jeudi 10 février 2011

Ces moments où le coeur bat fort : la tuile en maths (SUITE 2) !

SUITE 2

 Je suis remontée dans ma chambre, catastrophée, avec une angoisse qui me prenait à la gorge.
 J'avais bien entendu le dialogue entre Maman et Tata. Malgré les tentatives de ma tante, Maman était restée ferme et la fessée qu'elle m'avait promise lorsque je quittais la pièce était devenue au cours de l'échange avec Tata, une "tannée" et même "une déculottée méritée".
Pas de quoi m'étonner peut-être, tant je savais que ce faux-pas provoquerait la colère maternelle, mais il y a un monde entre ce que l'on imagine dans sa tête et l'entendre dire de la bouche de sa mère. C'était comme si cela prenait corps, comme si déjà je n'avais plus qu'à préparer mes fesses...
J'ai tourné et retourné tout cela dans ma tête sans réussir à lire la moindre ligne de mes cahiers que j'avais ouverts. L'angoisse de la suite obnubilait mon esprit...

La honte au diner



Quand nous sommes passées à table, Tata était encore là, puisqu'elle devait faire de la couture ensemble dans la soirée et essayer une robe que Maman lui avait confectionnée.
La conversation durant le diner fut assez enjouée, Tata interrogeant mes soeurs sur leur journée, et leur demandant si elles avaient des résultats. Aline se vanta d'un 12 en dictée. Maman remarqua que cela voulait dire qu'elle avait fait au moins deux fautes, mais c'était bien de la part de ma soeurette...
Inévitablement, Maman glissa que hélas on ne pouvait pas en dire autant de mes résultats. Je tentai de la faire changer de conversation, mais elle se fit un devoir de préciser que j'avais récolté un zéro en maths, que c'était vraiment inadmissible...
Le silence se fit autour de la table, je piquai du nez dans mon assiette, croisant les doigts pour que les confidences s'arrêtent là, mais Maman après une longue respiration ajouta : "En tout cas, Christine sera punie en conséquence... Une bonne fessée la fera peut-être réfléchir et mieux travailler..."
Je ne desserrai plus les machoires de tout le repas, et n'avais qu'une hâte, c'était de pouvoir sortir de table...
Maman ayant à continuer ses travaux de couture avec Tata, elle envoya les petites au lit, et me demanda de débarrasser la table.







Je m'exécutai en veillant de laisser la table bien propre, et la vaisselle bien rangée. Je m'appliquais, alors qu'Aline, une fois en pyjama, redescendit sous prétexte de boire un verre d'eau. Elle me regardait avec un sourire qui en disait long. Je connaissais ce regard moqueur et il me ramenait à ma condition de punie en sursis...
C'était sans parole, ni même petit geste pour une fois, mais nous nous comprenions pleinement...



Je ne savais pas quoi faire et je montai dans ma chambre, où j'attendis assise sur mon lit, prostrée, sans rien faire, ni même me mettre en pyjama.
Maman n'entendant plus de bruit dans la cuisine, vint au bout d'un moment vérifier que j'avais bien tout rangé.
Puis, elle se plaça au bas de l'escalier et m'appela : "Christine, où es-tu ? Je ne t'ai pas demandé de monter. Viens ici, tu as laissé ton carnet de correspondance et ton cartable dans l'entrée. Et il faut que je le signe en plus..."
Cet appel changeait de ce que j'avais imaginé, en attendant Maman dans ma chambre. J'obtempérai avec une inquiétude grandissante, descendant lentement les escaliers pour retrouver Maman au salon, où Tata, assise sur le canapé, recousait des boutons.
 
En me voyant arriver pas rassurée du tout, et toujours habillée comme au retour de l'école, Maman demanda : "Mais, qu'est-ce que je vois ? Tu n'es même pas en pyjama ?"
Je répondis : "Bah, tu ne me l'avais pas demandé..."
Elle haussa le ton : "Ne fais pas l'idiote, Christine, ce n'est pas le moment. Depuis quand faut-il que je précise qu'on fait sa toilette et se met en pyjama après le diner, quand il y a école le lendemain ? Je me demande bien ce que tu faisais dans ta chambre..."
Je balbutiai : "Bah, euh, je, euh, je t'attendais, M'man... Enfin, euh, je croyais que, euh, tu, euh, allais venir..."
Maman comprenait mon trouble et ce que je voulais dire et cela lui provoqua un demi-sourire amusé : "Ah, c'est vrai, que nous avons un petit compte à régler et que tu ne l'as pas oublié, ma chérie... C'est bien, tu attendais sagement que Maman vienne gronder sa fifille, que je monte te donner la bonne fessée que tu attends... Ne t'inquiète pas, je ne l'ai pas oublié moi non plus... Tu as bien raison de préparer tes fesses..."

