jeudi 21 octobre 2010

Mes ruses de Sioux : la malade imaginaire (8)

SUITE 7
Anne cherchait à provoquer ma confidence


"Christine, ma pauvre Christine, alors tu me fais des cachoteries ?" Dès mon arrivée dans la cour du collège, Anne, ma copine et voisine est venue pour me parler. On s'est assises sur un banc à l'écart des autres élèves. Je savais bien quel était le sujet de son questionnement, mais j'ai d'abord cherché à jouer l'innocente.
"Tu aurais pu me dire que ta Maman s'était vraiment fâchée. Elle a dit à ma mère que tu avais pris une bonne volée. C'est pas drôle, dis donc. Tu as eu mal, dis ?", me demandait Anne d'un ton volontairement doux pour provoquer ma confidence.
J'étais piégée et je ne pouvais plus nier, sachant qu'Anne venait souvent à la maison et qu'elle aurait loisir de chercher à savoir la vérité auprès de Maman qui ne s'en cachait pas.
Je ne pouvais qu'avouer, mais en présentant cela à ma façon : "Bah, tu sais, elle était vraiment furax de s'être faite berner. Alors elle m'a fait passer un sale quart d'heure, c'est sûr. Un truc dont on se se vante pas, tu comprends. J'ai pas envie d'en parler".
Anne revint à la charge en se voulant compatissante : " Ma pauvre, c'est sûr que c'est pas drôle. Elle a dit une bonne volée, elle t'a vraiment battue alors, dis ?"
Je mis un bémol pour sauver la face, tout en étant mal à l'aise et en bégayant : "Battue, enfin, euh, juste à la main, euh. J'ai reçu, euh, enfin, elle, euh, m'a donné, euh, la, euh, la fessée".
 J'avais murmuré la fin de la phrase quasiment à son oreille.
"Cà, c'est pas cool, dis donc, mais elle devait vraiment être fâchée pour te punir encore comme une gamine", commenta Anne, en cherchant à savoir davantage sur le lieu et les circonstances, mais la sonnerie me sauva. Il était l'heure de rentrer en classe. Je cherchai quand même à minimiser l'événement en ajoutant : "Oui, elle était vraiment en colère, parce que cela faisait longtemps que je n'en avais pas reçue..."
C'était évidemment un pieux mensonge... Mais une façon de ne pas perdre trop la face...
Corinne riait en confiant mes mésaventures à sa voisine...


Anne n'insista pas, mais plus tard, dans la classe, je remarquai les regards moqueurs de Corinne. Elle me faisait des signes quand elle croisait mon regard. Je faisais semblant de ne pas comprendre. A l'intercours, elle me glissa à mi-voix : "Tu sais, Diane en a raconté de bien bonnes à Charline... Il parait que tu as du mal à t'asseoir..."
L'arrivée de la prof du cours suivant me fit me retenir de lui crêper le chignon, mais en réfléchissant, je compris que je n'avais pas intérêt à la provoquer. Sinon, ma mésaventure circulerait encore plus vite.
Je décidai de faire celle qui n'entendait pas et d'éviter Corine tant que je pouvais. Mais, en la voyant multiplier les confidences, les messes basses avec ses voisines de classe, je me doutais bien que c'était de moi que l'on riait. Diane avait tout cafté : l'engueulade maternelle, la déculottée devant mes deux petites soeurs et jusqu'à la couleur rouge écarlate de mes fesses à l'issue de la tannée magistrale...
 
