vendredi 15 octobre 2010

Mes ruses de Sioux : la malade imaginaire (7)

SUITE 6
Les quelques claques reçues sans sommation à la suite de mon premier signe de mauvaise humeur m'avaient calmée. Vexée par la fessée reçue le midi devant mes soeurs, je n'avais pas encore bien compris que mes ennuis ne s'arrêtaient pas là... J'aurais voulu reprendre un cours normal, jouer, oublier tout cela, mais Maman en avait décidé autrement. Sa menace de me priver de sortie et de télé de toute la semaine n'était pas une plaisanterie, je venais de m'en apercevoir en tentant de passer outre.
Je me suis donc mise à travailler et Maman est revenue à de meilleures sentiments.

 Maman m'en voulait encore et ses menaces étaient claires...


Un peu plus tard, elle est revenue dans ma chambre, a vérifié que j'avais bien fait les exercices de maths. J'aimais cette matière et j'avais fait en sorte que le résultat soit bon.
"J'espère que tu as compris, Christine, et que cela va durer...", me dit Maman en s'asseyant sur mon lit pour me parler. Elle était redevenue très calme, mais pas moins déterminée.
"Oui, Maman, oui, je te promets", répondis-je presque agacée de ce nouveau sermon moralisateur maternel.
Maman insista et me remit en face de mes responsabilités : "Tu sais, Christine, ce que tu as fait ce matin est très grave. C'est inadmissible et je ne te laisserai pas filer sur une mauvaise pente en te moquant du monde de la sorte. Tu as reçu la fessée que tu méritais, mais n'imagine pas que tu es sortie d'affaire, ma fille... Je ne veux rien avoir à te dire de toute la semaine. Je te rappelle que tu es privée de télé et de sortie, et si tu n'obéis pas, tu as vu ce qui a failli t'arriver tout à l'heure... Je ne plaisante pas, Christine..."
J'ai tenté de l'amadouer : "Oui, Maman, oui, j'obéirai, tu vois, j'ai bien fait mes devoirs déjà ce soir... Je continuerai, promis"
Elle embraya sur le ton déterminé qui ne la quittait pas : "Ca, Christine, je demande à voir. Je te connais trop. C'est la déculottée de ce midi, qui fait encore de l'effet, mais j'espère pour toi que tu retiendras la leçon. D'ailleurs, tu vas avoir une occasion de prouver tes bonnes intentions. Si j'ai bien compris, le contrôle d'anglais auquel tu voulais échapper est remis à vendredi. Cela te laisse deux jours pour le préparer. Privée de télé et de sortie, tu n'as que cela à faire. Je viendrai même t'aider à réviser. Mais tu as intérêt à le réussir cette fois... Il n'y aura plus de malade imaginaire, ni de grosse cachoterie qui tienne. Je suis prévenue, tu l'es aussi. Christine, regarde moi bien en face... Ce contrôle, tu ne peux pas te permettre de le louper... Je veux que tu aies la moyenne, sinon ça ira mal. Tu vois, je ne demande pas l'impossible, je sais tes difficultés avec ta prof, c'est vrai que je préférerais que tu ramènes un 12 qu'un 10, mais je te préviens, Christine. Il n'y aura pas de discussion. Si tu reviens avec une note en dessous de la moyenne, tu pourras préparer tes fesses, ma fille, c'est bien compris... Je ne le redirai pas..."

Il me restait deux jours pour préparer le contrôle d'anglais...

J'avais bien compris, c'était plus que clair. Moi qui avais manoeuvré pour éviter le contrôle et la probable mauvaise note d'une matière mal appris, je venais de recevoir une fessée magistrale pour ma fausse comédie et je risquais d'en prendre une autre en cas d'échec...
Dans le genre motivation pour travailler, il n'y avait pas mieux. Je savais que Maman ne plaisantait pas et je me suis plongée dans mes cahiers et manuels d'anglais comme jamais. Avec des moments d'espoir et d'autres où je me rendais compte de mon retard et où j'en avais comme les larmes aux yeux en imaginant un nouveau rendez-vous avec les genoux maternels.
Pendant que je travaillais, d'autres détails m'inquiétaient. Mes soeurs étaient rentrées du jardin et jouaient dans leur chambre avec une petite voisine du quartier. C'était Charline, une camarade de classe de Diane, mais aussi la soeur de Corinne, une des filles de ma classe que je n'aimais guère.
Maman avait prévenu les filles quand elles étaient remontées qu'elles ne devaient pas me déranger parce que j'étais "punie dans ma chambre". J'ai entendu les petites s'enfermer dans la leur avec leur copine et commencer à pouffer. Je ne comprenais pas ce qui se disait derrière la cloison, mais je devinais que c'était Diane qui parlait le plus... Un mauvais pressentiment me tenaillait quant à la teneur des discussions, et à leur possible répercussion auprès de la grande soeur...
Plus tard dans la soirée, la mère d'Anne avait téléphoné pour savoir si Maman pouvait la remplacer pour une permanence d'une heure à la bibliothèque associative le surlendemain. J'avais guetté la conversation et compris que Maman revenait sur mes exploits. Elle commenta : "Oui, vous vous rendez compte, j'ai failli tomber dans le panneau. J'aurais eu bonne mine de faire déplacer le médecin pour rien". Elle confia aussi : "J'étais vraiment en colère et je crois que Christine n'oubliera pas de sitôt la fessée qu'elle a reçue..."
Depuis le haut de l'escalier où je guettais les paroles maternelles, je bouillais. La maman d'Anne savait que la mienne m'avait donné "la fessée". Je me consolais en me disant qu'elle n'avait pas dit "déculottée", que je pourrais toujours, au cas où, Anne le saurait, minimiser l'affaire. Mais, je me doutais que j'allais devoir affronter demain à de nouvelles questions d'Anne ou pire encore les regards amusés ou moqueurs de Corinne...

