre qu'il y avait de la déculottée dans l'air, puis les bruits des premières claques nous confirmèrent que ce n'était pas une paume contre un fond de jupe, mais bien la main maternelle contre une lune toute dégagée qui s'activait, faisant sortir des cris d'Aline.
Diane avait les yeux pétillants que je détestais en d'autres circonstances... "Tu vois, j'avais raison. Maman lui donne une bonne fessée, na !", commenta-t-elle à mi-voix.


Maman faisait payer à Aline ses devoirs prétendument "oubliés",
mais au passage aussi son carnet très moyen...
Comme si elle voulait se rattraper d'avoir été trop indulgente...
Les fesses d'Aline en étaient servies doublement... 

La fessée en question ne comptait pas pour du beurre. Aline en prenait pour son grade de presque grande, ou du moins de grande parmi les petites. Sans atteindre, du moins de mon point de vue (qui ne peut être objectif), le degré de celles que je recevais, Aline payait son "oubli" simulé au prix fort. Je pense que Maman lui en rajoutait une couche pour son carnet, s'en voulant peut-être d'avoir été trop "gentille" vendredi, et se disant sûrement que si Aline avait été déculottée pour son carnet, elle n'aurait pas cherché d'histoires en prenant à la légère mes premiers devoirs du surlendemain...
La fessée s'achevant, Diane et moi repartîmes dans nos chambres, où Maman supervisa le coucher des deux petites d'abord, avec un instant de consolation auprès d'Aline, qu'elle rassura d'un gros câlin, après lui avoir à deux reprises mouché le nez. 
J'eus droit, moi aussi, ensuite, à un sermon moralisateur rappelant l'enjeu de ce dernier mois de classe. "Tu as bien compris, Christine. C'est particulièrement vrai pour toi. Pas question que tu passes en quatrième de justesse. Il faut confirmer et finir en beauté..."
J'avais bien sûr acquiescé, approuvé, renchéri avec des promesses de bonnes notes, Maman me coupant : "Tout cela, c'est du bla-bla. Je veux des résultats. Tu n'as pas le choix, Christine... Je viens de le montrer à Aline... Des devoirs bâclés, c'est comme des mauvaises notes ou des heures de colle, c'est la fessée, et il n'y aura pas à discuter. Et je ne rigole pas, ta soeur vient d'en avoir la preuve, alors même que le dernier mois ne débute que demain". 
Je répétai à Maman que j'avais compris, que je savais ce qu'il me restait à faire, que je ne la décevrais pas.
Elle en resta là heureusement, m'embrassant tendrement, avant de me faire une bise sur le front. Elle n'en rajouta pas moins : "Allez, dors bien ma grande. Demain, il y a cours et c'est le dernier mois qui commence. A toi de bien travailler et de me ramener des bonnes notes, sinon tu sais ce qui t'attend... Tu as les cartes en main, ma fille. Sinon, gare à tes fesses quand ce sera ton tour, Christine"...


"Gare à tes fesses quand ce sera ton tour"...
Alors que le dernier mois n'était pas encore commencé,
déjà Aline avait eu droit à une déculottée en règle.
Et Maman, en employant le futur au lieu du conditionnel,
semblait déjà sûre que mon tour viendrait...
De quoi cauchemarder en m'imaginant 
culotte baissée sur les genoux maternels
pour une fessée magistrale.... 


Je me tournai et me retournai pour trouver le sommeil. Ce retour de carnets sans fessée vendredi soir, voyait le week-end s'achever par la déculottée d'Aline. Et les promesses maternelles étaient bien prononcées au futur et non au conditionnel ("quand ce sera ton tour"). Je pouvais même imaginer que Diane avait capté la conversation et allait guetter le moment où elle "devinerait" que cela allait être "mon tour".
"Mon tour," je n'en voulais pas, tout en ayant une partie de moi me disant que, déterminée comme elle l'était, Maman ne manquerait pas de mettre ses promesses à exécution, et que les probabilités étaient fortes que "la prochaine" soit pour moi...
Et tout cela arrivait à un moment où Maman se confiait volontiers au voisinage, et aussi... à la mère de Babette... De quoi quand même faire des cauchemars éveillés...


A SUIVRE

6 commentaires:

  1. Bonjour Christine.

    Ravi de vous retrouver après ces deux ou trois années d'absence.

