jeudi 7 août 2014

Chronique d'un redoublement : 75. Une fessée majuscule qui me remet à "ma" place...

SUITE 74

Et la fessée tomba. A coups de grandes claques bien ciblées, Maman se lançait assurément dans un récital qu'elle maitrisait parfaitement. Je tentai de retenir mes cris, de contenir mes pleurs, mais la claquée faisait son oeuvre, avec méthode et efficacité. J'aurais voulu protester, supplier, implorer le pardon maternel, mais je savais bien que cela aurait été vain, et n'aurait fait qu'accroitre la détermination maternelle.
Et puis, jouer l'innocente aurait été comme jouer la comédie, tellement j'avais conscience que, sans être devin, j'avais depuis des heures le pressentiment que la journée ne s'achèverait pas sans une étape sur les genoux maternels...
Cela me pendait au nez, ou plutôt au dessus des fesses, depuis que mes soeurs y étaient passées, comme si c'était mon tour. Et puis, j'avais surtout fait l'erreur de me montrer grognonne en public, devant Mamie, qui était pourtant souvent une avocate et non un procureur pour moi.

Si encore j'avais joué les filles modèles, ne disant rien, me montrant souriante et serviable, Maman aurait peut-être été confortée dans son rôle de mère efficace... J'aurais dû la laisser raconter les problèmes qu'elle avait avec ses filles et les inquiétudes quant au dernier trimestre, sans grogner. Mais, comme l'évocation de ce sujet me vexait encore, je l'avais montré, ce qui, dans l'esprit de Maman, signait le fait que son ainée n'avait pas suffisamment compris, qu'elle n'avait pas été assez calmée...




D'ailleurs, dans les petites phrases que Maman répétait entre chaque série de claques ou pour repartir de plus balle, il y avait des mots comme : "Quand je pense que, même chez Mamie, tu te montres impolie... Tiens, tiens, et tiens, je vais t'apprendre la politesse..."
Ou encore : "Si, au moins, tu t'étais bien tenue ce midi pour qu'on puisse passer un dimanche tranquille... On aurait dit que tu la cherchais cette fessée... Mais, avec Maman, la fessée, on la trouve... Tiens, tiens, tiens..."  

La porte était grande ouverte, et le son avait été baissé en bas, et je ne doutais pas que mes soeurs tendaient l'oreille pour ne rien perdre de cette fessée d'avant diner. Et, en pensant à cela, je commençais déjà à imaginer le regard des petites quand il faudrait bien que je les rejoigne pour le repas familial. J'aurais presque préféré être envoyée au lit sans souper...

J'essayais donc surtout de ne pas trop parler, ne pas trop crier, ne pas trop donner l'occasion à Maman de commenter son action, ou de repartir de plus belle, remotivée par mes réactions...

D'un autre côté, autant la première fessée qui avait mis fin à la trêve de deux mois, m'avait marquée, autant le fait que déjà, j'en avais reçu une autre plus "ordinaire", et le fait que cela faisait ainsi la troisième fois en deux semaines que je me retrouvais sur les genoux maternels, tout cela me rendait presque philosophe, et m'aidait à modérer mes réactions...

En revanche, si le fait de surjouer parfois entrainait des répliques beaucoup plus appuyées de Maman, le fait de retenir mes cris l'incitait aussi à forcer un peu la dose, se demandant si le traitement était suffisamment efficace et tenant à le vérifier par une série de claques encore plus fortes...
Comme si une "bonne" fessée se jugeait à l'épuisement de la punie...
De toute manière, la tannée avait déjà amplement rougi ma lune, et chaque claque devenait de plus en plus insupportable. Je ne pouvais plus retenir mes larmes, ni mes supplications faites à toute petite voix entre deux "aïe, ouille".




Maman semblait satisfaite et elle paracheva son oeuvre par un final dont elle avait le secret, commentée par un discours du genre : "Ah, j'espère que tu réfléchiras avant de te montrer à nouveau désagréable... Tu n'as eu que ce que tu méritais, Christine... Une bonne fessée, tu l'as cherchée, tu l'as eue... Et, tant que tu ne comprendras pas autrement, tu pourras préparer tes fesses, ma fille..."

J'étais en larmes, pleurant sans retenue, épuisée, pour ne pas dire calmée par une fessée qui avait été longue et appliquée, efficace comme Maman savait en donner à son ainée particulièrement.

Je tombai à genoux, enchevêtrée dans mes vêtements, ma jupe retombant, ma culotte encore à mes genoux, et le visage raviné de larmes, bref je n'avais pas fière allure, reniflant entre deux sanglots.
Maman s'était relevée et allait quitter ma chambre, non sans m'ordonner de me relever : "Ne reste donc pas affalée par terre. Tu es ridicule, ma fille. Si tu te voyais... Rhabille toi, on va bientôt passer à table. Regarde comme ta jupe est toute chiffonnée".
C'est vrai que je devais ressembler à une marionnette désarticulée, n'ayant aucune envie de bouger, tant que je n'aurais pas évacué le plus gros de mes larmes.

Finalement, se ravisant, Maman me dit : "Mets-toi plutôt en pyjama, et passe un gant de toilette sur ta figure, tu auras meilleure allure. Au passage, pose ta jupe et ton chemisier dans le panier de linge sale."

Sur ce, Maman descendit retrouver mes soeurs et mettre la dernière main au diner.

