SUITE 6
La double fessée reçue le soir de l'arrivée du bulletin officialisant mon redoublement n'a pas manqué d'être largement évoquée par Maman lors de ses conversations en famille ou dans le voisinage.
J'adoptais donc une attitude très humble et cherchais à éviter toutes les discussions. Je sentais bien, dès qu'il y avait une amie de passage ou que Maman rencontrait un proche que le sujet des résultats scolaires de la petite famille allait venir sur le tapis. Je faisais alors mon possible pour ne pas être juste devant ma chère mère. Même si, par curiosité bizarre, je tendais l'oreille pour savoir ce qui se disait vraiment...
Et je revois ainsi Maman expliquer mon année "catastrophique" et l'obligation pour moi de redoubler. C'était, je pense, comme une vexation pour elle, et Maman tenait à bien dire qu'elle avait pourtant fait "le nécessaire" durant l'année... Comme si elle voulait se justifier, et ne pas passer pour une de ses mamans trop laxistes dont les enfants étaient mal tenues.
Entre mères, surtout, le dialogue allait au concret des choses. Maman expliquait que j'avais pourtant reçu "de bonnes fessées" quand je les méritais. Et que, bien sûr, la décision du conseil de classe m'avait valu un retour tumultueux sur les genoux maternels...
Et la petite anecdote de la déculottée supplémentaire pour un mensonge éhonté revenait aussi comme pour bien illustrer cette justification maternelle...
Bref, ces derniers jours de classe étaient des plus pénibles et j'avais hâte que nous soyons en vacances, même si je savais qu'elles seraient marquées aussi par ce mauvais résultat et que j'aurais moins de liberté que si j'avais été bonne élève.
Les quelques rencontres en ville avec des mères de camarades de ma classe furent aussi des moments affreux pour mon amour propre. Et, celles de mes copines, qui pouvaient ignorer que Christine recevait encore la fessée, furent quasiment toutes renseignées... Vexée, rougissante, n'osant affronter les sourires en coin des mères et des filles, j'en arrivais à penser que c'était un bien que je ne sois plus, à la rentrée de septembre dans la même classe qu'elles...
L'avant-veille du dernier jour de classe fut marquée par l'arrivée des carnets de note de mes deux soeurs. Diane était radieuse et admise à passer "avec les encouragements" de son instituteur. Quant à Aline,qui avait craint jusqu'au bout, elle était admise, "de justesse", et à condition de faire des efforts pour se remettre à niveau.
Maman n'était pas surprise, elle, puisqu'elle avait été discuter du cas d'Aline à l'école et s'était engagée à ce que ma soeur travaille durant les vacances.
La perspective n'enthousiasmait pas ma soeur, mais elle avait l'habitude des cahiers de vacances depuis déjà deux ans.
Maman lui précisa qu'elle devrait faire une à deux heures de devoirs tous les jours, excepté le dimanche, et que les cahiers seraient montrés à la nouvelle institutrice à la rentrée, et donc qu'il y avait intérêt à ce que ce soit fait proprement et sérieusement.
Maman nous expliqua aussi que Diane aurait aussi quelques devoirs à faire, pour ne pas perdre son bon niveau. Et que, moi aussi, même et surtout si je redoublais, je ne m'en tirerais pas sans révision régulière. "J'ai récupéré tous tes devoirs de l'année", m'annonça Maman, "et nous les referons en veillant à ce que tu réussisses mieux".
Cela ne m'amusait pas, mais je savais bien que ces révisions seraient moins pénibles que ce qui allait être demandé à Aline.
Maman avait finalement signé le carnet de Diane, en la félicitant et lui promettant quelques récompenses durant ces vacances. Et elle avait mis son paraphe sur celui d'Aline, en la sermonnant sérieusement. Toutefois, elle s'en tirait sans autre dommage et j'en étais un peu jalouse. Il est vrai qu'elle passait en classe supérieure, et pas moi. Il y avait donc comme une logique que ce soit la redoublante qui ait reçu une fessée mémorable.
Pourtant, le même soir, Maman alla vérifier les cartables de mes soeurs, jetant un oeil sur un devoir de Diane, puis demandant à Aline de lui réciter la poésie qu'elle avait à apprendre.
Pas de chance pour soeurette qui avait fait l'impasse, et expliqua à Maman que les carnets étant rendus, l'instit n'allait sûrement pas interroger les élèves.
Maman haussa le ton : "Et si c'est marqué dans votre cahier de texte que la poésie est à apprendre, c'est pour faire beau, peut-être ? Déjà que tu passes de justesse, tu prends le risque de finir l'année sur une mauvaise impression... Mais, qu'est-ce que tu as dans la tête, Aline ? Cela ne va pas se passer comme ça..."
Aline était sans voix et ne réagit que lorsque Maman l'avait déjà attrapée par le bras, la tirant vers une chaise qu'elle avait retournée de la table de la salle à manger. Elle s'y est assise et a basculé ma soeur en travers de ses genoux. Jupe remontée dans le dos, et culotte prestement baissée, la suite ne tarda pas. Aline recevait devant nos yeux, à Diane et moi, une fessée en bonne et due forme, une tannée claquante et vive qui la fit hurler de suite. Mais Aline n'avait pas ma pudeur et forçait plutôt les cris qu'elle ne les retenait.
J'eus l'impression que la fessée n'était pas très longue, Maman ne faisant qu'une ou deux pauses rapides avant de reprendre la claquée. Elle ne parlait guère non plus, restant concentrée sur le rougissement de la lune de soeurette. Sûr que ce n'était pas la déculottée magistrale de la redoublante, ni même la deuxième tannée de Christine la menteuse. C'était quand même une fessée culotte baissée de ma soeur devant mes yeux, et j'ose avouer que cela ne me déplaisait pas, et me consolait un peu...
Assurément ces vacances ne s'annonçaient pas très gaies. Mais il n'y avait pas que pour moi...
A SUIVRE