A SUIVRE 

4 commentaires:

  1. Vous savez de mieux en mieux distiller l'attente. Ce récit de suspens "en série" est vraiment très bon. Je ne sais pas si vos prochains récits iront plutot dans ce sens (je me souviens de vos premier, que j'aime aussi beaucoup bien sur, mais qui étaient légèrement différent dans la construction, plus courts, plus suggestifs que descriptifs), mais en tous cas j'aime beaucoup ces "épisodes".

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  2. Vous continuez à faire monter la sauce. Corinne et Anne ne vont plus tarder à être informées de la punition subie par leur camarade, et ne manqueront pas d'en répandre la nouvelle dans toute la classe. Pauvre Christine qui verra sous les quolibets ses joues rougir comme ont préalablement rougi ses fesses.
    Au passage, vous nous détaillez encore un peu le profil de Madame Spaak, afin que l'on n'oublie pas que derrière la "fesseuse" se cache une personne à part entière. Vous évoquez sa fonction à la bibliothèque associative. Apparemment, votre mère doit accorder beaucoup d'importance à la vie sociale, et s'investir dynamiquement dans les différentes activités liées au quartier.

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  3. Bjr Christine. Ah ! ces rapporteurs et rapporteuses !

    Il m'était arrivé un jour un peu la même aventure, mais dans l'autre sens. Ma maîtresse de CE2 m'avait grondé, pour je ne sais plus quelle bêtise, dans la cour de récréation. J'étais avec deux ou trois copains de classe, et, voulant frimer un peu devant eux, je tirai la langue à la maîtresse dès qu'elle eut le dos tourné. Manque de pôt, l'intuition sans doute, elle se retourna. "Ah ! Tu veux te faire remarquer,dit-elle. Eh bien, tu vas voir, toute la cour va te remarquer !" Elle eut vite fait de tout dégraffer (bretelles, boutons, braguette), puis baissa mon pantalon et mon slip devant toute l'école. Nous étions face à face au milieu de la cour, elle me mit face à elle et me plaqua la tête contre son ventre. Elle se pencha, et je reçus ma magistrale fessée devant tout le monde. Je pleurais à la fois de douleur et de honte. Quand la cuisante fessée fut enfin terminée, je vis que j'avais comme des projecteurs autour de moi : je veux dire que les yeux de tous les élèves, de toutes les classes, étaient braqués sur moi. Et garçons et filles, car notre école était devenue mixte depuis la rentrée. Je connaissais d'ailleurs, depuis l'année précédente, la réputation de Mlle P..., qui exerçait alors chez les filles, et que ma cousine avait eue.

    Le soir, mon frère, qui était en CP, avait été lui aussi témoin de la scène, il n'a rien trouvé de mieux que de le dire à maman, qui est donc allée trouver la maîtresse le lendemain pour en savoir un peu plus. Ce qui, le soir, m'a valu d'être à nouveau déculotté, y compris le slip, et de me prendre une deuxième fessée pour la même bêtise. Je crois que celle de maman était encore plus longue et encore plus piquante que celle de Mlle P... Maman avait tout de même traité mon frère de rapporteur, qu'il n'aurait sûrement pas été content après son grand frère dans la situation inverse.

    Mais ma cousine Annie, qui justement avait eu Mlle P... l'année précédente, avait elle aussi vu son cousin déculotté devant tous les garçons et toutes les filles. Ce qui, quelques jours plus tard, me valut d'entendre de la bouche de sa maman, ma tata Marie-Jeanne : "Alors mon petit Louis, on n'est pas sage à l'école, et la maîtresse donne la fessée déculottée devant toute la cour !" Je ne savais plus où me mettre !

    A bientôt, Christine, merci encore pour tous vos récits, continuez.
    Amicalement, fesseusement vôtre.

    Louis3901
    gallie050753@yahoo.fr

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  4. Moi aussi j'ai été fessé devant toute l'école !
    j'avais joué sous les fenêtres d'une vieille dame, et elle était sortie pour me dire de faire moins de bruit, parce qu'elle était "comme un bébé qui dort". J'ai recommencé à crier sous sa fenêtre "la grand-mère bébé-qui-dort ! la grand-mère bébé-qui-dort !"
    Elle a été se plaindre au directeur de l'école, et, le lendemain matin, après le coup de sifflet de rassemblement, elle est venue sur le perron avec les maîtres (c'était une école de garçons.)
    Le directeur m'a déculotté, et m'a donné une bonne fessée devant les 5 classes. J'étais en CM1, déjà grand pour recevoir la fessée devant les petits. Et mes copains on bien sûr été raconter à leurs soeurs que j'avais été déculotté. Ce n'est pas la seule fois de ma vie où ça m'est arrivé, mais, dans la cour, devant toute l'école, c'est un moment de honte que je n'ai jamais oublié.
    Amicalement, et merci à Christine et aux autres personnes qui se souviennent de leurs fessées

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