J'en aurais pleuré de honte


J'ai tout fait pour ne pas répondre aux provocations de ma camarade de classe, mais Anne me confirma le soir même en rentrant vers la maison que les racontars allaient bon train à mon encontre. Elle avait eu les détails qui lui manquaient sans même à avoir à les demander.
Je n'eus pas la force de lui faire croire que ce n'était pas vrai. Et quand elle a compris que je ne niais pas que c'était hélas la stricte vérité, Anne n'en a pas rajouté dans le questionnement, heureusement.
En rentrant, je savais que je n'aurais pas l'autorisation d'aller jouer dehors, ni chez Anne, et en fin de compte cela m'arrangeait presque. Je n'avais plus envie de voir personne. J'avais envie d'être seule, d'oublier les moqueries et les regards amusés, sinon j'en aurais pleuré de honte.
J'ai donc vite regagné ma chambre et plongé dans mes révisions. Au moins, cela m'empêchait-il de penser à ce qui m'était arrivé... Même si la perspective du futur contrôle ne me réjouissait pas pour autant... Les menaces maternelles tournant toujours dans ma tête...

A SUIVRE

5 commentaires:

  1. Moi je dis : une fessée pour Diane ! C'est pas beau de rapporter et de se réjouir de la fessée des autres. Après tout, vous avez bien été punie une fois pour avoir espionner la fessée de l'une de vos soeurs.

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  2. Je suis d'accord, Manon. Diane en aurait bien mérité une... Mais, il aurait fallu que Maman ait la preuve de ces confidences de ma soeur, donc qu'elle interroge les copines de Diane, que j'explique ce que les miennes avaient dit, bref que l'on reparle en famille et devant témoins de ce qui m'était arrivé. Avec de nouveaux moments de honte pour moi et aussi le fait que Maman n'aurait pu que confirmer que ces confidences de ma soeur n'étaient que la pure vérité...

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  3. "J'ai tout fait pour ne pas répondre aux provocations de ma camarade de classe."

    A détailler :

    - Dis donc Christine, il paraît que tu t'es fait baisser la culotte devant tes petites sœurs ?
    - Tu reçois encore des fessées à ton âge ? Ben dis donc la honte !
    - Et même que t'as eu le derrière bien rouge ? J'aurais bien voulu voir ça.
    - Ah ça les garçons ils vont bien rigoler quand je vais leur raconter.
    - Alors on n'a pas été sage et on a reçu la visite du Père Fouettard ?
    - Si je t'en mettais une, tu crois que tu deviendrais plus cool ?
    - Moi ma mère elle me fait ça je lui arrache la tête. Elle ose plus depuis que j'ai 12 ans.
    - Je pensais pas que c'était possible à notre époque. Ma pauvre je voudrais pas être à ta place.

    Et ainsi de suite. On peut aussi esquisser le dialogue entre Anne et Christine :

    - Dis c'est vrai ce que les copines racontent ?
    - Euh elles disent quoi ?
    - Que tu t'es fait baisser la culotte comme une vraie gamine ?
    - Euh, ben euh oui qu'est-ce que tu veux, maman était vraiment en colère.
    - Elle te baisse encore souvent la culotte ?
    - En fait non mais là c'était vraiment exceptionnel.
    - Dire que t'as l'âge des strings.
    - Oui mais maman me l'interdit.
    - En plus t'as dû avoir la grosse honte, devant tes petites sœurs !
    - Mais euh elles aussi elles reçoivent des fessées devant moi des fois.
    - Putain ça a pas dû être facile, déjà qu'aux vestiaires tu oses pas te montrer.
    - Ecoute c'est en famille.
    - Il paraît que tu chialais.
    - Oui ça fait mal. Mais... on pourrait parler d'autre chose maintenant ?

    Et caetera.

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  4. Belle imagination Mardohl, mais il y a quand même un gros problème d'époque. J'étais au collège il y a trente ans, et les strings n'existaient pas, et jamais une gamine n'aurait parlé d'arracher la tête de sa mère.

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  5. En effet Christine, pardonnez l'anachronisme.
    Au collège il y a trente ans, ça nous ramène au tout début des années 80...
    Je me souviens d'une scène du film générationnel "Diabolo menthe" dans lequel l'héroïne, Anne Weber, apprend l'assassinat de Kennedy.
    Dans le même ordre d'idée, l'un de vos récits pourrait par exemple faire allusion à l'élection de Mitterand ou à la guerre des Malouines.

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