    Pour Babette, je crois qu'il y a deux hypothèses :

    - soit Mme Vitez ne franchira pas le pas et n'appliquera pas à sa fille les mêmes méthodes que Mme Spaak : dans ce cas, Christine, vous avez peut-être du souci à vous faire si Mme Vitez raconte à Babette les méthodes de votre maman sans les appliquer elle-même ; Babette, puisque vous ne vous aimez pas trop, risque de tout raconter ;
    - en revanche, si Mme Vitez décide de se calquer sur les méthodes éducatives de Mme Spaak, là, vous ne risquez rien, Babette ne racontera rien sur les malheurs de Christine, craignant elle-même d'être démasquée.

    Amicalement, à bientôt.
    Fesseusement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  2. La pauvre Christine en veut à Diane d'avoir les yeux pétillants à l'écoute de la punition d'Aline... Mais elle reste elle aussi là à écouter jusqu'au bout... Si elle n'éprouvait un certain plaisir à l'écoute de la fessée de sa soeur, elle aurait pu rester dans sa chambre...
    Elle n'est pas si innocente qu'elle veut nous le laisser croire... à mon avis ...

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  3. Belle ouverture sur une typique scène familiale : celle d’une visite dominicale à grand-maman, qui pour l’occasion se fend d’un petit billet pour Christine (on croirait entendre le couinement d’ouverture de la boîte à biscuit dans laquelle mamie range ses économies) rigoureusement contrôlé par sa maman, qui ne tient pas à ce que l’aïeule n’exagère les mérites de sa petite-fille et ne la gâte trop. Madame Spaak d’ailleurs, ne se prive pas de jouer sur la polysémie du terme « étincelle » en rappelant qu’elle saurait parfaitement en cas de besoin les faire crépiter sur la lune de son aînée (plus tard, vous recourrez à l’expression « tomber la foudre », conférant décidément à la fessée une dimension électrique). Vous-même biaisez l’expression « idées noires », les faisant apparaître en rouge au vu du contexte. (En comptabilité d’ailleurs, ne cherche-t-on pas les chiffres noirs plutôt que les chiffres rouges ? Passons.)
    Mais ce dimanche soir, ce sera la cadette qui aura droit au traitement maternel. Sentant la menace, elle préfère rester au salon, où sa mère l’a envoyée pour exécuter ce devoir « oublié », plutôt que de monter à l’étage et risquer de se voir punie devant ses sœurs. (Ce que Christine comprend parfaitement, à la différence qu’à la dernière occurrence, elle aurait incliné à rester dans sa chambre plutôt que de rejoindre son « public » au salon.)
    Curieuse, aussi curieuse finalement que ses petites sœurs, et ne témoignant pas en la circonstance d’un détachement qui lui eût conféré une forme de maturité (allez vous étonner qu’elle reçoive encore des fessées), Christine sort sur le palier pour épier la correction du haut de l’escalier. Surprise, elle y tombe sur Diane, elle aussi aux aguets. Dans une configuration inédite, l’aînée et la benjamine, complices en l’occasion, vont donc scruter le châtiment de la cadette.
    L’une et l’autre éprouvent la même acuité sensitive qu’implique une expérience certaine en la matière (expérience plutôt vécue en tant qu’actrice pour Christine, et en tant que spectatrice pour Diane, ce qui pour autant, comme j’y viendrai, ne la place pas nécessairement en position de néophyte). Ainsi, l’ordre maternel « Lâche ça » (on peut supposer qu’il s’agit de la jupe ou de la culotte qu’Aline essaie désespérément de maintenir), ainsi que le bruit particulier des claques, leur confirme qu’il s’agit bien d’une sérieuse déculottée. (Christine de son côté peut jauger d’une intensité dévolue à une « presque grande », même si elle reconnaît manquer d’objectivité dans ce genre d’évaluation, dans laquelle elle maximise sans doute son propre dû.)
    Ce que je note, c’est l’extrême discernement dont fait preuve Diane, surpassant même celui de Christine. J’ai déjà glosé sur votre inductive lucidité quand il s’agit d’appréhender vos propres fessées (vous êtes par exemple en mesure d’en prédire l’intensité rien que par la façon par laquelle votre mère vous déculotte). Mais la puînée, qui dans ce schéma s’est le plus souvent retrouvée en position d’observatrice, peut déterminer, avec une prescience pointue d’anthropologue lisant comme à livre ouvert les jalons maternels, le « point limite » au-delà duquel la fessée – de n’importe laquelle des deux sœurs, et non seulement d’elle-même – aura lieu. « Je devine toujours. » s’en targue-t-elle face à Christine, qui suppose ainsi qu’en bien des circonstances, Diane a su prédire, et plus précisément que la concernée elle-même, si son aînée allait – ou non – recevoir une fessée. Aussi, le sermon de votre mère terminant le chapitre, qui sans nul doute parvient à ses oreilles, lui servira d’indice, de repère, de signe, pour déterminer, sur des bases bien objectives, le prochain passage de Christine sur les genoux maternels, aussi sûrement que la météo annonce le prochain orage.
    Mais après cette parenthèse du week-end, voilà que vous reprenez le chemin de l’école, pour affronter certes le dernier mois, mais aussi votre camarade Babette, dont la réaction à votre égard constitue une redoutable inconnue.