A SUIVRE


4 commentaires:

  1. Bonjour Christine,alors ,une fessee de plus,et bien meritee celle la aussi!
    Et ce sera devant tata ?Ou alors madame Spaak va demander a cette chère tata d'officier sur la lune de sa chère petite niéce?Ce serait plus humiliant,mais surement moins cuisant?
    Je me souviens que ma mère avait donne l'autorisation a sa soeur de me fesser si cela etait necessaire,et ma tata ne se privait pas de le faire ,si besoin bien sur;en fait cela nous avait encore plus rapprochees elle et moi,car elle me consolait si bien apres ses claquees,me faisant dire que c'etait merité et que j'allais devenir plus sage apres.
    merci pour vos souvenirs
    Martine

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  2. Dans son ultime réplique, Madame Spaak use tout de même d'un ton un peu déplacé. Elle semble s'ingénier à infantiliser sa fille, comme si elle voulait asseoir son autorité sous les yeux de sa petite sœur, comme si elle voulait lui exprimer, avec une obséquieuse suffisance : "Vois comme je mène bien ma barque."
    J'ai ressenti dans ces propos comme une jubilation malsaine, comme si la mère de Christine trouvait amusante l'idée de fesser sa fille, comme si elle n'attendait qu'un prétexte pour se défouler sur le postérieur de son aînée tout en se moquant d'elle.
    J'aurais préféré qu'elle montre plus de sérieux dans son discours autoritaire et ferme, qu'elle rappelle à la (future) témoin comme à la (future) pénitente qu'elle ne punit pas par plaisir, mais par nécessité, que la fessée représente pour elle un mal nécessaire auquel elle ne souscrit que par devoir (et par amour).
    D'autant que Christine ne s'est pas (encore) montrée insolente, que troublée à l'extrême elle ne s'est pas mise en pyjama, ne sachant ce qu'exigeait exactement sa mère, et qu'elle s'est vue bien assez mortifiée par l'attitude, la posture, le regard et le sourire d'Aline. Inutile d'en rajouter une couche, notre héroïne se trouve bien assez malheureuse ainsi.

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  3. Je ne vais pas défendre ma chère mère, mais les critiques de Mardohl sont un peu excessives. Qu'elle cherche à m'infantiliser n'est pas une surprise. Le discours a souvent été : puisque tu te conduis comme une gamine, je suis obligée de te punir comme telle.
    Je n'imagine pas pour autant de "jubilation malsaine" dans son sourire en coin, ni dans sa réflexion. C'est mon attitude, gauche, visiblement apeurée, jouant les innocentes, expliquant qu'elle n'est pas en pyjama parce que Maman ne l'a pas demandé, qui ne peut que provoquer les réactions presque amusées de Maman. Elle et sa soeur échangent des regards complices qui veulent dire : notre Christine est dans ses petits souliers, regarde comme la promesse d'être punie la transforme en vrai faux petit ange...
    Et puis, je balbutie, je n'arrive pas à faire une phrase claire pour dire que j'attendais Maman, ni surtout pour mettre des mots sur ce pourquoi je savais qu'elle allait venir...
    Je suis là devant elles, je semble marcher sur des oeufs, je me tortille en bégayant à moitié. Maman le sent parfaitement et elle met des mots sur mon malaise, sur mon non-dit : "Oui, Christine, j'ai compris, tu attendais sagement que je vienne te donner la fessée promise et méritée. Ne t'inquiète pas, je n'ai pas oublié. Maman n'oublie jamais. Elle arrive..."

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  4. J'adore votre site. J'y retrouve parfaitement mon vécu de jeune fille.
    Merci.
    Laura Roder

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