Cinq minutes plus tard, elle cria : "A table !", et je me rendis compte que je n'avais pas bougé, demeurant prostrée, les fesses encore à l'air sous la jupe qui les cachait, broyant des idées noires, me remettant doucement de cette tannée qui était tout de même, dans son genre, un exercice très physique pour les deux protagonistes.

L'appel de Maman me sortit de ma torpeur. Je me rappelai qu'elle avait demandé que je me mette en pyjama, et je quittai à vitesse grand V mes vêtements, les mettant en boule dans le panier à linge sale. 
Je récupérai mon pyjama, enfilant le haut, puis me retrouvai près de la glace, la lune écarlate... Je n'avais pas eu loisir de la voir blanche avant la fessée, mais je sombrai à la tentation d'observer mes joues du bas "réchauffées" par la main de Maman.
Dix minutes s'étaient écoulées, et le rouge n'était plus vif comme sous la claquée. Toutefois la coloration était presque uniforme, comme la sensation de chaleur qui me parvenait. Assurément, Maman avait appliqué ses claques sur toute la surface de mes deux hémisphères : cela n'avait pas été la volée du siècle, mais une fessée grand format, un modèle du genre, bref la "bonne fessée" version Maman Spaak.

J'avais entendu les petites filer vers la cuisine pour se mettre à table, et j'étais encore à moitié nue. Constatant que je ne descendais pas dans l'instant, Maman se rapprocha du bas de l'escalier et lança : "Christine, je ne vais pas t'appeler trois fois. Ou tu descends maintenant, ou je monte te chercher, et ça va barder... Si la fessée que tu viens de recevoir ne te suffit pas, dis-le, et j'arrive..."

Affolée, je répondis : "Non, non, Maman, je descends vite..."

J'enfilai à la hâte le bas de mon pyjama, regardai un instant mon visage aux yeux rougis, passai le gant de toilette sur mes paupières et descendis. Je dévalai même les escaliers, arrivant dans la cuisine, haletante, en pyjama, les yeux encore rouges, faisant face à Maman et aux petites, toutes trois attablées encore en habits du dimanche.

Je me sentais toute bête, sous ces trois regards, débarquant en courant presque suite aux menaces maternelles.
Maman m'invita à m'asseoir, tout en commentant, ce que mes soeurs avaient bien compris, mais qui, avec des mots, est encore plus mortifiant : "Ah te voilà, Christine. Je vois que tu as couru pour ne pas fâcher Maman. C'est bien, ça ! Je vois que la fessée de Maman a fait son effet... Vous voyez, Aline et Diane, votre grande soeur est redevenue calme et ne grogne plus, à me faire honte comme chez Mamie, ce midi... Allez, Christine, ne reste donc pas plantée là. Assieds-toi à table".
J'eus un très gros sanglot qui me remonta dans la gorge et mes yeux s'embuèrent à nouveau, me sentant ridicule, honteuse.
Maman le remarqua : "Ne te remets donc pas à pleurer, Christine. C'est fini. Tu n'as eu que ce que tu méritais, voilà tout. Je t'avais assez prévenue... Mais, avec Mademoiselle, les mots ne suffisent pas... Il a encore fallu lui baisser sa culotte et lui flanquer une bonne fessée  pour qu'elle comprenne qu'on obéit et qu'on ne fait pas la tête... Sèche donc tes larmes, Christine. Et n'en rajoute pas... Ce n'est qu'une bonne fessée de plus, et il ne tient qu'à toi qu'il n'y en ait plus... Même si je me doute bien que ce n'est sûrement pas la dernière..."

Mes soeurettes buvaient du petit lait en entendant cette tirade maternelle. Elles jouèrent les filles modèles, profitant de cette scène où elles étaient endimanchées, à table, entourant leur ainée en pyjama, assise, chacun le devinait sur deux fesses encore chaudes de la claquée maternelle...

Je retrouvais dans le regard de mes soeurs cette espèce de moquerie si souvent ressentie, façon pour elle de se rassurer peut-être, de se dire que si elles avaient aussi droit aux fessées maternelles, la grande soeur y était soumise également, voire de façon plus marquante du fait de son âge notamment.

Moi qui avais, durant cette longue trêve de deux mois sans fessée, où mon statut de grande s'en était comme revalorisé, je me retrouvais au contraire comme dans les périodes les plus difficiles, un peu comme l'année précédente quand j'accumulais les heures de colle, les mensonges et les mauvaises notes. Cette troisième déculottée en deux semaines me remettait à "ma place", celle devenue habituelle de première dans la ligne de mire maternelle, à celle dont les fessées servaient d'exemple ou de menaces. D'ailleurs, Aline et Diane ayant un moment pouffé en me voyant le nez dans mon assiette, me trémousser un instant sur ma chaise, pour cause de picotements ressentis, Maman n'avait-ellepas grondé : "Arrêtez de rire, les filles, il n'y a rien de risible. Si vous voulez vous aussi comme Christine une bonne fessée déculottée, je n'hésiterai pas".
Aline et Diane étaient demeurées plus discrètes ensuite dans leurs moqueries, mais une fois encore, la menace maternelle n'avait fait que leur rappeler que Maman venait de baisser la culotte de leur ainée pour une fessée majuscule ! Leurs yeux pétillants montraient qu'elles mettaient des images sur les phrases maternelles, et j'avais l'impression, moi aussi, que ces mots de Maman me déculottaient devant elles.


A SUIVRE