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  4. En attendant le réveil de Dominique, muet sur les trois derniers épisodes, je constate un regain de contributeurs qui restent plutôt bien dans le ton.
    Et puis surtout Mardohl est excellent comme toujours et prend le relais que souvent Dominique avait pris quand Mardohl à son tour était aux abonnés absents ou du moins en pointillé.
    Pour répondre à certaines remarques, non, je ne prenais pas "plaisir " à entendre la fessée d'Aline. Je la plaignais sincèrement, ce qui n'aurait pas été forcément le cas si cela avait été Diane. Disons que, sans jubiler, et surtout lorsque j'avais moi-même des griefs contre l'une ou l'autre, je considérais leur punition comme retour des choses, comme un rééquilibrage même si ma "part" était souvent la plus importante de par ce mélange de statut d'ainée et la propension maternelle à faire de mes fessées des exemples.
    De plus dans le cas qui nous intéresse si je guettais ce qui se passait en bas, c'etait pour me rendre compte de la détermination maternelle... Elle insistait tellement sur l'importance de ce dernier mois, en accompagnant ses avertissements de menaces claires que j'étais curieuse de constater si effectivement cette première occasion de sévir allait être plus marquante que d'habitude. Et c'est ce que j'ai ressenti, Aline semblant particulièrement soignée même si heureusement je jugeais cela de loin, n'étant pas cette fois celle que Maman venait de déculotter...

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  5. Je ne sais pas comme dit Mardohl si Diane a plus de discernement que moi sur ce qui peut m'attendre ou m'arriver. J'avais sûrement sur le plan de l'intuition, sur celui du déroulement des choses, sur leur timing, plus d'éléments et évidemment plus d'expérience réelle que ma petite sœur.
    Ce qui me gênait le plus c'est qu'elle exprime ses intuitions ses certitudes alors que moi je n'avais aucune envie de les dire. Mettre des mots et des paroles sur mes peurs et mes certitudes (car souvent j'étais sûre de ce qui allait arriver) c'était déjà entrer dans le rôle qui m'attendait... Je préférais garder cela pour moi, et j'avais l'impression que la scène commençait dès que l'annonce ou la prédiction était faite...
    En cela, les affirmations de Diane se targuant de toujours savoir ne pouvaient que me faire mal.
    Pour prendre un exemple que mes archivistes fidèles illustreront peut-être, je me vois rentrer un jour où doit arriver un avis de colle, penaude, traînant les pieds, puis tentant de faire comme si de rien n'était en arrivant...
    Maman est sortie faire une course ou aller à un rendez-vous. Je prends ça pour un sursis, une chance, mais c'est Diane ou Aline qui me font la commission : "Maman était en colère. Elle a eu une lettre du collège et elle a dit que tu devais rester à la maison et préparer tes fesses..."
    De fait, il n'y avait rien d'étonnant dans ce message maternel. J'aurais presque pu, en voyant l'enveloppe du collège sur la table d'entrée, prendre de court mes sœurs et dire : "ah, mon avis de colle est arrivé, je vais encore prendre une fessée maison ce soir" !
    Mais, au contraire, c'était le fait qu'une de mes sœurs en fasse l'annonce qui me hérissait le poil. Je niais au contraire l'évidence arguant que Maman me pardonnerait, ce qui ne manquait pas de donner l'occasion à Diane de jouer Madame je sais tout en pronostiquant que j'aurais même droit à une déculottée...
    Et ce qui me mettait en rogne intérieurement c'était que je savais bien qu'elle avait raison et que, que ce soit de visu, ou en écoutant derrière la cloison de ma chambre, ou en tendant l'oreille depuis le couloir ou le haut de l'escalier, au moment où Maman allait régler ses comptes, Diane serait aux aguets de tous ces bruits hélas familiers qui démontreraient qu'elle avait raison, et que Grande sœur offrait sa lune largement déculottée à la juste colère maternelle...

