SUITE 38
Je l'avais bien "cherchée" disait Maman en rougissant mes fesses. En tout cas, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi de ne pas avoir su être franche d'entrée, et ensuite d'avoir laissé passer les quelques opportunités de régler cela juste entre elle et moi.
Mais, rien ne dit d'ailleurs que, si j'avais avoué durant l'absence de mes soeurs, elle n'aurait pas attendu leur retour pour me corriger...
Et, qu'importe, puisque je ne pouvais plus rien y changer et que mon seul espoir était qu'elle en finisse enfin...
La position maternelle, en plein salon, face à mes soeurs, donnait à cette fessée un caractère exemplaire rare. Comme une véritable mise en scène pour bien marquer les esprits. Et malgré mes efforts pour rester stoïque, pour m'empêcher de guetter les réactions d'Aline et Diane, je ne pus résister, même si cela me serrait le coeur, à plusieurs reprises, de regarder ces spectatrices captivées, et dont les yeux semblaient enregistrer chaque instant de la scène, comme pour pouvoir la réciter ensuite...
Il faut dire que Maman donnait là la pleine et entière démonstration de sa maîtrise de la fessée. Son calme, sa détermination, avait permis que la simple déculottée attendue se transforme en tannée méthodique, en fessée majuscule...
Lors de ce que je pris un instant pour la fin de mes malheurs, je m'étais relâchée complètement, sanglotante et épuisée, m'attendant à ce qu'elle desserre son étreinte. A ce que je rejoigne le sol.
Mais, elle ne faisait que me rééquilibrer une nouvelle fois, une dernière fois, jaugeant de la cuisson de ma lune écarlate, avant de parachever son oeuvre par un feu d'artifice en forme de sprint final.
Sentant le "bouquet" arriver, j'avais tenté de me débattre, de ramener mes mains en protection dérisoire de la surface châtiée, et Maman avait paré la manoeuvre en bloquant mes deux avant-bras très fermement.
Cette petite ruade, alors que j'avais pris les dernières salves de claques presque sans réagir, vaincue et épuisée, cette contestation soudaine en quelque sorte, ne fit que redonner de l'énergie à Maman, qui me rappela tout en reprenant sa volée claquante que c'était elle qui décidait si c'était assez ou pas, et que je méritais bien encore et encore que se prolonge, que se conclut en apothéose sonore et brulante cette fessée d'anthologie...
Puis, enfin, la claquée prit fin, et Maman relâcha son étreinte, me laissant glisser à genoux par terre, encore piaillante et haletante, la dernière volée m'ayant tiré des cris que je n'avais pas retenus malgré la présence de mes soeurs.
Elle s'était relevée, et avait immédiatement remis la chaise en place contre la table de la salle à manger.
Un peu sonnée, je ne réagis qu'après quelques dizaines de secondes restées prostrée, la lune encore à l'air, ma main sentant la chaleur qui s'en dégageait...
Mes soeurs, bouche bée, regardaient la scène et l'on aurait entendu une mouche voler, alors que les murs venaient de résonner d'une fessée mémorable.
C'est Maman qui rompit le silence : "Allez, Christine, relève-toi et cache moi vite ces fesses. Je crois qu'elles sont assez rouges comme ça, mais si tu veux que je m'en occupe encore, dis-le..."
Maman avait un ton ironique, qui fit pouffer Aline et Diane, me faisant prendre conscience de ma position honteuse et désemparée.
Je me relevai et je remontai ma culotte, puis mon pantalon de pyjama dans la hâte sous trois paires d'yeux qui semblaient jauger de la cuisson de ma lune et que je sentais prêts à se moquer de la punie que j'étais...
"Ramasse ta barrette, et remets tes chaussons", (Ils étaient tombés par terre pendant que je gigotais sous la dextre maternelle) ajouta Maman avant de m'intimer l'ordre de monter dans ma chambre, alors que j'étais toujours en pleurs. "File en haut, et va pleurnicher sur ton lit si tu veux, mais je ne veux plus te voir de la soirée. Tes soeurs vont regarder leur film. Tu n'as qu'à lire ou réviser tes leçons. Je viendrai éteindre quand il sera l'heure".
Je n'ai pas protesté. Je me doutais bien que je serais privée de Walt Disney, mais je me voyais mal regardant un dessin animé à côté de mes soeurs, avec les fesses encore écarlates...
Ma chambre était un refuge que je regagnai avec la sensation de sortir d'un cauchemar. J'y montai en reniflant toujours, et j'en refermai la porte derrière moi, avant de m'écrouler à plat ventre sur mon lit, le visage dans l'oreiller.
Et, là, en serrant l'oreiller comme on serre une poupée, je me remis à pleurer sans pouvoir m'arrêter durant plusieurs minutes. Comme si j'expulsais ma peine, mon angoisse retenue, ma honte.
Je suffoquais, puis me calmais, puis cela repartait de plus belle, et je pleurais sans me retenir, en criant à moitié : "C'est pas juste, non, je veux pas la fessée, plus la fessée, j'en ai assez..."
Je venais de déguster une déculottée maison dans les pires conditions qui soient pour mon amour propre. J'en voulais à la terre entière ayant l'impression d'être la plus malheureuse du monde. J'en voulais à ma prof, à cette teigne de Mlle Paule, à qui je devais une fessée de plus. J'en voulais à Maman évidemment, d'avoir puni son ainée devant ses petites soeurs. J'en voulais à Aline et Diane de n'avoir pas détourné les yeux, ou au moins de ne pas avoir eu un regard compatissant ou peiné pour moi, au lieu d'avoir ri sous cape de façon si évidente.
Mais, c'est surtout à moi que j'en voulais, de m'être mise dans de tels draps. Je regrettais évidemment d'avoir chahuté dans le dos de ma prof. Mais, même avec les fesses tannées, je m'en voulais surtout de m'être faite prendre...
Une fois la colle décidée et annoncée par la prof, je n'avais évidemment plus qu'à préparer mes fesses. Mais, là encore, je m'en voulais d'avoir été aussi maladroite pour que la sanction tombe au mauvais moment.
Bien sûr, je m'en voulais d'avoir menti, mais plus encore de ne pas l'avoir fait comme il fallait, jusqu'au bon moment...
Sous le choc de cette fessée, je pensais surtout que c'était navrant de ne pas avoir pu gagner encore du temps, et qu'il aurait été peut-être plus facile de tout avouer demain au dernier moment.
Drôle de sensation d'injustice. Ce n'était pas tant d'avoir reçu la fessée, puisque je savais au fond de moi que je n'y échapperais pas... C'était de ne pas avoir pu mener le jeu à son terme moi-même...
Car, j'avais aussi quelque part bien conscience que rentrer vendredi soir en avouant que j'étais collée en anglais et que j'avais chahutée dans un cours où j'aurais dû plus que d'autres me tenir à carreau, vu les antécédents... m'aurait valu le soir même une fessée, dont rien ne dit qu'elle ne m'aurait pas été aussi donnée en présence des petites...
J'avais réussi à passer un week-end tranquille, jouant les filles modèles, profitant de mon statut de grande, qu'une fessée du vendredi m'aurait empêché d'endosser...
Finalement, au lieu de tenter d'aller au bout du pont de quatre jours, j'avais mal visé et reculé au dernier moment, provoquant une réaction maternelle encore plus forte...
J'en voulais donc d'abord à moi, il faut l'avouer, mais en pleurant à chaudes larmes et en sentant ressortir ma honte et ma douleur, j'en voulais bien sûr à Maman, à sa détermination pour me donner cette fessée que je n'étais pas près d'oublier....
A SUIVRE