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  6. Chère Christine,
    Avant que le fil de vos (més)aventures ne se poursuive, permettez-moi de m’arrêter un instant sur une question plus générale, touchant à la situation temporelle de vos péripéties.
    Sur ce point en effet, et tout comme pour la situation spatiale, vous vous montrez bien avare en détails. En comparaison, je me souviens, par exemple, du film « Diabolo menthe », qui, tout comme votre « Chronique d’un redoublement », étalait son intrigue d’un bout à l’autre d’une unique année scolaire. Dans un extrait, l’héroïne, Anne, apprend à la radio l’assassinat de Kennedy, indiquant donc qu’il s’agissait de l’année 1963/1964. Je me rappelle également une nouvelle de Modiano, dans laquelle le narrateur lie un épisode de sa jeunesse au décès de Marylin Monroe, annoncé par les journaux, ce qui permet de situer en 1962 l’événement dont il est question.
    Rien de tel dans vos histoires, du moins, rien d’aussi explicite, et pour dater, même approximativement, vos années de préadolescence, le lecteur doit se contenter d’indices fort menus.
    Ainsi, vos régulières absences nous apprennent que vous travaillez encore à l’heure actuelle. En admettant que vous n’avez pas atteint l’âge de la retraite (ce qui ne peut non plus être posé comme certitude, car certaines personnes, en tant qu’indépendantes, travaillent bien au-delà de l’âge requis), votre date de naissance serait postérieure à 1953, ce qui situerait vos récits au plus tôt dans la deuxième moitié des années 1960.
    D’autre part, vous indiquez dans un épisode que le magnétoscope n’était pas encore inventé, ou du moins, pas encore popularisé, ce qui nous ramène globalement avant les années 1980.
    1965 – 1980, il nous faut chercher dans cet éventail. Je dois vous avouer d’ailleurs que, sans pouvoir exactement expliquer sur quels critères je me base, il se dégage de vos récits comme un « charme giscardien », qui les disposerait plutôt aux années 1970.
    Je pointe une autre péripétie historiquement signifiante : vous relatez dans un épisode avoir visionné au cinéma « un film sur l’Egypte avec Cléopâtre », recommandé par votre professeur d’histoire. Je pense immanquablement au film « Cléopâtre » de Mankiewicz, mais là mon raisonnement coince, car ce film date de 1963. Autrement dit, un peu en deçà de la période cernée. (D’ailleurs, au vu de la réputation sulfureuse ayant accompagné cette réalisation, je doute que votre professeur d’histoire vous l’ait vraiment conseillée.)
    Il s’agirait donc d’un autre film sur Cléopâtre. Evidemment, j’écarte le dessin animé « Astérix et Cléopâtre » (1968) de même que « Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ » (1982). Une recherche Internet m’a permis de cerner, candidat plus sérieux tant par la temporalité que par le sérieux du traitement, un « Antoine et Cléoâtre » (1972) de et avec Charlton Heston, inspiré de la pièce éponyme de Shakespeare.
    Remarquez, peut-être que je me perds sur une base fallacieuse, car il est avéré que parfois vous télescopez, transposez, inversez certains souvenirs, et pour le coup il n’est pas certain non plus que ce soir-là, vous ayez réellement vu un film sur Cléopâtre, mais peut-être un autre film historique.
    Enfin Christine, j’espère que vous ne me taxerez pas d’inélégance pour spéculer ainsi sur votre âge. Je voulais simplement témoigner de l’intérêt que je porte à vos écrits, et vous relater les chemins interprétatifs un peu tortueux que je me plais parfois à emprunter sur leurs bases.
    Dans l’attente de votre prochain épisode, recevez mes salutations les plus amicales.

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